Le taux d'inoccupation, lui, se redresse légèrement, alors que la réno reste énergique. Quelques nouveaux produits et matériaux font leur place. Les changements climatiques forcent à revoir la façon de bâtir. Les derniers mois ont aussi vu s'installer un intérêt certain pour la construction verte, le développement durable et le recyclage. Le Soleil vous propose de revenir sur quelques faits saillants de 2006 sur le monde de l'habitation. Et la semaine prochaine, regard sur 2007 et les années à venir.

Le taux d'inoccupation, lui, se redresse légèrement, alors que la réno reste énergique. Quelques nouveaux produits et matériaux font leur place. Les changements climatiques forcent à revoir la façon de bâtir. Les derniers mois ont aussi vu s'installer un intérêt certain pour la construction verte, le développement durable et le recyclage. Le Soleil vous propose de revenir sur quelques faits saillants de 2006 sur le monde de l'habitation. Et la semaine prochaine, regard sur 2007 et les années à venir.

En octobre, le ministre québécois du Développement durable, Claude Béchard, pressait l'industrie de la construction de s'ajuster aux changements climatiques et annonçait, en ce sens, la réforme imminente du Code du bâtiment. Il s'agit sans doute de l'événement charnière qui aura principalement marqué l'immobilier au Québec en 2006.

Cet automne, les assureurs canadiens mettaient même en place, à l'Île-du-Prince-Édouard, une maison modèle fortifiée pour tenir tête aux nouvelles extravagances du climat. La situation est préoccupante. Il y aurait urgence d'agir. Car le climat, sans être alarmiste, pourrait nous en faire voir de toutes les couleurs.

En aval de la déclaration du ministre, Mario Canuel, porte-parole de l'Agence de l'efficacité énergétique, déclarait : «Le climat n'est plus comme avant. Le verglas, les pluies torrentielles, les inondations, les vents violents, les hausses subtiles de la température l'hiver et les chaleurs insoutenables l'été remettent en cause notre façon de bâtir.»

Recyclage

Par ailleurs, le mouvement vert se fait de plus en plus sentir au Québec. En 2006, les médias ont multiplié les exemples de projets architecturaux, résidentiels, qui intégraient l'approche écologique.

Les écovillages, peu nombreux encore, tendent à se multiplier dans la province. Ce sont des petites communautés actives ou en devenir, inquiètes de l'avenir de la planète et de ses ressources, qui veulent faire leur part pour corriger le tir. Elles ne veulent prendre à la terre que ce qu'elles peuvent lui rendre.

Elles sont donc prêtes à prendre le virage «vert». Qu'il suffise de penser au Mont Radar à Saint-Sylvestre, à l'Arche écologique de Château-Richer, à l'Écovillage de paix à Saint-Adolphe ou à l'Écovillage forestier de Saint-Simon en gestation.

L'Écovillage du Mont Radar, qui compte jusqu'à présent 15 personnes, réemploie une partie des panneaux de contreplaqué de coffrage du métro de Laval. Le recyclage gagne du terrain.

À Duberger, la coopérative d'habitation Le Croissant a dû changer toutes ses fenêtres. "Les anciennes, encore saines, ont été défaites avec soin et proposées à des gens, venus les ramasser", se félicite l'architecte David Leslie de Québec, qui fait spécialement profession de qualité de l'air.

Le recyclage des matériaux et la construction éco-énergique ont été également exaltés lors des émissions télé Les Citadins du rebut global et Ma maison Rona.

Il est aussi souvent question de toiture végétale (qui absorbe une bonne partie des eaux de pluie et prolonge l'existence du toit) dans ce type de projets. C'est par exemple le cas sur le stationnement de l'édifice La Falaise apprivoisée, rue Saint-Vallier, à Québec. Et autres.

En revanche, Le Soleil note une réaffirmation sur le marché du détail de la peinture recyclée (Boomerang) aussi bien qu'une hausse marquée de la demande de bois écologique de chauffage. La conscience de l'environnement est plus nette et le recul désormais impossible, pense David Leslie.

