Beaucoup d'anciens résidants, membres de la communauté irlandaise, se sont déplacés. Au coeur de leurs préoccupations: faire revivre le secteur, qui a été abandonné depuis une trentaine d'années. Afin d'attirer des familles et une population vieillissante, ils ont rappelé qu'il faudra réimplanter des écoles, de même que des services de santé et des services communautaires. Pour densifier le secteur, certains ont souligné l'importance d'encourager une mixité de projets d'habitation, pour les moins biens nantis, mais aussi pour les riches. Cela ne pourra jamais se faire en créant un ghetto pour des personnes pauvres, ont-ils précisé.

Beaucoup d'anciens résidants, membres de la communauté irlandaise, se sont déplacés. Au coeur de leurs préoccupations: faire revivre le secteur, qui a été abandonné depuis une trentaine d'années. Afin d'attirer des familles et une population vieillissante, ils ont rappelé qu'il faudra réimplanter des écoles, de même que des services de santé et des services communautaires. Pour densifier le secteur, certains ont souligné l'importance d'encourager une mixité de projets d'habitation, pour les moins biens nantis, mais aussi pour les riches. Cela ne pourra jamais se faire en créant un ghetto pour des personnes pauvres, ont-ils précisé.

L'architecte Joseph Baker, professeur à l'Université McGill dans les années 70 et ardent défenseur de Griffintown à l'époque, était présent. Lui qui a vu les écoles du quartier fermer et a assisté à la démolition de l'église Sainte-Anne, a salué l'idée de cibler trois sites pour revitaliser le secteur.

«Il faut commencer quelque part, a-t-il dit. Mais la Ville de Montréal devra investir pour créer un momentum. Elle devra avoir la volonté d'installer un projet d'habitation pour attirer une population, et ce sera à cette dernière de décider de l'avenir de Griffintown. Malheureusement, il n'y a plus de population locale avec qui travailler à l'élaboration de plans.»

Jacques Vincent, coprésident de Prével, faisait partie du groupe d'experts invité à commenter les concepts d'aménagement présentés au cours de la soirée. Premier promoteur immobilier à s'être aventuré dans Griffintown avec le projet Leloft, logé dans les anciens bâtiments industriels de la Lowney, il connaît particulièrement bien les enjeux.

«Griffintown est le quartier de l'avenir, à cause de sa proximité avec le centre-ville et le Vieux-Montréal, estime-t-il. Il y a beaucoup de terrains vacants. Lors de l'atelier, beaucoup de bonnes idées ont été mises sur la table. Mais c'est une amorce.»

Au cours de la soirée, trois équipes interdisciplaires ont présenté leur vision, essayant chacune de rattacher le secteur au reste de la ville et d'y diminuer l'emprise de la voiture. Parmi leurs suggestions: ramener la rue Peel de quatre à trois voies et élargir les trottoirs. Reconnecter la rue Notre-Dame Ouest à son milieu environnant. Mettre à profit les berges du canal de Lachine, qui bordent Griffintown au sud, avec la création d'un parc archéologique. Prolonger des artères et créer de nombreux espaces verts. Faire revivre la section de la rue Saint-Paul qui se trouve sur le territoire. Le secteur conserve sa vocation industrielle, mais des habitations et des commerces y sont intégrés pour en faire un véritable quartier.

Les trois équipes regroupaient entre autres des professionnels en architecture, en design urbain et en architecture du paysage. Chacune s'était penchée depuis le début de la semaine sur un site pour lui donner une nouvelle orientation. Le premier site comportait le campus de l'École de technologie supérieure, qui occupe déjà une dizaine de bâtiments de différentes dimensions et est appelé à croître. Le deuxième site comprenait la rue des Seigneurs, qui relie la rue Notre-Dame au canal de Lachine, et ses abords. Autrefois densément construit, le secteur est actuellement pratiquement vide. Le troisième site, enfin, englobait l'îlot au nord de la rue Ottawa, à proximité de l'ancien centre de tri de Postes Canada et de son immense terrain, dont le sort est encore incertain.

L'atelier de design urbain clôturait une semaine d'activités sous le thème des «Dialogues de Griffintown». C'était une initiative de la Ville de Montréal, en collaboration avec l'arrondissement du Sud-Ouest et le bureau Design Montréal. Tous étaient invités à y assister et à s'exprimer. «C'est une façon de bâtir Montréal ensemble», a souligné Marie-Josée Lacroix, directrice de Design Montréal.

Le quartier de l'avenir?

Autrefois un quartier ouvrier dynamique, au coeur de la communauté irlandaise, Griffintown est l'ombre de lui-même. Il a été charcuté lors de la construction de l'autoroute Bonaventure, dans les années 60, et a souffert de la fermeture du canal de Lachine en 1970. Le confinant à sa vocation industrielle, le zonage a de plus été modifié en 1972 pour y interdire toute construction résidentielle. On y compterait actuellement moins de 500 résidants.

La proximité du centre-ville de Montréal et du Vieux-Montréal jouent toutefois en sa faveur. Plusieurs anciens bâtiments industriels d'intérêt patrimonial ont été sauvegardés. Depuis 2004, le nouveau plan d'urbanisme de Montréal y permet de nouveau la construction d'habitations. De plus, la réouverture du canal de Lachine à la navigation de plaisance, en 2002, offre de nouvelles avenues. Plusieurs y voient un énorme potentiel de développement.

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Les propositions des trois équipes de concepteurs seront présentées du 16 novembre au 2 décembre à la galerie Lareau Atelier d'encadrement. Celle-ci est située au 1169, rue Ottawa.