France Désaulniers est arrivée en ville le 20 février 2020. Elle rêvait d’apéros avec les voisins, de soirées au théâtre et de sorties au restaurant. Avec la pandémie et les mesures sanitaires, elle aura connu bien peu de tout ça. Qu’importe. Cette nouvelle urbaine ne regrette pas son choix.

« Je me suis sentie très confinée un grand bout de temps. Mais, en y pensant, j’aurais été autant confinée à Boucherville », remarque celle qui a habité cette ville de la banlieue sud de Montréal pendant 38 ans.

« Quand on pense à banlieue, on pense espaces verts, grand air, remarque-t-elle. Mais ici, j’ai le parc La Fontaine, le parc Laurier, le mont Royal tout près, et il y a plusieurs petits parcs partout. »

Née à Montréal, France Désaulniers y a habité pendant 22 ans avant de s’installer à Boucherville, après son mariage avec un homme de la banlieue.

Quelques années après le décès de son mari, la maison et son terrain étant devenus trop grands pour elle seule, elle a décidé de vendre et de retraverser le pont pour se rapprocher de sa fille et de ses petits-enfants. « Je voulais aussi abandonner l’auto. En banlieue, on est prisonnier de la voiture. » C’était également une façon de faire une coupure avec sa vie d’avant. « Être restée à Boucherville, il me semble que ç’aurait été de rester dans ma peine, dans mes souvenirs, et ce n’est pas ce que je voulais », affirme-t-elle.

L’an dernier, elle a donc emménagé au cœur du Plateau-Mont-Royal, dans un plex acquis par sa fille et son conjoint qui n’habitent pas très loin.

« Il y a tout à portée de marche et de transports en commun. Il y a plein de petits restaurants que j’ai hâte d’essayer. L’an dernier, il y en a un qui affichait des cours d’espagnol. C’était une dame qui voulait se faire des amis. On jasait avec elle. Je n’aurais pas vu ça en banlieue. Il aurait fallu que ce soit organisé et affiché dans les journaux ! Là, c’était juste une rencontre. Cette personne-là, c’est plus une amie qu’un professeur d’espagnol maintenant. »

Même si les grandes villes se voient souvent associées à l’individualisme, France Désaulniers estime qu’il est plus facile de s’y faire des amis.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

C’est moins spontané en banlieue. Il faut faire des activités organisées. Les voisins sont quand même loin, les contacts sont plus difficiles.

France Désaulniers

N’empêche, la distanciation physique s’étant rapidement invitée dans sa nouvelle vie, les rencontres n’ont pas été aussi nombreuses que souhaité. « C’est la chose que je regrette. Les voisins, chaque fois qu’on se voit, on se dit : on va le prendre, notre petit verre de vin blanc ensemble ! »

Une fois le confinement terminé, elle se promet aussi d’inviter ses amies restées sur la Rive-Sud. « J’ai une chambre d’amis. Tout le monde veut venir. On a des projets quand on va avoir notre deuxième dose de vaccin. On va sortir. On va faire le party ! Mais prudemment. »

« Je vais en convaincre beaucoup de s’en venir en ville, prédit-elle. Mais, le prix des loyers en décourage plusieurs. »