Le marché des «chalets», des résidences secondaires, en fait, affiche une belle tenue dans les principales régions de villégiature, au Québec. Les acheteurs sont au rendez-vous, les vendeurs vendent à bon prix, et dans de meilleurs délais. Tour d'horizon.

ACHETER POUR FAIRE DU SPORT

Lysiane Clément-Major s'est offert un cadeau immobilier pour ses 50 ans. «Ça faisait 10 ans que je rêvais de m'acheter un chalet, dit-elle, enthousiaste. Je l'ai trouvé dans les Laurentides, c'est le bonheur!»

L'avocate qui pratique à Montréal - et qui habite à Longueuil, sur la Rive-Sud - a acquis son chalet «joliment décoré» dans les Laurentides, l'hiver dernier.

«J'étais chez des amis [à Saint-Jovite] et quand j'ai vu la pancarte À vendre, dit-elle aujourd'hui, j'ai tout de suite su qu'il était pour moi. J'ai fait une offre d'achat et tout s'est déroulé facilement, et rapidement. La propriété était impeccable.»

Elle a acheté son «petit chalet clés en main, avec une jolie vue» pour se retrouver entre amis et pratiquer des sports en toutes saisons: du ski de fond, du ski alpin, du kayak...

Dans son cas, pas question de passer des heures à couper du gazon et à jouer dans ses plates-bandes. «J'ai un terrain boisé, qui ne demande pas d'entretien, précise-t-elle. Ça fait parfaitement l'affaire!»

Un grand terrain de jeu

La courtière immobilière Josée Legault, qui couvre le marché de Mont-Tremblant, côtoie de nombreux acheteurs qui ont le profil de Lysiane Clément-Major, à qui elle a d'ailleurs vendu la résidence secondaire.

«Il y a pas mal de monde qui achète des chalets pour faire du sport, constate la courtière. On a la chance d'avoir une belle montagne, de beaux lacs, soulève-t-elle. Ça attire les acheteurs, et ça donne de la valeur aux propriétés.»

C'est ce qui a incité Martin Croteau, qui court des marathons, à se porter acquéreur d'une résidence secondaire dans le secteur de Tremblant, en mai dernier. La propriété appartenait à des Britanniques, eux-mêmes adeptes de la course à pied de longue distance!

«Je suis à 5 km des pentes de ski, à 5 km du lac Mercier, et tout près du circuit de vélo», explique le nouvel acheteur. Ce qui lui donne un accès privilégié, un terrain de jeu, pour s'entraîner en vue de ses participations à des triathlons.

Parce qu'il faut comprendre que Martin Croteau prend le départ chaque année au très populaire - et très exigeant! - Ironman de Mont-Tremblant.

Un deuxième chalet!

Le professeur d'éducation physique dans une polyvalente de Sainte-Thérèse en est à son deuxième «chalet»; le premier est situé aux Escoumins, sur la Côte-Nord.

«Je me promène entre les deux places!», dit-il, sur un ton léger. C'est sans compter les rénovations qu'il doit effectuer pour maintenir ses deux propriétés en bon état pour la location, à l'occasion.

«J'ai un peu moins le temps de m'entraîner ces temps-ci, mais je vis bien avec cette réalité-là», relativise- t-il.

Il voit ces deux chalets comme des investissements immobiliers, pour le moment. Cela ne l'empêche pas de considérer l'option de s'installer à Tremblant en permanence le jour où sonnera l'heure de la retraite.

Or, à 49 ans, il a encore le temps de faire des plans...

Acheter avec ses émotions

Chose certaine, l'acquisition d'un chalet au pied de la montagne, ou près d'un lac, est une affaire d'émotions. «Ça prend un coup de coeur pour passer à l'autre étape, observe Anne-Catherine Gaudet, courtière chez Immotelligent, dans le secteur de Saint-Donat, dans Lanaudière. Il ne faut pas que ce soit compliqué!»

Elle précise sa pensée: «Les acheteurs visitent beaucoup de propriétés avant de faire une offre d'achat, ils prennent tout leur temps. On les voit au cours de l'été, ils reviennent au cours de l'automne. C'est à la tombée de la première neige qu'ils sont plus sérieux dans leurs démarches. C'est là que la partie commence!»

