En d’autres temps, Justin Roy aurait peut-être planifié un voyage, comme le font la majorité des jeunes qui ont recours à la Fondation Make-A-Wish/Rêves d’enfants lorsqu’ils sont aux prises avec une grave maladie. Le printemps dernier, il a plutôt mis à profit les longues heures passées à l’hôpital pour concevoir un projet qui lui tenait déjà à cœur, avant que le cancer ne s’introduise dans sa vie. Puis une fois sur pied, pendant l’été, il a réalisé ce qu’il avait minutieusement planifié : un spacieux poulailler mobile, qui lui permettra d’héberger ses propres poules et d’en prendre d’autres en pension cet hiver. Sa famille mangera les œufs et il distribuera le surplus à son entourage.

L’adolescent de Saint-Georges, en Beauce, a eu 15 ans le 8 avril, au milieu de ses traitements de chimiothérapie. Il possède à la fois un flair entrepreneurial et un bon sens de l’humour. Devenu momentanément chauve, il a appelé sa petite entreprise Coco de rêve. Il avait aménagé un premier poulailler sur la ferme laitière familiale et avait constaté certaines lacunes, mais il n’avait pas les moyens d’y remédier. Il a fait contre mauvaise fortune bon cœur.

« J’ai visé la perfection avec ce poulailler de luxe, explique-t-il. Je voulais qu’il soit plus facile à nettoyer, pour que cela demeure un passe-temps et ne devienne pas une tâche. En ayant un poulailler mobile, l’enclos ne devient plus désuet. Les poules entrent à l’intérieur, je change le poulailler de place lorsque cela devient nécessaire et je n’ai qu’à réinstaller la clôture. »

Il a obtenu son diagnostic en mars, juste avant que son école (et toutes les autres de la province) ne ferme. Ce projet l’a beaucoup animé pendant ses traitements de chimiothérapie et de radiothérapie, confie-t-il. Ç’a été pour lui une grande source de motivation pour aller de l’avant.

J’ai imaginé les plans dans mon lit d’hôpital. J’ai fait la liste des matériaux, pour présenter un budget à la fondation. Mon père m’a donné des trucs. Je voulais que le poulailler soit divisé en deux, pour qu’un seul côté soit isolé. Les poules pondeuses iront dans la section isolée. L’été, je ferai l’élevage de poulets de l’autre côté. L’extérieur est en tôle, et les panneaux à l’intérieur sont de type Muralex, faciles à laver sous pression.

Justin Roy, propriétaire de l’entreprise Coco de rêve

Justin Roy, qui est en quatrième secondaire, considère une carrière en génie électrique. Il adore concevoir des choses et il participe chaque année au concours Expo-sciences. Il a imaginé son poulailler de A à Z.

PHOTO FOURNIE PAR LA FONDATION MAKE-A-WISH/RÊVES D’ENFANTS CANADA

Justin Roy était dans son lit, à l’hôpital, lorsqu’il a conçu les plans de son poulailler. Il a consacré beaucoup d’heures à son projet, essayant de penser à tout. Le temps a passé plus vite.

« Il y a même un petit côté écologique, précise-t-il. Un système de panneaux solaires a été installé sur le toit pour fournir le chauffage et l’éclairage et contrôler les trappes qui s’ouvrent et se referment à des heures précises pour le passage des poules. Il y avait beaucoup de détails à considérer. J’étais tellement occupé, le temps a passé vite ! »

Hors de l’ordinaire

Il arrive que des requêtes soient hors de l’ordinaire, indique Michelle Sylvestre, vice-présidente régionale, Québec, pour la fondation Make-A-Wish/Rêves d’enfants Canada, qui a exaucé 1600 vœux l’an dernier. Le désir de fabriquer un poulailler est une première. Groupe BMR, qui accorde annuellement un soutien financier à l’organisme, a de plus offert de l’équipement et une carte-cadeau, avec laquelle Justin se promet d’acheter des poules et de la moulée.

« Environ 75 % des vœux exprimés sous-entendent un voyage, révèle Mme Sylvestre. Les enfants atteints d’une maladie menaçant leur vie souhaitent souvent se rendre dans un pays exotique, aller à la plage ou à Walt Disney World. Plusieurs rêvent aussi de rencontrer une célébrité ou une vedette d’une équipe sportive, qui se trouve dans une autre ville. La pandémie nous force à revoir nos façons de faire, puisqu’il est impossible de voyager. Pendant l’été, nous avons installé des piscines, des spas, des pergolas fermées pour pouvoir jouer dehors. L’important est d’exaucer un vœu vraiment cher aux enfants. »

La fondation exauce les vœux grâce aux dons qu’elle reçoit. Sa contribution est inestimable, souligne Mme Sylvestre. « On apporte de la force et de la joie aux enfants, précise-t-elle. Pour les familles, aussi, c’est extraordinaire. Ce qui reste est positif, et tous vont s’en rappeler toute leur vie. Parce que la majorité des enfants survit. À travers leur vœu, les jeunes se réalisent et développent leur estime de soi. Leur rêve transforme souvent leur attitude face à leur traitement, face à la vie. »

J’aurais pu garder mon vœu pour faire un voyage plus tard, mais mon projet m’a permis de lier mes deux passions, l’aviculture et la science. Cela a changé ma vie.

Justin Roy

Il tient à remercier tous ceux qui l’ont soigné et aidé à traverser des mois difficiles. Sa mère, Carole Bouffard, toujours à ses côtés lors de ses traitements, sa sœur Océane, son père, Alain Roy, qui est devenu maître de chantier, son grand-oncle Germain Roy, qui a donné un solide coup de main, tout comme ses amis, qui sont venus l’aider pendant leurs temps libres, occupent une place spéciale dans son cœur. Quant aux poules, elles sont de plus en plus nombreuses à piailler dans le poulailler, à mesure que d’heureux propriétaires commencent à lui confier leur volaille pour l’hiver.

> Consultez le site de la fondation Make-a-Wish/Rêves d’enfants Canada