Julie (prénom fictif) a acheté un appartement en 1993 dans un édifice de trois étages, dans la région de Montréal. À ses yeux, la copropriété était une formule parfaite et, bien sûr, sans tracas.

Julie (prénom fictif) a acheté un appartement en 1993 dans un édifice de trois étages, dans la région de Montréal. À ses yeux, la copropriété était une formule parfaite et, bien sûr, sans tracas.

 Tout allait bien jusqu'en 2005. Une pente anormale est alors observée dans la structure du plafond du stationnement souterrain de la copropriété.

 «Mais ça ne semblait pas alarmant», se souvient la copropriétaire qui désire garder l'anonymat. Un an plus tard, la pente du toit s'est accentuée. Raison: la structure en acier du garage a été affaiblie par les sels de déglaçage des véhicules et l'humidité.

 Un ingénieur en structure recommande la fermeture du garage et de la terrasse qui se trouve au-dessus. On craint un effondrement. Il faut reconstruire une bonne partie du garage. Total? Plusieurs centaines de milliers de dollars. Le constructeur ayant disparu, les possibilités d'obtenir une indemnisation disparaissent elles aussi.

 «Un malheur n'arrivant jamais seul, la compagnie qui assurait le bâtiment nous a laissé tomber. J'ai passé un été à tenter d'en trouver une autre, raconte Julie. Finalement, nous avons trouvé un assureur sur le marché secondaire et notre prime a alors quintuplé.» Résultats: augmentation des charges communes et cotisation spéciale d'une valeur moyenne de 14 000$, pour chacun des 60 copropriétaires. Cette cotisation servira principalement à payer les travaux de reconstruction et la prime d'assurance.

 Aïe!

 «La mauvaise construction et l'entretien déficient des bâtiments sont lourds de conséquences pour les copropriétaires», dit Yves Joli-Coeur, avocat spécialisé en droit de la copropriété.

 «Brutalement, j'ai pris conscience que la copropriété n'était pas sans risque», admet Julie. Membre du conseil d'administration du syndicat de copropriétaires de son édifice, elle a vécu un double stress: «Je subissais la crise tout en devant la gérer», dit-elle. Elle déplore aussi le manque de ressources. Certes, le Regroupement des gestionnaires et copropriétaires du Québec lui a fourni de précieux renseignements, «mais ils n'ont pas de pouvoir direct sur les législations», enchaîne-t-elle.

 Quelques copropriétaires ont refusé de payer leur part de la cotisation spéciale. Une hypothèque légale a donc été inscrite contre leur appartement.

 «Je crois toutefois que la majorité d'entre nous avons pris conscience de l'importance d'investir dans un fonds de prévoyance et d'entretien du bâtiment», avoue celle qui espère maintenant ne plus recevoir de tuile.

 DES CHIFFRES ET DES CONDOS

 Toutes ces données concernent le secteur du Grand Montréal

 > 82 275 : nombre d'appartements en copropriété situés dans des immeubles d'au moins trois logements, en 2006.

 > 4753 : nombre de mises en chantier de copropriétés de janvier à août 2007; soit une hausse de 13% par rapport à la même période en 2006.

 > 6630: nombre de mises en chantier de maisons individuelles, jumelées et en rangée, de janvier à août 2007.

 > 10053 : nombre record de mises en chantier de copropriétés. Il a été atteint en 2004.

 > 201 571$: prix de vente moyen d'une copropriété, en 2006.

 > 97 319$ : prix de vente moyen d'une copropriété, en 1996.

 > 1980 : premier boom des mises en chantier de copropriétés.

 > 5 : multiple du nombre de mises en chantier de copropriétés entre 1996 et 2006.

 > 3,52 : multiple des ventes de copropriétés enregistrées sur le système MLS,

 «Nous ne croyons pas dépasser le nombre record de mises en chantier de copropriétés atteint en 2004, mais l'activité de construction depuis le début de 2007 est dynamique. À la fin de l'année, nous pensons même surpasser le nombre de mises en chantier de l'an dernier», explique Astrid Joseph, analyste de marché à la SCHL.

 Sources: SCHL et CIGM.

 LÀ OÙ POUSSENT LES CONDOS

 Voici un palmarès des secteurs du Grand Montréal où les mises en chantier de copropriétés ont été les plus élevées, de janvier à août 2007.

 1. Brossard: 520 mises en chantier de copropriétés

 2. Arrondissement de Ville-Marie: 418

 3. Arrondissement de Verdun, incluant l'Île-des-Soeurs: 374

 4. Laval: 336

 5. Arrondissement de Saint-Léonard: 231

 6. Arrondissement du Plateau-Mont-Royal: 219

 7. Arrondissement de Côte-des-Neiges - Notre-Dame-de-Grâce: 189

 8. Terrebonne: 170

 9. Repentigny: 160

 10. Arrondissement de Rivière-des-Prairies - Pointe-aux-Trembles: 147

 Source: SCHL