Propriétaires : l'improbable rêve

«Quand on nous a dit que nous étions acceptés, en octobre, j'ai fait répéter trois fois», raconte Josée Aucoin, choisie, avec son mari Normand Savard, comme future propriétaire d'un logement Habitat pour l'humanité Montréal. «Quoi, cette chance extraordinaire? Pour notre famille?»

«Quand on nous a dit que nous étions acceptés, en octobre, j'ai fait répéter trois fois», raconte Josée Aucoin, choisie, avec son mari Normand Savard, comme future propriétaire d'un logement Habitat pour l'humanité Montréal. «Quoi, cette chance extraordinaire? Pour notre famille?»

Habitat, organisme à but non lucratif, reproduit en multiples versions dans le monde, construit des maisons et les vend, sans mise de fond initiale et sans intérêt, à des familles qui autrement n'auraient pas les moyens d'accéder à la propriété. La soeur de Normand, Ginette Savard, s'était d'abord mise sur les rangs avec son mari Pierre Rochon. «Quand j'ai appris que ma belle-soeur était acceptée, relate Josée, je me suis dit: «Ok, on essaie». Sans elle, je me serais méfiée. J'aurais eu peur d'une arnaque.»

La famille Aucoin-Savard, qui compte trois enfants, Roxane, 18 ans, Patrice, 17 ans et Francis, 15 ans, devrait bientôt emménager dans un joli condo de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.

Hauts plafonds et lumière

Le logement comprend trois chambres à coucher plus un bureau avec balcon sur la façade, bureau converti en quatrième chambre à coucher. Les plafonds sont hauts (neuf pieds) et la lumière entre généreusement. À l'arrière, une aire ouverte contemporaine, vaste et lumineuse, englobe le salon, la cuisine et la salle à manger. «Ah! faire la vaisselle en regardant dehors», rêve Josée. La porte patio, visible de l'évier, ouvre sur un balcon de huit pieds par six pieds. Un escalier s'y rattache pour accéder à l'entrée indépendante du sous-sol. Le salon présente une remarquable fenêtre qui descend jusqu'au plancher. La salle de bains, suffisamment spacieuse, prévoit un coin pour lave-linge et sécheuse superposés. Le condo occupe 1128 pieds carrés à l'étage, et il est assorti d'un espace dans le sous-sol de 373 pi.ca.

Dons de matériaux et bénévolat

Une quantité non négligeable de matériaux a été donnée par des compagnies. «Et environ 750 bénévoles ont défilé dans le duplex», relate Pierre, qui va demeurer en bas avec Ginette et leurs enfants, les jumeaux de 13 ans Valérie et Alexandre, et possiblement l'aînée, Marie-Pierre, 18 ans. «Il y a eu les employés de Molson, les filles de Coty (chacune a gravé son nom sur l'envers d'une marche extérieure), le groupe des futurs comptables agréés, CGC (une compagnie de panneaux de gypse), etc. Et aussi Elsa, une future médecin de famille... Les jumeaux, bien sûr, ont mis la main à la pâte.»

Le prix des condos? Prenons pour exemple celui déjà ratifié devant notaire, dans le duplex mitoyen, lui aussi construit par Habitat pour l'humanité Montréal, mais en 2007. Au rez-de-chaussée, ce logement occupe 2312 pieds carrés (1156 pi.ca. pour le rez-de-chaussée et 1156 pi. ca. pour la cave de béton non finie). Il a été évalué, par une firme indépendante, à 265 188$, et vendu en première hypothèque à 217 000$, ce qui revient à 93,94$ le pied carré.

VENDUE À 80% DE SA VALEUR

 La valeur des maisons d'Habitat pour l'humanité Montréal est évaluée par une firme indépendante, indique Johanne L'Heureux, secrétaire-trésorière. Le contrat de vente est conçu, pour contrer toute velléité spéculative, de deux hypothèques. Une première, établie à 80% de la valeur, est remboursée mensuellement par les propriétaires. La seconde, à 20% de la valeur, ne sera exigible que s'il y a revente dans les premières années. La capacité de payer de la famille est évaluée par l'ACEF (Association coopérative d'économie familiale), et l'étalement des paiements calculé pour ne pas gruger plus de 25 à 30% du budget (incluant l'impôt foncier, la taxe scolaire, les frais de fonds de réserve du condo et d'assurance pour l'enveloppe de l'édifice). La période d'amortissement peut ainsi aller jusqu'à 30 ou 40 ans. L'argent perçu par Habitat va dans un «fonds d'autosuffisance» utile à l'achat de nouveaux terrains. Car l'organisme veut prendre de l'expansion. «La branche de Toronto construit une quarantaine de logis par année», fait valoir Mme L'Heureux.

 SÉLECTION DES FAMILLES

 Les familles sélectionnées par Habitat pour l'humanité Montréal habitent sur son territoire et répondent à trois critères. Un: la capacité de payer. Deux: le besoin. Parents et enfants vivent-ils entassés dans un immeuble peu salubre? Et trois: le désir de partenariat. La famille doit être prête à donner 500 heures de travail bénévole sur le chantier. «La plupart donnent davantage», affirme Johanne L'Heureux, secrétaire-trésorière pour Habitat. «De tels projets ont un effet positif dans un quartier, commente Marie-Hélène Legault, chargée de cours en économie à l'UQAM. Les enfants se stabilisent et ont de meilleures chances de réussite.» Les familles soumettent leur candidature sur www.habitatmontreal.qc.ca. Cliquer sur «Participez!» puis remplissez le formulaire. Il y a possibilité d'un nouveau projet à Saint-Henri.