C'est étonnant, ce que l'on peut découvrir en ouvrant les murs d'une maison: des lettres d'amour, des jouets en plomb, des coupures de journaux, des bouteilles d'alcool vides... ou pleines, etc. Si certains objets arrivent derrière les murs par hasard, d'autres sont cachés volontairement. Explications.

Ariane Cantin a trouvé quatre bouteilles de Molson Canadian des années 70 derrière la baignoire de sa maison à Cochrane, en Alberta. «Ça explique pourquoi tout est tellement croche dans notre salle de bains!», s'exclame-t-elle en réponse à un appel à tous, publié dans La Presse+.

En ouvrant le mur derrière sa pharmacie, Yvon a quant à lui découvert... une autre pharmacie. Celle-ci contenait des flacons de pilules prescrites et des pansements. Un ami de Guy Lemieux est tombé sur une horloge grand-père. L'appareil qui a été dépoussiéré «fonctionnait comme un neuf», écrit M. Lemieux.

Plusieurs lecteurs nous ont aussi envoyé des pages de journaux des décennies passées. Josée Robitaille nous a par exemple fait parvenir des pages de La Presse de 1940, trouvées sous un plancher. L'un des articles était chapeauté du titre «L'Europe entière sous tutelle nazie». Un autre texte relatait des «débuts malchanceux du jeune Maurice Richard».

Mais ce n'est pas un hasard si du papier journal se trouve souvent dans les murs des vieilles maisons. Pendant la première moitié du XXe siècle, il servait à isoler les bâtiments contre le froid, souligne André Robichaud, recherchiste à la Société d'histoire de Lachine.

«Soit qu'on utilisait des journaux, soit qu'on prenait du bran de scie. Le problème avec la poussière de bois, en revanche, c'est qu'elle avait tendance à tomber. Après la Seconde Guerre, la laine minérale a été inventée et c'est devenu un moyen plus efficace d'isoler les maisons», explique celui qu'on surnomme le Wikibichaud.

Dans les constructions anciennes, on trouve souvent des pièces de monnaie qui ont été cachées volontairement, au-dessus d'une porte ou sous un plancher, pour garder les malheurs loin des habitants de la maison, raconte M. Robichaud.

«L'autre chose qu'on trouve régulièrement en effectuant des rénovations, ajoute-t-il, ce sont des outils comme des marteaux ou des tournevis oubliés par un entrepreneur.»

Donnez au suivant

Lors de la construction d'un agrandissement de sa maison centenaire de Saint-Isidore-de-Laprairie, Manon Robert a pour sa part décidé de cacher une lettre et des photos. Elle a dissimulé le message au-dessus d'une porte au début des années 2000.

«On a expliqué qu'on était une famille de quatre, qu'on habitait sur une ferme, qu'on cultivait du soya, du blé et du maïs pour l'alimentation animale, mais qu'on n'élevait pas d'animaux à part notre chatte Nala. Avec un Polaroid, parce que c'était la seule manière de faire des images instantanées, on a fait des photos de chaque membre de la famille», explique Mme Robert.

Dans la lettre, la famille a insisté sur le fait qu'elle s'exprimait en français et qu'elle vivait à la campagne. Si la missive est découverte dans 200 ans, Mme Robert craint que le français ait perdu de son poids et que la terre, située à 40 minutes de Montréal, soit en plein milieu urbain.

PHOTO FOURNIE PAR ARIANE CANTIN

En installant sa nouvelle baignoire, Ariane Cantin est tombée sur quatre anciennes bouteilles de bière. «Ça explique pourquoi tout est tellement croche dans notre salle de bain!», s'exclame-t-elle.

«Quand on a rénové la maison, je suis tombée sur des gazettes et de vieux cahiers d'école. J'étais fascinée. Je me suis dit que je pourrais, moi aussi, laisser des informations sur la maison qui intéresseront ceux qui les découvriront.»

Une chose est sûre, quand on ouvre les murs d'une maison, il y a des trésors plus amusants que d'autres. Suzanne Prévost raconte par exemple que sa famille est tombée sur des lettres coquines envoyées à celui qui a construit la maison de son grand-père. Elles étaient signées par sa maîtresse.

Et, il y a les découvertes plus «traumatisantes». En remplaçant le plafond suspendu de l'un de ses appartements d'Hochelaga, Cloe Deraspe a trouvé un pistolet qui était, semble-t-il, caché depuis plusieurs années. «La police est venue le récupérer, puis je n'ai plus eu de nouvelles», raconte-t-elle. «J'aurais préféré trouver le butin du vol!»

PHOTO FOURNIE PAR ASTRID GAGNON

En effectuant des rénovations, les propriétaires de maison trouvent souvent de vieux outils oubliés par des entrepreneurs, affirme André Robichaud, recherchiste à la Société d'histoire de Lachine. C'est le cas d'Astrid Gagnon, qui a découvert ce couteau à bois dans les murs de sa maison construite en 1937.