Le plus célèbre de tous étant le Mont Radar, à quelques kilomètres de Saint-Sylvestre, à la limite de Lotbinière et de la Beauce. Sur une ancienne base militaire, deux jeunes très branchés s'emploient à faire surgir leur écovillage d'un amas de ruines de béton.

Le plus célèbre de tous étant le Mont Radar, à quelques kilomètres de Saint-Sylvestre, à la limite de Lotbinière et de la Beauce. Sur une ancienne base militaire, deux jeunes très branchés s'emploient à faire surgir leur écovillage d'un amas de ruines de béton.

Ils espèrent y établir, au cours des prochaines années, des familles, des télétravailleurs, des artistes, des jardiniers et forestiers écologiques, des personnes de tous âges sans distinction de race, de religion ou d'orientation sexuelle. Des gens pour qui importent l'esprit de communauté, la paix et le développement durable.

«C'est le concept télévisuel des Artisans du rebut global appliqué, non à une maison, mais à un gigantesque lotissement», résume Jean-Marc Deneau, 34 ans, copropriétaire du Mont Radar qui fut, pendant la Guerre froide, un rempart de l'OTAN pour la surveillance défensive du pays et du continent.

Philippe Laramée, 29 ans, est, depuis près de deux ans, son compagnon de route. Il dit au Soleil que la collectivité de 300 personnes à établir au Mont Radar n'aura rien d'une secte, ni n'aura l'esprit des communes éthérées des années 60.

Elle sera branchée sur Saint-Sylvestre, la Beauce, Lotbinière, puis Québec qu'on aperçoit d'ailleurs au sommet du Mont, à 2300 pieds d'altitude.

Tout en foulant le sol tourmenté du «pic venteux», M. Laramée constate la présence d'un «gisement éolien» extraordinaire qui, un jour, contribuera à l'autonomie énergétique de la communauté en devenir, en contrebas.

De plus, comme une tour le fait d'ailleurs voir, il plaide l'existence d'une formidable croisée d'ondes de télécommunications. Au reste, l'écovillage compte déjà quelques dizaines de connexions Internet haute vitesse pour le télétravail.

À construire

Attention! met en garde Jean-Marc Deneau: «L'écovillage du Mont Radar ne procède pas d'une approche clé en main. Ceux qui le joignent doivent s'attendre à le construire, chacun pour sa part.»

En fait, les uns et les autres, gagnant leur vie au village, en ville ou sur place comme travailleurs autonomes, doivent consacrer quelques heures par semaine à la réfection des sentiers, l'amélioration du camping, le raccommodage des bâtiments, la réparation des chemins et encore.

«Contre quoi ils accumulent des points qui abaisseront leurs frais lorsqu'ils s'installeront pour de bon sur place. Sinon, ils leur seront remboursés d'une manière ou d'une autre», précise-t-il.

Tandis que Philippe Laramée est éditeur du magazine écologique Aube (Les éditions de La Plume de Feu), Jean-Marc Deneau, lui, fait profession de communications graphiques. Ils administrent le Mont Radar, attachent progressivement les ficelles du développement de l'endroit, agréent ou non les projets verts sur lesquels est fondée la présence de collaborateurs assidus et occasionnels qui habitent l'auberge, l'ancien mess des officiers.

Un des résidants, François Guay, est employé dans un magasin d'alimentation. Dans l'écovillage, il aménage écologiquement la forêt et récolte le bois de chauffage.

Vents et marées

Le tandem Deneau-Laramée, qui tient la barre du domaine contre les vents et marées des spéculateurs, dresse le programme d'amélioration des lieux, est sur le point de faire faire un plan d'aménagement ou d'urbanisme, fera faire des études de faisabilité tandis qu'il veut faire briser les sceaux entourant les aménagements souterrains tenus secrets jusqu'ici par l'OTAN.

«La rumeur suggère l'existence d'un réseau de corridors aussi bien que d'un abri nucléaire bien plus gros que l'ancien gymnase», déclare encore Philippe Laramée tout en lorgnant le bunker qui, sur la montagne, a contenu, de 1953 à 1964, de fins équipements pour la détection éventuelle de navires, d'aéronefs ou d'autres machines de l'empire soviétique qui menaçait virtuellement l'Occident.

«Sur ce mastodonte de béton, dans lequel un party rave a lieu chaque année depuis 10 ans, on fera un toit végétal. Ce qui ne tardera pas», pense-t-il. Un centre d'interprétation du Mont Radar, en regard de son passé militaire, est également dans la mire.

Structure juridique

Mais, plus important encore, Jean-Marc Deneau et Philippe Laramée sont en quête d'une structure juridique pour que jamais le Mont Radar, d'une superficie de 13 millions de pieds carrés, ne soit détourné de sa nouvelle destination. Ce pourrait être une fondation, une fiducie foncière habitable ou une possession de mainmorte à la manière des congrégations religieuses.

Les habitants des lieux, par exemple, sans posséder le sol, seraient propriétaires de leur maison et de leur terrain, lesquels seraient évidemment cessibles, mais à certaines conditions.

En annexe du bâtiment administratif situé sur un plateau, qui comprend le logement respectif des propriétaires, l'imprimerie du magazine Aube, un dortoir pour les groupes et un étage tout fin prêt à être converti en chambres, logements ou dortoirs, on trouve l'ancien gymnase, dont les murs seront isolés de ballots de paille.

On y voit aussi des composants de coffrages récupérés du chantier de construction du métro de Laval. Celui du Mont Radar les emploiera, à son tour. Plus loin, la piscine ou ce qu'il en reste. «Il faudra voir ce que nous en ferons», laisse tomber Philippe Laramée.

Quant aux maisons de l'écovillage, plusieurs devraient être bâties sur les fondations encore inébranlables des 75 maisons de la base, déconstruites après son démantèlement. Quant au réseau pluvial et sanitaire, il est toujours en bon état. Puisque les ensembles résidentiels et ouvrages militaires étaient faits avec minutie, puis de matériaux durables et de qualité première.

D'autres résidences seront implantées au milieu de la forêt, au coeur de petites enclaves. «Pour protéger l'écosystème, aucune machinerie lourde ne s'y rendra», insiste Philippe Laramée. Bientôt, un particulier, joignant l'écovillage, viendra y mettre sa résidence secondaire. Elle sera en rondins.

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Information: info@leradar.org ou (418) 596-1250