Faire preuve de patience!

Pour sa part, Karine Bonin, courtière immobilière dans Magog-Orford, constate elle aussi que les acheteurs «prennent tout leur temps» avant d'arrêter leur choix sur une propriété qui répond à leurs attentes, en fonction de leur budget.

«Les acheteurs savent ce qu'ils veulent, dit-elle. Ils peuvent mettre deux ans avant de faire une offre d'achat, et même davantage ! Ils viennent dans la région, visitent des propriétés, soupèsent le pour et le contre.»

Tous s'entendent, par ailleurs, pour affirmer que le marché des résidences secondaires est un baromètre permettant de mesurer la santé du marché immobilier dans son ensemble. On achète des «chalets» quand les finances nous le permettent...

PHOTO FOURNIE PAR LYSIANE CLÉMENT-MAJOR

Lysiane Clément-Major tout sourire lors d'un séjour d'automne à son chalet.

DE MONT-TREMBLANT À STONEHAM...

Le prix «moyen» d'un résidence secondaire varie énormément, selon qu'on soit acheteur dans les Laurentides, dans les Cantons-de-l'Est, dans la région de Québec-Mont Sainte-Anne ou dans la région de Lanaudière. Points de vue de courtiers sur le terrain...

Mont-Tremblant

«Depuis un an et demi, les prix sont repartis à la hausse. Les résidences secondaires d'un demi-million se vendent bien. C'est aussi le cas des propriétés qui valent plus de 1 million de dollars! Les délais de vente sont plus courts, les chalets et les condos ski-in, ski-out, au bas des pentes, sont très prisés. Il y a de nombreux acheteurs qui proviennent de Montréal, mais aussi de Gatineau et de l'Ontario. Un constat: on parle beaucoup des acheteurs "sportifs", mais il y a de plus en plus d'acheteurs qui achètent pour s'installer en permanence», dit Josée Legault, courtière chez Via Capitale.

Stoneham

«Nous sommes ici dans un marché de chalets et de condos locatifs. Ce sont des gens de l'endroit, mais aussi des acheteurs de l'extérieur du Québec, qui achètent pour louer, ou pour y passer quelques semaines par année pour pratiquer des sports à la station touristique de Stoneham. Un "chalet de bonne dimension" se vend de 450 000 $ à 1 million. On trouve des condos de ski à 200 000 $, mais ça peut aller à 400 000 $. Il se passe de belles choses dans le coin. On voit de plus en plus de jeunes familles s'installer près des pentes. Il n'y a jamais eu autant d'enfants!», constate Marc Bonenfant, de Royal LePage.

Magog-Orford

«On s'attend à ce que les visites de "chalets" redémarrent de plus belle avec la tombée de la première neige. Les acheteurs de résidences secondaires ou de condos sont souvent stimulés par le temps qu'il fait... et par l'offre de propriétés sur le marché. Sur cet aspect, on constate que les prix se sont raffermis au cours de la dernière année, après la correction de 2014. Il arrive qu'on ait deux offres en même temps sur la même propriété! On peut s'attendre à payer entre 400 000 et 450 000 $ pour une résidence secondaire de bonne qualité, bien située. Pour un petit condo, un pied-à-terre, ça varie entre 100 000 et 150 000 $», analyse Karine Bonin, qui travaille pour l'enseigne Remax.

Côte-de-Beaupré (Mont-Sainte-Anne)

«Il y a de bonnes affaires à faire, à la condition de bien savoir négocier avec le vendeur. Je dis à mes clients qu'ils doivent être clairs sur leurs intentions d'achat. Ceux qui sont acheteurs vont trouver une résidence secondaire, qui devient souvent leur résidence principale, pour moins de 250 000 $. On parle d'un "chalet-maison" à moins de 1 km des pentes de ski. Les condos se vendent de 60 000 $ à 110 000 $. La montagne [de Mont-Sainte-Anne] est imposante, mais elle ne génère pas une forte activité immobilière. Les vendeurs sont obligés de baisser les prix», précise Raynald Demers, de Century 21.

