On a payé cher pour un gros buffet antique il y a 30 ans, et on pense que ça vaut encore plus maintenant ? À moins d’une pièce exceptionnelle, on risque d’être déçu. « Il y a des acheteurs pour tout. Mais c’est sûr que les antiquités ont baissé », dit Éric Bordeleau, propriétaire franchisé de La Maison des encans, à Montréal.

Ce que constate souvent M. Bordeleau, c’est même que « plus c’est gros, moins ça vaut cher ». Parce que les appartements rapetissent, les temps changent, les modes évoluent. « Aujourd’hui, ce que le monde aime, dit-il, c’est le style scandinave, épuré, les meubles en teck, que les gens mettaient aux vidanges dans les années 70. Les jeunes aiment le mid-century. Ce qui a une grande valeur, c’est tout le mobilier signé par les Charles Eames, Philippe Starck, Le Corbusier… »

À l’inverse, les grosses tables en chêne des années 1900 se vendent à peine 150 $.

« Les gens d’Outremont se sont meublés en antiquités dans les années 80 et 90, et maintenant, ils s’en vont dans des petits condos, en résidence, ou ils décèdent. Les enfants n’en veulent pas, des meubles des parents, ils n’ont pas de place et ne sont pas intéressés par ça. »

Valeur et qualité

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Éric Bordeleau, propriétaire franchisé de la Maison des Encans, en train de faire une vente aux enchères dans son commerce du boulevard Saint-Laurent

M. Bordeleau s’occupe beaucoup de successions et de gens qui cassent maison. Il vend des meubles, des objets et des œuvres d’art. Il raconte qu’une grosse partie de son travail, chaque semaine, est d’expliquer aux gens que la valeur des meubles qu’ils veulent revendre n’a rien à voir avec la qualité de ce qu’ils ont acheté. Les gens sont attachés à leurs objets, mais les acheteurs ne paient pas pour le côté émotif, dit-il.

M. Bordeleau se considère comme prudent dans ses évaluations. Rien ne sert de faire miroiter des sommes pour se voir confier des objets tout en sachant qu’ils ne se vendront pas à ce prix, estime-t-il. Parce que ça ne sert personne. « Si les gens sont à l’aise avec mes évaluations, ils m’apportent leurs affaires. Et si on obtient plus, tant mieux. »

Enchères et en ligne

M. Bordeleau tient boutique boulevard Saint-Laurent, à Montréal. Des gens entrent, regardent, achètent s’ils ont un coup de cœur. Il signale toutefois qu’une grande partie du travail se fait maintenant en ligne, ce qui permet d’atteindre des acheteurs et collectionneurs aux États-Unis et en Europe. Il fait aussi une vente aux enchères dans sa boutique, le dernier dimanche de chaque mois.

Il y a encore des acheteurs pour les antiquités, assure M. Bordeleau, mais les gens ne vont pas renchérir un par-dessus l’autre. « C’est l’économie 101. Quand tu as beaucoup de meubles et pas beaucoup d’acheteurs, tu as beau être comique en avant… », dit-il avec un sourire.