Côté énergie, le public paraît plus sensible à la géothermie, comme cela a été observé au dernier Salon Expo habitat de Québec. Il est plus sensible aussi aux capteurs solaires et aux petites éoliennes tels que mis en valeur par les étudiants en génie électrique de l'Université Laval à Expo Québec. Leurs stands ont été très courus, cet été.

Puis, lors du dernier concours d'excellence (Nobilis) de l'APCHQ de Québec, jamais autant de maisons «finalistes» (20 %) n'ont été certifiées Novoclimat (confort accru et économie d'énergie d'au moins 20 %, par les soins d'entrepreneurs spécialement formés). Indicateur objectivement vérifiable, selon les observateurs, du virage éco-énergique de la construction résidentielle.

Bonne nouvelle

Alors que, sur le marché de la revente, dans la région de Québec, on voit poindre l'acheteur nouveau qui magasine essentiellement sa maison dans Internet, les logements en copropriété, quant à eux, représentent 21 % des transactions. Contre 9 % en 1990. Et, depuis 2004, on en aura construit en moyenne 1000 par année.

Il s'agit d'une bonne nouvelle, d'après le professeur Avi Friedman de la faculté d'architecture de l'Université McGill, concepteur de la maison évolutive, flexible et abordable plus en vogue à Montréal qu'elle ne l'est à Québec.

Car les «condos», selon lui, donnent lieu à une épargne de ressources et de surface d'occupation. De même qu'à des économies d'énergie de transport, pourvu que les habitations soient situées en ville, près des services et des lieux de travail. Sans compter les gains de temps. Car lorsqu'on habite en banlieue, les embouteillages ravissent jusqu'à deux heures par jour aux automobilistes et jusqu'à cinq ans durant leur vie.

Grosses maisons

L'architecte Jean-Marc Harvey, copropriétaire de l'Atelier Avant-Garde, constate de son côté la prolifération des maisons de luxe dans la région de Québec. «Ces grandes demeures dépassent la simple nécessité de se loger», trouve-t-il.

«En cela, nous reproduisons la Grande Allée du début du XXe siècle alors qu'on y a bâti tout un train de résidences somptueuses», relate-t-il.

David Leslie et Avi Friedman, eux, regrettent que ces grandes demeures soient à contre-courant du développement durable. Car elles nécessitent beaucoup de matériaux, d'espace et d'énergie de chauffage pour le peu de personnes qui les occupent et l'usage discontinu qu'elles en font.

Cet été, rappelle-t-on, on dénombrait dans la grande région de Québec près de 30 propriétés de 1 million $ et plus à vendre. En 2005, une seule propriété de ce prix a été vendue, aucune en 2004.

Ocre ferreux

L'année 2006, au Québec, a aussi été marquée par la dénonciation, par le magazine Protégez-Vous, de l'installation souvent incorrecte des systèmes de ventilation dans les maisons neuves et récentes. Les entreprises de construction en ont pris pour leur rhume.

Ensuite, le mois passé, l'émission La Facture a donné l'alerte à l'ocre ferreux. Il s'agit d'une bactérie mangeuse de fer qui colonise les drains de fondation situés trop à proximité de la nappe phréatique. Le problème est commun. Au point que l'Association de la construction du Québec invitait ses membres, il y a quelques jours, à «s'assurer de construire les fondations au-dessus de la nappe et ce, à une distance sécuritaire de celle-ci.»

L'année 2006 coïncidait aussi avec le 50e anniversaire de la maison Kinsmen et le 10e de celle de la fondation Maurice-Tanguay à Expo Cité.

Quant à l'Association des syndicats de copropriété du Québec, elle remarque cette année un changement dans la perception du fonds de prévoyance de la part les propriétaires de condos. Plusieurs y voient à présent l'urgence d'y contribuer davantage. Puisque ce fonds est destinés aux réparations majeures résultant de l'usure à long terme. Le parc de condos étant, au reste, vieillissant.

Enfin, bien qu'on en ait peu fait écho, la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation, Nathalie Normandeau, déclarait, en mai, que Québec jugeait le logement aussi important que l'éducation et la santé. Ce qui n'est pas peu dire.