Saint-Camille, petite localité agricole de l'Estrie, est en train de réussir son pari: freiner le déclin du village. Comment? Par une économie résidentielle, agricole, diversifiée et durable.

On ne demeure pas un étranger longtemps, à Saint-Camille. Cette petite localité agricole, joliment nichée dans un territoire vallonné, moitié champs, moitié forêt, à 35 km au nord-est de Sherbrooke, est reconnue pour son ouverture envers les nouveaux arrivants. «Je suis moi-même au village depuis quelques années seulement, et on m'a élu maire», fait remarquer Benoît Bourassa.

Cette culture d'accueil contribue à façonner l'histoire à succès de Saint-Camille, qui répond au défi des milieux ruraux: comment attirer les jeunes familles et les entrepreneurs dans un village en déclin?

En 2003, les responsables du village ont pris, si on peut dire, le taureau par les cornes . Désireux de hausser la population de 10% en dix ans, ils ont lancé deux projets d'habitation novateurs: les fermettes du rang 13 et le Parc agro-villageois.

Pour faire bonne mesure, la municipalité a décidé d'attribuer une subvention équivalente à deux ans et demi de taxes foncières pour toute maison nouvellement construite sur son territoire.

Huit ans après cet important coup de barre, on dénombre environ 510 Camillois. Ils étaient 448 en 2003.

Zonage et paradoxes

Curieusement, le rang 13, en milieu forestier, occupait une «zone blanche», donc divisible en lots. La municipalité a néanmoins tenu à l'occuper de façon très verte: d'une part, les lots sont grands, et d'autre part, l'intention d'exploiter la forêt de façon écologique stimule la création de petites entreprises, maillons d'une économie durable.

Inversement, le Parc agro-villageois, près du coeur du village, était en zone verte (agricole). «Il a fallu batailler très fort avec la Commission de protection du territoire agricole, rapporte le maire Benoît Bourassa, pour obtenir le droit de construire.»

Vue sur les champs

Le Parc agro-villageois se présente en neuf lots d'un acre longeant les terres de la Clé des Champs, coopérative de solidarité, vouée à la culture maraîchère (à ne pas confondre avec la Clef des Champs de Val-David, producteur de fines herbes). Huit terrains sont déjà vendus, et une maison construite. «Nous invitons les propriétaires à orienter leur façade principale vers le sud, du côté des champs, dit M. Bourassa. À Saint-Camille, on n'a ni lac ni montagne, mais on a la beauté du paysage agricole.»

En 1912, Saint-Camille comptait 1100 âmes. Il a décliné, démographiquement, depuis les années 20, comme tant d'autres villages ruraux du Québec.

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