Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente

Elle a les allures d’une maison de campagne d’où on ne serait pas étonné de voir sortir une famille bourgeoise d’un autre siècle. Pourtant, ce n’est pas en bordure du chemin du Roy que vous trouverez cette demeure, mais au cœur de Tétreaultville, un quartier de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve dans l’est de Montréal.

Il y a bien dans les alentours quelques autres maisons anciennes bien conservées, mais la plupart des bâtiments voisins sont des constructions plus récentes, ce qui distingue cette maison. On la remarque d’autant plus qu’elle trône au coin d’une rue qui borde le parc de la Promenade-Bellerive, un grand espace vert qui se déroule le long du fleuve Saint-Laurent. De la chambre à coucher principale, aménagée au deuxième étage, lorsque l’automne a eu raison de l’écran végétal, le fleuve se déploie, une vue dont profitent bien peu de Montréalais.

Petite, Élise St-André, la propriétaire actuelle, rêvait de cette maison. « Je voyais cette maison-là et pour moi, c’était un château. Jamais je n’aurais pensé qu’un jour j’y habiterais », se souvient celle qui résidait dans le quartier voisin. Sa grand-mère demeurait tout près de cette maison jusqu’à l’expropriation de sa résidence en 1965 pour un projet d’expansion du port de Montréal qui ne s’est jamais réalisé. « D’avoir cette maison-ci, en face de l’eau, pour moi, ça signifie beaucoup. J’ai eu le choix qu’elle n’a pas eu à l’époque. Ça l’avait beaucoup peinée. »

Sauvée in extremis

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

En 2013, Élise St-André a quitté Boucherville pour s’installer dans cette maison ancestrale de Tétreaultville.

Mais l’occasion a bien failli ne jamais se présenter à elle. Juste avant qu’elle achète la propriété en 2013, les voisins avaient réussi à bloquer, au moyen d’une pétition, sa vente à un promoteur immobilier qui projetait de la détruire pour y construire des condos. Il faut dire que le bâtiment n’était pas dans son état de préservation actuel. « Dans la cuisine, il y avait du prélart qui était craqué, se souvient la propriétaire. En renversant un pot d’eau, on s’est aperçu que ça coulait directement en dessous. On a refait et solidifié le plancher. »

Ce fut le début d’une série de rénovations : les salles de bains, la cuisine, la plomberie, l’électricité, du replâtrage, le remplacement de la chaudière au mazout (fournaise) par un système de chauffage au gaz. Toujours dans le respect du style original de la demeure. L’escalier en bois massif, les rosaces en plâtre, les radiateurs en fonte et les planchers ont été conservés.

Il y a eu beaucoup de travail, même si je n’ai habité que sept-huit ans ici.

Élise St-André, propriétaire

Pendant cette période, elle estime avoir investi près de 225 000 $ dans cette maison qui ne date pas d’hier et que cette amatrice d’art et d’antiquités a très justement meublée avec des articles chinés ici et là.

Luxuriante végétation

PHOTO FOURNIE PAR ÉLISE ST-ANDRÉ

Photo d’époque de la maison (non datée)

Selon l’Atelier d’histoire Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, elle a été érigée au début du XXsiècle par Gédéon Leroux, un retraité du commerce de la chaussure qui avait acheté cette parcelle de terre du premier ministre du Québec, Lomer Gouin, et de son associé, Honoré Mayrand.

À l’époque, c’était encore la campagne. Mais même encore aujourd’hui, malgré le développement des environs, il subsiste dans cette propriété un esprit champêtre. Sur le vaste terrain, la végétation abonde : lin, framboisiers, potager, pommier, nectarinier, pruniers, cerisiers, gadeliers, vignes, fleurs ornementales : presque tout a été planté par Élise St-André dans la philosophie de la permaculture. « J’ai planté beaucoup de choses pour avoir de moins en moins de gazon, et des fleurs pour attirer les abeilles. »

  • Le jardin, au printemps

    PHOTO FOURNIE PAR ÉLISE ST-ANDRÉ

    Le jardin, au printemps

  • Plusieurs espèces de plantes, dont des rosiers, égaient le terrain, de saison en saison.

    PHOTO FOURNIE PAR ÉLISE ST-ANDRÉ

    Plusieurs espèces de plantes, dont des rosiers, égaient le terrain, de saison en saison.

  • Les tiarelles en fleurs

    PHOTO FOURNIE PAR ÉLISE ST-ANDRÉ

    Les tiarelles en fleurs

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Le 355, avenue Lebrun a aussi attiré les équipes de tournage. Le film Le fils de Jean, de Philippe Lioret, sorti en 2016, y a été tourné, de même que des vidéoclips de Mara Tremblay et de Patrice Michaud.

Voyez le clip Si belle, de Mara Tremblay

« C’est crève-cœur de partir, confie Mme St-André. Je pensais mourir ici et laisser la maison à fiston. Mais il n’est pas intéressé. Et ma vie a changé. »

Elle espère maintenant que la maison attirera des amateurs de patrimoine qui seront habités du même désir qu’elle de préserver ce morceau d’histoire situé dans un quartier en transformation.

Consultez la fiche de la propriété

La propriété en bref

Prix demandé : 949 000 $
Année de construction estimée : 1925
Dimensions de la maison (irrégulières) : 9,33 m x 12,92 m (30,61 pi x 42,39 pi)
Superficie du terrain : 1180 m2 (12 701,41 pi2)
Évaluation municipale (2021) : 636 000 $
Impôt foncier (2021) : 5184 $
Taxe scolaire (2021) : 631 $

Description : Maison ancestrale lumineuse avec grande galerie couverte sur trois faces, située en face du parc de la Promenade-Bellerive. Elle compte 17 pièces, dont 5 chambres, 2 salles de bains et 1 salle d’eau, aménagées sur trois étages, incluant le grenier. Cuisine entièrement rénovée avec planchers chauffants, comptoir de quartz, grand îlot central et électroménagers encastrés. Le sous-sol en béton est partiellement terminé.

Courtiers : Équipe Tardif, Royal LePage Altitude