Rester ou déménager ? Pour certains, la question ne se pose pas. On est bien, on reste. Au cours des prochaines semaines, nous allons à la rencontre de gens qui habitent la même maison depuis plus de 15 ans. Ils nous expliquent pourquoi ils sont bien chez eux.

Franca et Mario Calliari

Villeray

Habitent leur maison depuis 1971

Type de propriété : Unifamiliale, bâtie en 1951

Mario Calliari a établi sa famille en 1971 dans le quartier Villeray, initialement peuplé par les vétérans de la Seconde Guerre mondiale.

Arrivé à Montréal à l’aube des années 60 avec ses frères, il a tout d’abord vécu rue Parthenais, puis au croisement des rues Cartier et Jean-Talon, avant d’acheter la maison qu’il occupe encore aujourd’hui. « Le beau-frère de l’entrepreneur avec qui je travaillais à l’époque habitait dans cette maison. Ma femme et moi allions souvent chez lui, pour des fêtes, des soupers, pour des fins de semaine, etc. Nous y passions de très bons moments. Lorsqu’ils ont décidé de retourner en Italie, j’ai acheté la maison. On y était déjà comme chez nous ! »

Une maison à son goût

Au départ, si les maisons du quartier étaient toutes très similaires, avec les années, les gens ont personnalisé leur chez-soi. M. Calliari a travaillé fort de ses mains pour rénover et bien entretenir sa propriété. Le sous-sol a été totalement aménagé, il a refait le revêtement extérieur en brique, ajouté deux foyers, etc. « La galerie arrière et la cave à vin avaient été faites par mon ami. D’ailleurs, la cave à vin, je l’utilise encore. Je garde la tradition vivante », ajoute-t-il. C’est donc dans cette maison qu’ont grandi ses deux enfants, Monica et Marco Calliari, le sympathique chanteur bien connu des Québécois. D’ailleurs, ils y ont encore leur chambre respective.

L’amour, la fête, les souvenirs

En 48 ans, le couple n’a jamais envisagé de déménager : « C’est notre chez-nous et nous sommes bien ici ». Mario Calliari nous parle de son jardin, qui est juste assez grand pour la famille, où il fait pousser des tomates, de la salade et du persil. Il ajoute avec passion qu’en septembre, ses frères et lui fabriquent leur vin au sous-sol, avec des raisins de la Californie. Puis il calcule les nombreuses fêtes qui ont été célébrées sous son toit. « Depuis toujours, c’est la maison des rassemblements, c’est la maison de famille. On dirait que c’est naturel que ça se passe ici, pour moi, mes frères et toute la famille. Noël, ça fait plus de 40 ans qu’on fête ça ici. »

La maison est accueillante et chaleureuse, à l’image de la famille Calliari : « Nous avons beaucoup d’amis d’Italie qui viennent dormir ici lorsqu’ils sont à Montréal. Ce n’est pas un effort pour nous de recevoir les gens », confie Mario Calliari. Avant d’enchaîner avec émotion : « Mon grand-père disait toujours que s’il y en a pour cinq, il y a en a pour sept. On ne refuse jamais personne à table. Il est mort quand j’avais 8 ans, mais je me suis toujours rappelé cette phrase-là. » Et la générosité, c’est de famille : « La porte a toujours été ouverte et on est bien avec tout le monde », ajoute-t-il.

L’importance d’être propriétaire

Aimerait-il que la maison reste dans la famille ? « Marco a sa maison, Monica a sa maison, à Blainville. Mais oui, ça me ferait de la peine de la laisser. Je suis tellement fier de notre maison. » Il faut dire que le fait d’être propriétaire signifie beaucoup pour M. Calliari, mais aussi, à plus grande échelle, pour la communauté italienne : « Comme Italien, on aime avoir une maison. On est venus ici après la guerre. Il a fallu tout recommencer. Alors, la première chose que l’on avait dans l’idée, c’était d’acheter une maison même si ça demandait beaucoup de sacrifices », rappelle-t-il. Comme quoi devenir propriétaire permettait de prendre racine en cette terre d’accueil.

Au fil de sa carrière de maçon-briqueteur, Mario Calliari en a vu passer des maisons. « J’ai posé la pierre et la brique sur des maisons de plus d’un million de dollars. J’ai vu des gens habiter de très grandes propriétés sans chaleur. Notre maison, ce n’est certainement pas la plus grande, mais ça donne quoi d’avoir un château sans amour, sans amitié ? », demande-t-il.