Reconnu pour ses constructions commerciales et institutionnelles — il a aussi participé à la création de la station de métro Monk —, l’architecte Marc Bélanger n’a conçu que de rares maisons au cours de sa carrière. On visite celle qui était la sienne, une résidence de style Mid-Century très bien préservée, nichée aux abords du lac des Deux Montagnes.

Située à un jet de pierre de l’ouest de l’île de Montréal, Vaudreuil-sur-le-Lac ne compte que 1369 habitants. C’est cette tranquillité, son caractère de lieu de villégiature et sa proximité de Montréal qui ont séduit Marc Bélanger et Lucie Brillon au milieu des années 70. Invités à faire de la voile sur le lac par un ami, ils ont été séduits par l’endroit.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

À l’arrière, la maison offre une vue splendide et toute bien calculée sur le lac.

« On était deux Montréalais, on s’est rencontrés à Paris par hasard, raconte Mme Brillon, dont le mari est mort en août dernier. Je ne savais pas que ça existait, ce petit coin-là. C’est un petit coin de paradis. » Voulant s’y établir, ils y ont acheté un terrain sur lequel se trouvait un chalet en très mauvais état. C’est ici, sur les rives du lac, qu’ils érigeraient leur nouvelle maison.

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La propriété possède une petite plage naturelle pour se tremper les pieds dans le lac des Deux-Montagnes.

À cette époque, le couple habitait à Boucherville, rue Joseph-Lassonde, dans une résidence inspirée de la maison « Châtelaine », un pavillon populaire d’Expo 67, que Marc Bélanger a construite à partir des plans de l’architecte Gustavo da Roza et qui, contrairement à l’originale, existe toujours aujourd’hui.

La vente rapide de leur propriété les ayant pris au dépourvu, ils n’ont eu que quelques mois pour construire leur nouvelle demeure, le vieux chalet ne pouvant loger pour l’hiver la famille avec deux enfants.

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Le rez-de-chaussée, aménagé en aire ouverte, accueille le salon, la cuisine et la salle à manger. Sur la vaste mezzanine, on retrouve, d’un côté, la suite principale et, de l’autre, les chambres des enfants.

Vue imprenable

Marc Bélanger a lui-même dessiné les plans de cette maison. « Tout l’été avant de construire, mon mari se promenait avec une échelle et grimpait dans les arbres pour voir quelle vue on allait avoir, se souvient Mme Brillon. C’est très peu ouvert en arrière, on voulait tout dégager du côté nord-ouest. »

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Un foyer et une grande cheminée recouverts de stucco, un matériau très populaire dans les années 60 et 70, trônent dans le salon. L’ouverture, à gauche, mène à la piscine intérieure.

La salle à manger, la cuisine d’été et la suite principale offrent une vue imprenable sur l’eau.

Il y a des couchers de soleil extraordinaires ! Ici, hiver comme été, tu ne vois pas grand monde parce qu’en face, c’est la plage d’Oka, le camping d’Oka et le village au bout. C’est sauvage, tout boisé.

Lucie Brillon

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La piscine intérieure a été ajoutée en 2007, une demande spéciale que Lucie Brillon, adepte d’aquaforme, a faite à son mari.

Amateurs de nautisme, les propriétaires ont possédé diverses embarcations au fil des ans, dont un voilier, qu’ils laissaient amarré devant leur résidence. La propriété profite d’un quai et d’une petite plage naturelle faisant écho au nom que la municipalité a porté jusqu’en 1960, Belle-Plage.

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On remarque, dans la cuisine et la salle à manger, l’effet enveloppant créé par le tapis qui court du plancher au plafond. Les armoires et l’îlot sont en érable, un matériau durable et intemporel.

Exclue de la zone d’intervention spéciale (ZIS), instituée par le gouvernement du Québec, la résidence n’a jamais été inondée. Elle repose tout de même sur une dalle de béton, donc ne compte pas de sous-sol. À l’extérieur, le bâtiment est recouvert d’acier intempérique, ou acier Corten, un matériau à corrosion superficielle qui, après quelques mois, s’oxyde pour prendre une couleur rouille. L’architecte avait utilisé le même matériau pour la construction du musée minéralogique de l’Abitibi-Témiscamingue à Malartic.

Original

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Le coin bureau, aménagé sur la mezzanine. À l’étage, les plafonds sont en acier blanc.

Hormis la piscine intérieure qui a été ajoutée en 2007, la maison a conservé son allure d’origine. Cela frappe d’autant plus à l’intérieur où le style de l’époque (tapis, stucco, mobilier) est encore bien présent. De couleur foncée à l’origine, le tapis a été remplacé par une teinte plus claire. Pour créer un effet de continuité, on le retrouve du plancher au plafond, un choix qui ne plaît pas à tous, convient Lucie Brillon, mais qui pourra être modifié par les futurs acheteurs.

De sa maison de Boucherville, le couple a importé l’idée d’une cuisine tout en érable et le concept de chambre à coucher en mezzanine qui peut être fermée par des portes acoustiques en accordéon. Tous les meubles ont été dessinés par Marc Bélanger et sont inclus dans la vente de la maison. « Il y a juste le piano qu’il n’a pas dessiné ! », lance en boutade Mme Brillon. Et il ne vient pas avec la maison.

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Du côté des enfants, aujourd’hui devenus grands, se trouve une grande pièce servant aux loisirs.

La propriété en bref

Prix demandé : 1 950 000 $

Année de construction : 1975

Superficie du bâtiment : 520,6 m2

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Une vue générale de l’intérieur de la maison, à partir de la mezzanine. Les pièces situées en haut peuvent être isolées du reste en fermant les portes-accordéon acoustiques.

Superficie du terrain : 6131,4 m2

Évaluation municipale (2020) : 911 100 $

Impôt foncier (2019) : 5559 $

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À l’instar des autres pièces de la maison, la chambre principale comporte aussi son mobilier intégré. L’architecte a poussé le concept jusqu’à intégrer des lavabos dans la tête de lit, donnant aussi au meuble une fonction de coiffeuse.

Taxe scolaire (2020) : 1874 $

Courtier : Martin Rouleau, Engel & Völkers Montréal

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