Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente.

Si l’habit ne fait pas le moine, la façade ne fait certainement pas la maison. Transformé d’abord pour accueillir une galerie d’art, l’intérieur de cette maison du quartier Saint-Henri à Montréal possède une âme que sa plus que modeste devanture ne laisse aucunement deviner.

Marie-Noël Gervais et son conjoint ont acquis, il y a 10 ans, cette maison appartenant à Philippe Allard, un artiste montréalais qui s’inspire du mouvement italien arte povera (art pauvre). Il avait converti et agrandi cet ancien duplex dans le but d’y établir une galerie d’art. Le projet ne verra finalement pas le jour, mais les traces du passage de l’artiste sont encore bien visibles dans la maison.

Fidèle à sa démarche, il a intégré des matériaux récupérés à plusieurs endroits de la maison : bois de démolition dans l’escalier, solives ajourées, plancher dont le bois provient d’une grange de la Montérégie. Il a aussi choisi d’exposer les poutres au plafond et le mur en pièce sur pièce séparant la bâtisse originale de l’agrandissement, mettant ainsi en valeur un bois brut qui ajoute beaucoup de chaleur à la maison.

Pour les propriétaires, le coup de cœur a été tel qu’ils ont même acquis l’une de ses œuvres, un gigantesque anneau de métal qui orne le mur de la cuisine (non inclus dans la vente de la propriété). Outre le recyclage des matériaux, Philippe Allard s’intéresse aussi dans ses œuvres au contraste entre le laid et le beau. D’où la façade.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Marie-Noël Gervais devant l’immense anneau de métal qui orne le mur de la cuisine, une œuvre de l’artiste montréalais Philippe Allard

Pendant très longtemps, la façade a été très, très laide. L’avant était très laid et l’arrière, très beau et moderne.

Marie-Noël Gervais

Les propriétaires y ont donné un peu d’amour depuis, en remplaçant la porte, les fenêtres et le garde-corps du balcon, sans plus. Néanmoins, pour les visiteurs qui ont la chance de voir l’intérieur, la surprise reste totale.

Les grands espaces ouverts et les hauts plafonds de 10 pi laissent à peine deviner la vocation à laquelle le bâtiment était d’abord destiné. Pour l’habiter, les propriétaires actuels ont dû y aménager une cuisine et une salle de bains. Ils ont aussi changé une partie du plancher, qui avait été voulu disparate d’une pièce à l’autre, et l’ont repeint en blanc il y a un an.

Au même moment, ils ont rénové la toiture et ont installé leurs pénates sur la mezzanine pour laisser le deuxième étage aux enfants. En retirant les deux autres toitures retrouvées sous celle qui était apparente, ils ont pu aménager une terrasse extérieure. « Ce qu’on trouve extraordinaire, c’est que, surtout en hiver, on voit [la silhouette des gratte-ciel] d’ici, souligne Marie-Noël Gervais. L’été, on voit juste du vert parce qu’il y a le parc en avant. »

Elle apprécie aussi l’aspect modulaire de la maison que permettent les aires ouvertes. Même les enfants, qui dorment dans la même pièce, en profitent en reconfigurant leur chambre chaque saison.

Après avoir habité dans plusieurs quartiers de Montréal, c’est un peu par hasard et beaucoup par coup de cœur pour cette propriété qu’ils sont arrivés à Saint-Henri, « un quartier qui a tellement changé dans les 10 dernières années », remarque Marie-Noël Gervais. Ayant tissé des liens d’amitié avec les voisins, ils ont même installé des portes communicantes entre leur cour arrière.

Souhaitant se rapprocher de l’école des enfants, c’est à contrecœur qu’ils entrevoient de quitter cette maison. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’ils la mettent en vente. « On est très attaché émotivement à la maison, dit Marie-Noël Gervais. Il y a eu des gens qui l’aimaient, pour sa modernité, mais qui ne sont pas fous du quartier. On veut que ce soit des gens qui connaissent et comprennent Saint-Henri. »

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La propriété en bref

Prix demandé

1 295 000 $

Année de construction

1885

Superficie du bâtiment

2144 pi2

Superficie du terrain

1963 pi2

Évaluation municipale (2020)

440 100 $

Impôt foncier (2019)

3136 $

Taxe scolaire (2020)

500 $

Courtières

Orly Benchetrit et Brigitte I. Burdman, Engel & Volkers, Montréal

Description

Maison unifamiliale sur deux niveaux et une mezzanine avec terrasse sur le toit. Grande aire ouverte au rez-de-chaussée avec porte-fenêtre donnant sur la cour privée de 1000 pi2, orientée vers le sud-ouest. Trois chambres, dont la suite des maîtres sur la mezzanine, deux salles de bains et une salle d’eau. Garage (rangement) partagé avec la propriété voisine.