Gestion des volumes
Des zones mal exploitées, une circulation compliquée, une mauvaise distribution des pièces, une faible luminosité sont autant d’exemples qui donnent le sentiment de manquer de place. « Au cours des ans, les façons de vivre évoluent. Souvent le réflexe est d’agrandir pour combler les nouveaux besoins ou répondre à une nouvelle esthétique. Certains espaces existants perdent alors leur utilité, ce qui se traduit par des lieux sans âme qu’on ne désire plus habiter », constate l’architecte Renée d’Amours. Selon elle, la force de la rénovation sans agrandissement ne dépend pas du nombre de pieds carrés, mais de la bonne gestion des volumes. Il faut d’abord réfléchir à ses besoins, corriger les déficiences en ce qui concerne la lumière naturelle et la circulation et répartir les superficies en fonction de leur importance. « Le résultat se traduit par une maison bien équilibrée où tous les espaces servent et offrent un sentiment de bien-être. En plus, un espace plus concis nécessite moins d’entretien et est plus économique à chauffer », poursuit-elle.
Voir au-delà des modes
Cette notion de concision vient contredire les tendances actuelles, particulièrement en ce qui concerne les cuisines. « C’est une tendance lourde des jeunes générations ; les cuisines sont quatre fois plus grosses qu’il y a 30 ans et, au bout du compte, on devrait se demander si on a besoin d’autant de place et de choses, surtout qu’une petite cuisine, quand elle est bien pensée, est plus fonctionnelle qu’une grande », remarque l’architecte Nathalie Thibodeau, qui ajoute que l’on génère donc moins de déchets en vivant frugalement par rapport à nos biens et qu’un plus petit logement réduit l’impact écologique. « On tend à vouloir reproduire des espaces ou des façons de vivre qu’on connaît, sans se demander ce dont on a besoin. Or, il faut vraiment se questionner sur l’utilisation des lieux et faire passer la fonction avant l’esthétique », pense Renée d’Amours.
Désencombrer : une étape essentielle
Pour les deux architectes, le premier point consiste à faire du vide, parce qu’on accumule beaucoup de choses dont on ne se sert pas ; désencombrer libère de l’espace et rend ce dont on a besoin plus accessible. Nathalie Thibodeau invite aussi les gens à enlever les objets décoratifs exposés partout afin de ne pas heurter l’œil, puis à choisir des rangements fermés et discrets regroupés sur un seul mur : « Cela procure une ambiance fluide et zen et donne un sentiment de grandeur. » Elle suggère également d’opter pour des couleurs claires et de ne pas nécessairement placer les meubles contre les murs. « On peut les centrer dans la pièce en créant des zones de circulation autour. C’est aussi très important de privilégier du mobilier de petites dimensions pour équilibrer l’espace. »
Éclaircir pour agrandir
Un bon tri aide à y voir plus clair, mais il faut ensuite se questionner sur la nouvelle organisation de la maison d’un point de vue architectural. Par exemple : y a-t-il un moyen de faire entrer plus de lumière naturelle dans des pièces sombres ? Peut-on réduire la salle de bains pour faire une pièce-penderie (walk-in) ou un petit bureau ? Est-ce possible de fermer la terrasse attenante à la maison pour créer une pièce supplémentaire ?
Percer des ouvertures à l’intérieur, agrandir des fenêtres, créer une porte-fenêtre accédant au jardin ou encore ajouter un puits de lumière métamorphosent l’espace. Il semble ainsi plus vaste. Certes, faire entrer la lumière naturelle ne multiplie pas concrètement la surface habitable, mais on peut gagner de la clarté dans un coin peu attrayant et ainsi l’aménager pour le rendre utile.
Vivre avec son temps
« Le changement majeur actuellement est le télétravail et la période de confinement a impliqué de nouvelles façons de procéder. On peut créer une zone d’études partagée pour les enfants, plutôt que d’attribuer un bureau à chacun dans leur chambre », suggère Renée d’Amours. De la cuisine au salon, en passant par le bureau ou la salle de bains, le principe reste le même : miser sur des rangements pratiques et s’assurer qu’il n’y ait pas de conflit entre les activités. « Dans une petite pièce, il faut essayer de concevoir l’espace pour que plusieurs personnes s’y retrouvent et puissent y exécuter une tâche sans se gêner », note Mme d’Amours. On peut aussi imaginer des pièces polyvalentes : « Souvent, on récupère une chambre pour faire un bureau et on y met un canapé-lit pour les invités. On peut remplacer une partie de la penderie par des tablettes et y ranger les documents de travail afin de dégager la pièce de tout autre mobilier », précise Nathalie Thibodeau. Pour elle comme pour Renée d’Amours, chaque cas est différent et, finalement, le principe est de bonifier les habitudes de vie de chacun en veillant à l’utilité et à l’équilibre de tous les espaces.
> Consultez le site de Nathalie Thibodeau
> Consultez le site de Renée d’Amours