Comme première maison, on peut difficilement faire mieux. C'est en effet ainsi que le propriétaire décrit sa demeure époustouflante, digne des résidences californiennes des années 60. Entrepris en 2005, les travaux ont duré trois ans, sous la direction de l'architecte Jean-René Corbeil et de la designer Ana Borrallo.

«Nous voyageons trois mois par année, et on est souvent à Hong-Kong parce que nous avons un bureau là-bas. Et c'est une ville où les architectes et les designers ont énormément d'imagination. On revient de là avec des idées nouvelles», raconte la propriétaire. 

La particularité la plus notable est la présence de bassins et de cascades autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Partout, les carpes abondent et se promènent à leur guise. C'est d'ailleurs à cause des bassins que les travaux ont duré plus longtemps que prévu. «J'ai accumulé beaucoup d'information dans les halls d'hôtel», dit le propriétaire pour expliquer une partie de son inspiration. L'inspiration leur vient aussi du fameux film de Blake Edwards, La party. «L'idée des petits pas dans l'eau vient vraiment du film», admet la propriétaire. «Quand je me suis présenté à son bureau la première fois, mon client m'a tendu un DVD du film mettant en vedette Peter Sellers. Il m'a dit : Regarde ça et on se revoit dans une semaine, indique de son côté l'architecte Jean-René Corbeil. C'est effectivement une maison festive, très inspirée des années 60, que nous avons visitée. Elle fait aussi un peu hall d'hôtel, un peu salle de spectacle, un peu musée contemporain, mais elle garde sa touche intime malgré tout. Auparavant, les propriétaires avaient vécu dans un vieil appartement extrêmement chargé, bourré d'Art déco. «On voulait l'opposé complètement. Une demeure moderne mais chaleureuse et confortable, parce que nous vivons beaucoup dans notre maison. Nous recevons toutes les semaines. Il fallait que ce soit très convivial et qu'il soit facile d'y circuler, avec plusieurs endroits pour se poser», souligne la propriétaire.

 

La designer Ana Borrallo est intervenue pour gérer l'aménagement intérieur afin d'éviter que ça parte dans toutes les directions. «J'ai essayé d'ordonner les idées pour que la maison reste intègre.» Mais elle avait aussi affaire à un client très créatif. «Je pense que nous avons été parmi les premiers ici à utiliser la fibre optique dans le résidentiel.»

L'enveloppe extérieure est restée à peu près la même, mais l'intérieur est radicalement transformé. «C'est une architecture contemporaine, ouverte, où on ne sent pas les espaces restreints. On a refait toute la disposition pour que ça devienne fluide.»

À elle seule, la chambre principale ressemble à une suite hôtelière. Il y a bien sûr la partie repos, mais il y a beaucoup plus : une aire de circulation autour d'un foyer en bois d'ipé, des portes-fenêtres qui s'ouvrent complètement sur le jardin, une salle de bains à l'écart du lit, mais totalement ouverte. Deux lavabos forment une certaine division par rapport à l'immense penderie. Et puis c'est carrément un spa que nous découvrons, où un immense bain à remous communique avec la douche grâce à une porte vitrée. La douche, en pâte de verre et banquette intégrée, possède également une porte-fenêtre qui s'ouvre entièrement sur le jardin.

Du bois d'ipé partout

Si la maison est revêtue en partie de bois d'ipé à l'extérieur, l'intérieur en est littéralement saturé. On utilise de plus en plus ce matériau pour les terrasses, mais son usage intérieur est peu répandu en Amérique du Nord. Ici, on en trouve non seulement sur les parquets, mais aussi sur certains plafonds ! Le coffrage des bains, le revêtement du foyer de la chambre, les marches, tout est en bois d'ipé. «Il s'utilise aussi très bien à l'intérieur, car on n'a pas à le teindre», précise Ana Borrallo. La maison possède ainsi une intense couleur brun caramel.

Côtés pratiques

«Architecture minimale où tout s'intègre», dit Ana Borrallo à propos de la salle de bains du rez-de-chaussée et de l'étonnant positionnement de la cuvette de toilettes dans la douche. Il faut noter également le déclenchement automatique du robinet par capteur de mouvement. «Nous avons une maison pratique où nous vivons vraiment tous les jours», témoigne la propriétaire, en donnant comme exemple le plan de travail industriel en inox de quatre pouces et demi dans la cuisine, dans lequel des ouvertures sont pratiquées pour les restes de table et les déchets.

Mélange de styles

Oui, les années 60 sont très présentes, mais les occupants ne sont pas restés figés dans cette époque. «On a marié plusieurs styles», dit la propriétaire.

Le petit salon, près de la cuisine, fait très années 60 avec son fauteuil OEuf, son canapé et sa table scandinaves années 50, et son immense bibliothèque garnie de vases modernes italiens. Par contre, la salle à manger est très différente, beaucoup plus chargée, aux allures baroques. On a joué ici avec les reflets: la table et le vaisselier sont en miroir. La cuisine-couloir, contemporaine et robuste, sert de transition entre le salon et la salle à manger.

ARCHITECTE

Jean-René Corbeil

DESIGNER

Ana Borrallo

ANNÉE DE CONSTRUCTION

1953

RÉNOVATIONS

2005-2008

SUPERFICIE HABITABLE

7500 pi2