Saint-Donat

«Normalement, après l'Halloween, on assiste à un regain d'activité dans le marché de la revente de chalets près des pentes de ski, ou près des lacs. Je m'attends à ce que ce soit la même chose cet automne. J'ai vu des acheteurs visiter une maison au début de décembre, faire une offre d'achat dans les jours suivants, et fêter Noël deux semaines plus tard, avec le sapin et tout! Les prix varient énormément, en fonction de la situation géographique. Le prix moyen se situe autour de 200 000 à 250 000 $. Aux lacs Archambault ou Ouareau, c'est plus de 400 000 $», estime Anne-Catherine Gaudet, courtière d'Immotelligent.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Scène d'hiver sur la Côte-de-Beaupré

VENDRE UN «CHALET» AVEC OU SANS COURTIER

En 2017, 3921 propriétés de villégiature ont été vendues par l'intermédiaire d'un courtier immobilier membre de la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ). Il s'agit d'une hausse de 5 % par rapport à 2016, de la quatrième augmentation annuelle consécutive et d'un nouveau record de ventes à ce chapitre.

Règle générale, les propriétaires de résidences secondaires continuent de faire affaire avec un courtier immobilier, mais pas tous.

«C'est un marché qui prend de l'ampleur chez nous, lance Martin Desfossés, porte-parole chez Du Proprio et coach en immobilier. À preuve: nous affichons des hausses substantielles du nombre d'inscriptions et de transactions dans plusieurs secteurs de villégiature.»

Des exemples?

«Dans les Laurentides, la hausse d'inscriptions atteint 30 %, et les ventes sont en progression de 40 %. Dans l'Outaouais, les transactions ont augmenté de 36 %, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, de 32 %, et dans Beauce- Chaudière-Appalaches, de 32 % également.»

Regrouper les visites

Martin Desfossés concède que le marché de la revente des «chalets» - qui sont en fait des maisons unifamiliales, des résidences secondaires - diffère de celui du marché traditionnel. Les vendeurs n'habitent pas ces résidences à temps plein et quand vient le moment de vendre, ils ne sont pas toujours présents pour faire visiter les clients-acheteurs.

«Ce n'est pas un obstacle si on sait bien s'organiser, fait-il valoir. On suggère à nos clients de regrouper les visites au cours d'une même journée. De cette manière, les acheteurs prennent rendez-vous durant la semaine et le week-end, ils vont visiter. Ça crée une espèce de momentum.»

Des délais qui varient

Quoi qu'il en soit, depuis le début de l'année, les vendeurs qui ont eu recours aux services d'un courtier d'une firme immobilière ont mis entre 138 et 255 jours pour trouver un acheteur.

Un «chalet» situé à Sutton, dans les Cantons-de-l'Est, s'est vendu en l'espace de 166 jours, en moyenne. Dans Charlevoix (La Malbaie, Baie-Saint-Paul), le délai s'est étiré à 255 jours.

À Saint-Jean-de-Matha, dans Lanaudière, le vendeur a trouvé son acheteur après 138 jours.

Photo Olivier PontBriand, Archives La Presse

L'acquisition d'un chalet au pied de la montagne, ou près d'un lac, est une affaire d'émotions.

PRIX MÉDIAN D'UN CHALET

Pour une maison unifamiliale utilisée comme résidence secondaire

Estrie

- Bromont: 353 250 $

- Sutton: 320 000 $

- Orford: 294 000 $

- Magog: 237 900 $

Laurentides et Lanaudière

- Mont-Tremblant: 265 000 $

- Saint-Sauveur: 272 750 $

- Sainte-Adèle: 220 000 $

- Sainte-Agathe: 209 000 $

- Saint-Jean-de-Matha: 155 500 $

Québec et Charlevoix

- Côte-de-Beaupré: 220 000 $

- Jacques-Cartier: 276 500 $

- Charlevoix: 152 500 $

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Source: Centris - prix médian pour la période couvrant de janvier à septembre 2018.

PHOTO TIRÉE DU SITE LUXURY RENTALS

Les prix sont à la hausse à Mont-Tremblant.