Après y avoir vécu très heureux auprès de leurs enfants respectifs, Jean Carrier et Josée Filion ont vendu leur grande maison de Boucherville pour vivre « comme un jeune couple » en plein centre-ville.

Quand ils ont fait connaissance, Jean Carrier et Josée Filion avaient déjà des enfants. En fait, ils se sont rencontrés grâce à leurs enfants. « Après s’être croisés dans un autobus en Guadeloupe, nos deux garçons et deux filles qui avaient de 4 à 9 ans ont passé toutes leurs vacances à jouer ensemble », se souvient Jean, un retraité de Postes Canada qui possède une entreprise de consultation en commerce électronique et logistique urbaine.

Les parents se sont revus pour échanger des photos du voyage… et « ça a cliqué ». Quelques mois plus tard, Jean a vendu sa maison de Laval pour rejoindre, avec son fils de 9 ans, Josée et ses enfants de 4, 5 et 7 ans à Boucherville, où le couple a acheté une maison assez grande pour accueillir tout ce beau monde… et leurs amis. « On a eu une belle vie à Boucherville. Jusqu’à ce que les enfants commencent à avoir d’autres projets », explique Jean.

Un à un, les grands enfants ont quitté la maison. À l’automne 2019, seul le plus jeune, à l’orée de la vingtaine, vivait encore avec les deux parents quand ceux-ci ont commencé à rêver de s’installer en ville, où Josée, gériatre au CHUM, travaille.

Quand on s’est connus, on avait déjà vécu notre vie de jeunes séparément. On a toujours été emballés d’aller à Montréal pour profiter des théâtres et des restos. Cette vie-là, on avait le goût de la vivre au quotidien, comme pour se refaire une jeunesse ensemble.

Jean Carrier, entrepreneur

Un coup de cœur

  • L’édifice Southam News, construit au début du XXe siècle, abritait les bureaux et l’imprimerie de cette ancienne entreprise de presse.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    L’édifice Southam News, construit au début du XXsiècle, abritait les bureaux et l’imprimerie de cette ancienne entreprise de presse.

  • Le coin cuisine, au fond, et une partie des fauteuils Mah Jong Roche-Bobois du salon, à l’avant. À droite, les fenêtres donnent sur la basilique Saint-Patrick.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Le coin cuisine, au fond, et une partie des fauteuils Mah Jong Roche-Bobois du salon, à l’avant. À droite, les fenêtres donnent sur la basilique Saint-Patrick.

  • Le couple aime le côté post-industriel du loft qu’il a acquis. C’est un bel écrin pour les nombreuses œuvres d’art et antiquités qu’il possède.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Le couple aime le côté post-industriel du loft qu’il a acquis. C’est un bel écrin pour les nombreuses œuvres d’art et antiquités qu’il possède.

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Après une quinzaine de visites, le couple tombe sous le charme d’un loft situé à quelques minutes de marche du CHUM, dans l’édifice Southam, rue De Bleury, qui abritait autrefois des bureaux et une imprimerie. L’unité en coin du sixième étage donne sur la basilique Saint-Patrick, dont on entend sonner les cloches, ainsi qu’un espace vert aux grands arbres. Elle compte deux chambres, même si le petit dernier a finalement décidé de s’installer avec l’une de ses sœurs, à Longueuil. « C’est exactement ce qu’on voulait : des plafonds très hauts, en ciment, comme le plancher, des murs en brique et beaucoup d’ouvertures sur l’extérieur. On a fait une offre le lendemain de notre visite, même si on n’avait pas encore mis notre maison en vente ! », confie Jean.

La prise de possession s’est faite fin mars 2020, au tout début de la pandémie. « On a signé les papiers avec la notaire dans notre auto, avec des masques, des gants et chacun son stylo », dit Jean.

Le couple n’a finalement emménagé qu’en juillet dernier, le temps de vendre sa propriété de banlieue et de donner de nombreux meubles – mais pas ses antiquités –, qui auraient été de trop dans 1700 pi2, un espace moitié moins grand. Entretemps, il a apprivoisé son nouveau lieu de vie au cours de visites fréquentes.

Avec la première vague qui a frappé les personnes âgées et mon département de plein fouet, ça me rassurait d’avoir ce pied-à-terre tout près du travail, où j’aurais pu dormir en cas de besoin.

Josée Filion, gériatre au CHUM

Le meilleur reste à venir

Même si leur rêve d’un quotidien parmi les festivals, les spectacles et les restaurants devra attendre encore un peu à cause de la pandémie, les deux amoureux se félicitent de leur décision. « Je vais maintenant reconduire et chercher Josée tous les jours au CHUM, par la rue De La Gauchetière qui est presque toute piétonne, se réjouit Jean. Ça nous donne du temps pour prendre l’air et parler de nos journées. C’est très différent du stress du pare-chocs à pare-chocs ! »

En fait, leur nouvelle demeure est proche de tout : les cinémas et les théâtres (qui viennent de rouvrir), les épiceries, les boutiques et les services. « J’ai pris ma voiture il y a deux semaines, et le voyant de la batterie s’est allumé. Je ne l’utilise pas assez ! », rigole Jean, qui ne s’ennuie pas non plus des centaines de sacs de feuilles qu’il ramassait de la mi-août au début novembre sur son terrain. « C’est beaucoup d’entretien, 150 feuillus. Je suis content de faire autre chose de mon temps. »

Tout n’est pas parfait en ville. Promener le labradoodle était plus agréable dans les rues et les parcs de Boucherville, mais le couple ne s’en plaint pas trop. Et le fleuve reste très près. « On est à 5-10 minutes du Vieux-Port », ajoute Jean.

Enfin, l’avenir dira si les réunions de famille seront aussi agréables dans la salle communautaire de l’immeuble qu’autour de la piscine de l’ancienne maison…

D’ici là, la ville devrait avoir retrouvé toute sa vitalité. « On a très, très hâte de profiter de la vie culturelle du centre-ville et d’aller voir des spectacles extérieurs du Festival de jazz, par exemple… conclut Jean. C’est vraiment excitant de savoir que tout ça, ça nous pend au bout du nez. On n’a pas mangé toute la pomme d’un coup, il nous en reste de beaux quartiers à déguster plus tard. Mais on aime déjà notre nouvelle vie. »