Pendant un an, il en a aménagé l'intérieur et il en a fait son futur chalet : un bâtiment surprenant arrivé par les airs sur le bord du lac Aylmer, dans la région de Chaudière-Appalaches.

Pendant un an, il en a aménagé l'intérieur et il en a fait son futur chalet : un bâtiment surprenant arrivé par les airs sur le bord du lac Aylmer, dans la région de Chaudière-Appalaches.

Debout devant la table de la salle à manger, Antoine, 7 ans, se concentre sur un ouvrage complexe fait de blocs. Il séjourne d'ailleurs dans un chalet semblable, fait de trois conteneurs empilés comme des cubes.

De l'extérieur, l'édifice tranche avec les maisonnettes au toit pointu qui occupent la rive du lac Aylmer. Deux blocs métalliques ont été déposés à quatre pieds l'un de l'autre, à un jet de pierre de l'eau. Le troisième conteneur repose en partie sur le rez-de-chaussée. Le reste du volume est suspendu dans les airs, soutenu par deux poutres et une légère structure de bois.

C'est en discutant avec ses enfants que l'architecte a dressé les plans du chalet. Antoine voulait un vaisseau spatial et Guillaume, 5 ans, désirait une demeure qui ressemble à une maison dans les arbres. « J'ai pris leurs souhaits en considération, raconte Pierre Morency en balayant du regard son chalet fraîchement terminé. La forme un peu étrange du bâtiment ressemble à un vaisseau, et au bout du deuxième étage, j'ai recouvert le conteneur de bois, comme s'il s'agissait d'une maison dans les arbres. Enfin, comme Juliette, 3 ans, est trop petite pour me communiquer exactement ce qu'elle veut, j'ai pensé à en faire aussi une maison durable avec des matériaux sains, histoire de tenir compte des générations à venir. »

Après un an de préparation, les trois conteneurs sont donc littéralement tombés du ciel l'été dernier. Afin de préserver les érables et les pruches du terrain vierge, l'architecte et sa femme, Julie Robert, ont fait transporter les cubes par une imposante grue de la route vers les fondations déjà coulées.

« Peu après, mon voisin m'a dit, mi-inquiet mi-blagueur, qu'il y avait eu un accident de train sur mon terrain », raconte M. Morency, amusé.

Sans peinture noire sur le métal blanc et gris des conteneur et sans revêtement de bois, l'ensemble avait au départ une allure platement industrielle. Pendant l'été et l'automne, le couple a toutefois fait peindre la structure métallique du chalet, puis ajouter des lattes de pruches tout autour, ainsi que deux terrasses.

Une maison contemporaine

De trois blocs métalliques endommagés, l'architecte a donc fait une maison contemporaine que la famille montréalaise pourrait habiter à temps complet. En regardant de près, on perçoit le passé industriel des conteneurs à travers les imperfections du métal. Des particularités que l'architecte tenait à conserver.

Les extrémités des conteneurs du rez-de-chaussée sont largement fenêtrées.

À l'intérieur, les deux conteneurs du rez-de-chaussée ont été ouverts sur une face et joints entre eux par des lattes de bois. La famille profite donc d'une grande aire de 20 pieds sur 40 pieds. La cuisine, la salle de bains et la salle à manger se suivent d'un côté, divisées du salon par l'escalier qui mène au sous-sol et à l'étage.

Pierre Morency a largement fenêtré les extrémités des conteneurs du rez-de-chaussée. L'effet recherché est réussi: la famille a l'impression de cohabiter avec la nature, profitant en prime d'une vue imprenable sur le lac. Le tout pour 137 000 $... sans les honoraires d'architecte que M. Morency ne s'est évidemment pas versés.

À l'étage, les enfants partagent une grande chambre et les parents dormiront sous-peu dans leur propre pièce avec vue sur l'eau.

Julie observe Guillaume et Juliette rigoler et sauter d'un lit à l'autre. « Il y a eu des moments de découragements parce que recycler des conteneurs pose plusieurs difficultés techniques, mais nous sommes particulièrement heureux de l'avoir fait, affirme-t-elle. Nous vivons dans une maison unique. »

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