En janvier dernier, Hieu Nguyen Trung est devenu l'heureux propriétaire d'un quintuplex à Montréal. Il avait pris très au sérieux les tâches de se trouver un inspecteur en bâtiment et de tirer le maximum de l'inspection préachat.

Débarqué du Viêtnam il y a deux ans exactement, Hieu Nguyen Trung en était à son premier investissement immobilier. « J'ai voulu être prudent et mettre toutes les chances de mon côté », dit l'homme de 40 ans. Avec sa femme et son fils de 8 ans, il ira habiter l'un des grands « trois et demie » de son édifice de l'avenue Papineau, au coin de Saint-Zotique.

Pour se trouver un inspecteur, il a parcouru le répertoire des membres de l'Association des inspecteurs en bâtiment du Québec. Il en a appelé quelques-uns, qui lui ont dit qu'en hiver, ils n'inspectaient pas les toits plats. Puis il est tombé sur moi.

Hieu avait préparé une série de questions : 

Pourrez-vous inspecter la toiture ?

Avez-vous une assurance erreurs et omissions ?

Combien d'expérience avez-vous dans le domaine ?

Quand avez-vous fait vos deux dernières inspections préachat ?

Pouvez-vous m'envoyer un exemple de rapport d'inspection ? 

C'était la première fois qu'un client potentiel m'interrogeait avec autant de sérieux. J'ai trouvé toutes ses questions pertinentes. Enfin un client qui semblait croire en l'importance d'un conseil que je répète dans cette chronique : demandez des exemples de rapport d'inspection ! Les bons inspecteurs font des rapports détaillés et faciles à comprendre.

TOITURE ÂGÉE

Hieu était très préoccupé par l'état de la toiture, dont l'âge lui était inconnu. Je lui ai expliqué que l'hiver, je monte sur les toits plats et j'observe tout ce qui est visible malgré la neige et la glace : cheminée endommagée, solins rouillés, drains de toit obstrués, ventilation insuffisante.

Sur le quintuplex de l'avenue Papineau, une portion de la toiture d'asphalte et gravier était libre de neige, comme c'est presque toujours le cas. J'ai pu apercevoir un bout de membrane nue et craquelée. De l'intérieur, j'avais noté une infiltration d'eau par la cheminée désaffectée. J'ai recommandé un entretien du toit et une inspection complète par un couvreur dès la fonte des neiges.

En 14 ans, le propriétaire vendeur n'avait jamais changé la toiture. J'ai été très impressionné quand Hieu m'a raconté qu'il avait réussi à retrouver le propriétaire d'avant, qui lui avait avoué que lui non plus n'avait jamais fait changer la toiture !

L'inspection a duré quatre heures. Hieu visitait l'immeuble pour la première fois, puisque l'accès aux logements était conditionnel à une offre d'achat acceptée. Nous avons repéré un grand nombre de problèmes mineurs.

Hieu a reçu mon rapport deux jours plus tard. Il l'a lu attentivement. J'en ai eu pour une heure à répondre à ses questions au téléphone. Il a ensuite contacté un entrepreneur général, un plombier, un électricien et un couvreur. Il leur a transmis des pages du rapport d'inspection et ils lui ont fourni des prix approximatifs, au téléphone.

Son courtier a ensuite organisé une rencontre avec le vendeur et le courtier inscripteur. « J'avais dressé une liste des travaux et de leurs coûts, raconte Hieu. Nous les avons examinés un à un, avec le rapport d'inspection et les prix donnés par les entrepreneurs. Le vendeur a été très réceptif. Il a accepté ma proposition de réduire le prix de vente de la moitié du total des coûts. »