Acheter une maison ancestrale dans une rue patrimoniale comporte une responsabilité de préservation, ce que n'a jamais nié Louise Prud'homme. Aujourd'hui, sa maisonnette de la rue Saint-Joseph à Baie-Saint-Paul, dans Charlevoix, n'a rien d'un palais, mais elle a retrouvé son lustre d'antan, avec la garantie qu'elle se dressera encore longtemps dans ce paysage bucolique.

Elle a d'abord occupé les lieux comme locataire, puis, s'y sentant bien, elle l'a achetée à la fin des années 90 avec l'intention de rénover cette maison bâtie pièce sur pièce, qui a presque 100 ans d'âge - impossible de dater avec exactitude quand elle a été érigée.

«Elle avait déjà été rénovée à l'intérieur, moi, j'ai poursuivi ce plan. J'ai fait appel à des professionnels pour effectuer les travaux; je me suis contentée de superviser le chantier», dit Mme Prud'homme.

Ouste les portes d'aluminium sans fenêtre, ouste le revêtement de PVC et ouste les vieilles fenêtres pour faire place à un matériau noble : le bois. «J'ai fait appel à un ébéniste des Éboulements, Viateur Gaudreault, qui a fait les portes et les fenêtres. Les balcons et les piliers en façade ont été refaits. On a ajouté une entrée, toujours en respectant le style de la maison, et la cuisine d'été est devenue une salle à dîner pleine de lumière grâce à une grande fenêtre», décrit Mme Prud'homme.

Un rassurant PIIA

Il faut préciser que la rue Saint-Joseph jouit d'un Plan d'implantation et d'intégration architecturale (PIIA). «C'est plus compliqué, il faut que tu fasses tout approuver, même la couleur. C'est contraignant, mais rassurant. À long terme, c'est toute la rue qui s'en portera mieux. Le PIIA, c'est positif», plaide-t-elle.

La rue Saint-Joseph est l'un des premiers bastions de peuplement à Baie-Saint-Paul. Elle est caractérisée par ses vieilles maisons à toit mansardé, dont plusieurs sont centenaires. Ouvert par les pionniers Noël Simard (1678) et Pierre Tremblay (1679), Baie-Saint-Paul a la chance d'avoir résisté au fil des ans aux développements contemporains, ce qui offre plusieurs îlots de patrimoine bâti, comme la rue Saint-Joseph.

La Ville de Baie-Saint-Paul subventionne les rénovations dans les secteurs visés par les PIIA. Mme Prud'homme ne se gêne pas pour dire qu'elle a reçu 15 000 $ de la Ville pour l'aider à financer les travaux. «Ça coûte plus cher, mais ça vaut la peine. Alors, on y va plus tranquillement. Quand je la regarde, je la trouve jolie, ma maison», ajoute la gentille dame.

Outre la beauté extérieure, des gains en luminosité et en espace sont notés par la propriétaire qui doit repeindre le balcon et terminer le plancher de la salle à manger avant de crier mission accomplie. «De toute façon, ce n'est jamais fini. Rénover, ça fait partie du plaisir d'avoir une belle maison. C'est agréable de réfléchir à tous ces petits projets», admet-elle.

Elle ajoute que le Prix du patrimoine qu'on lui attribue fait plaisir. «Ça vient dire que nos efforts sont appréciés. Je dois admettre qu'il y a beaucoup de gens qui arrêtent devant chez moi pour spontanément me dire que c'est joli», dit-elle, avec un brin de fierté fort légitime.

Enfin, Louise Prud'homme aime à dire qu'elle se sent bien chez elle, un corps sain dans un environnement sain, dit-on, ce qu'on perçoit bien dans cette accueillante demeure. Et les veillées sur le balcon ne doivent pas être désagréables, pense-t-on : d'un côté, la rivière du Gouffre qui se jette dans le Saint-Laurent en longeant le quai, de l'autre, cette même rivière qui nous arrive tout droit du village, dont la présence est trahie par les clochers de la maison mère des Petites Franciscaines de Marie. Non, vraiment, il y a pire dans la vie...

Cette année, six maisons de la grande région de Québec ont raflé un Prix du patrimoine pour la qualité de la préservation de leur cachet d'antan. Le Soleil vous présente, à raison d'une par semaine, ces belles d'autrefois qui ont bien vieilli, grâce aux bons soins de leurs propriétaires. Aujourd'hui, nous vous présentons la maison de Louise Prud'homme.