Une pelouse demande beaucoup d'eau et de temps d'entretien, ce qui amène certains propriétaires à lui substituer un tapis végétal sans le moindre brin d'herbe. Parfois, le résultat est époustouflant de beauté.

« C'est devenu une passion pour moi de découvrir et de tester les couvre-sol toutes catégories », relate Sophie Mailloux, architecte paysagiste et enseignante à l'Institut de technologie agroalimentaire, campus de Saint-Hyacinthe. Il a fallu quatre ans à Sophie Mailloux pour faire disparaître la pelouse de sa cour avant. « J'ai aménagé un lieu qui est beau et qui sent bon, à partir de plantes peu exigeantes en eau et en soins, ce qui diminue mon empreinte environnementale, se réjouit-elle. Ma cour attire les oiseaux et les papillons, elle héberge tout un écosystème. » Cette horticultrice n'arrose jamais son petit éden et n'utilise pas non plus de pesticides. « Si une plante ne réussit pas, dit-elle, je l'enlève, tout simplement. Quant aux «mauvaises herbes», elles n'ont plus d'espace dans lequel se faufiler. »

Cette année, Sophie Mailloux a planté du sedum, une première dans sa cour. « C'est une plante d'une grande richesse de textures et de couleurs, et qui côtoie bien le thym. »

Les choix de Sophie

Parmi les couvre-sol économiques et efficaces, Mme Mailloux a expérimenté: le thym, les géraniums Biokovo et à gros rhizome, les hostas et les hémérocalles. « J'ai un faible pour les géraniums, qui éloignent les insectes, dit l'horticultrice. Toutefois, le thym est parfait pour les sols secs. Il n'aime pas se faire dorloter et il s'étale bien. »

Le muguet est un des couvre-sol les plus communs, anciens et efficaces du Québec. Son seul défaut : un fruit toxique.

À l'ombre, la jardinière aime bien composer un ensemble avec des petits hostas, un massif de fougère, du lamiastrum, des géraniums et de l'arenaria. Dans un espace semi-ombragé : de l'aspérule odorante. Au soleil : toutes les espèces de sedum.

Des arbustes bas comme le fusain Euonymus fortunei ou le genévrier rampant Juniperus horizontalis font également de bons couvre-sol. Un conseil de pro : arracher tout le chiendent avant de planter quoi que ce soit, car cette plante se propage par la racine.

Une cour qui va toute seule

Quand les pelouses avant des voisins jaunissent sous l'effet de la sécheresse, le terrain de Paule Saint-Germain, à Brossard, demeure vert. « Le thym, c'est formidable, raconte-t-elle, car ça ne demande pas d'eau. Je n'ai jamais arrosé, sauf la première année. »

Mme Saint-Germain a commencé à transformer ses parterres avant et arrière en 1998, juste pour le plaisir de varier. « Il me reste peut-être 100 pi2 de pelouse sur un terrain total de 6700 pi2, dit-elle.

Une pelouse, c'est un véritable gaspillage de temps et d'eau. »

Lorsqu'elle veut un tapis végétal, Mme Saint-Germain plante du thym ou de la lysimaque. Pour un couvre-sol qui monte jusqu'à 25 cm, elle choisit du lamier (il en existe plusieurs couleurs) ou de la pachysandre. Cette dernière tolère bien les sols acides, peuplés de conifères. En milieu ombragé, elle utilise de la pachysandre, des quatre-temps (Cornus canadensis), des pervenches (Vinca minor) ou encore de la lysimaque, toute dorée lorsqu'elle pousse au soleil, et verte quand elle vit à l'ombre. Son truc de pro: le fertilisant au guano, en vente dans les centres de jardin, quoique en petite quantité.

Pour piétiner : le gazon !

Le gazon n'est tout de même pas sans utilité, étant pratiquement la seule plante à pouvoir supporter un piétinement important. « Les enfants ont besoin d'un espace où se rouler, jouer au ballon, au croquet ou au badminton », souligne Sophie Mailloux, qui le préfère au paillis ou au bitume. Le gazon demeure également de mise pour conserver un sentier dans la cour, bien qu'on puisse aussi tracer un sentier avec des pas japonais.

Photo André Pichette, La Presse

Une nappe de lysimaques nummulaires Aurea (en jaune) entoure une talle d'heuchères Palace purple. Un kiwi grimpe sur le tronc d'un ancien mûrier.