Mais voilà que tout à coup, deux importants projets écologiques arrivent sur le marché, la reconversion de l'Imperial Tobacco, dans le quartier Saint-Henri, et Le Vistal, à l'île des Soeurs. Est-ce le début d'une nouvelle ère ou un effet de mode?

Mais voilà que tout à coup, deux importants projets écologiques arrivent sur le marché, la reconversion de l'Imperial Tobacco, dans le quartier Saint-Henri, et Le Vistal, à l'île des Soeurs. Est-ce le début d'une nouvelle ère ou un effet de mode?

Jacques Vincent, coprésident de Prével, croit que le temps est venu d'amorcer un virage vert si on veut séduire les jeunes urbains. «D'après nos études de marché, les jeunes se préoccupent davantage d'environnement que leurs aînés. Ils souhaitent faire leur part pour l'environnement, tout en respectant leurs moyens financiers», dit-il.

Dans la reconversion des bâtiments vacants de l'Imperial Tobacco, Prével mise sur une toiture verte, un système de récupération des eaux de pluie et des mesures d'efficacité énergétique pour séduire les premiers acheteurs, en plus de prévoir des supports à vélos et des places de stationnement pour Communauto. L'approche serait différente, explique-t-il, si le projet devait se réaliser en banlieue. «À mon avis, les banlieusards n'affichent pas le même niveau de sensibilité vis-à-vis de l'environnement que la clientèle urbaine», souligne-t-il.

C'est aussi le constat que dresse Jean-François Voyer, de Construction Voyer. «En périphérie, rares sont les gens qui veulent une maison écologique. Le seul aspect vert qui retient l'attention, c'est l'efficacité énergétique. Les gens sont prêts à investir dans des équipements éconergétiques s'ils peuvent obtenir un retour sur leur investissement. Donc, c'est leur calculatrice qui décide s'ils achètent vert ou non.»

Pour un argument de vente

Pour un constructeur seul, il est difficile d'amorcer un virage vert si la concurrence ne suit pas. «Si je me mettais à construire uniquement des maisons à haut rendement énergétique, comme Novoclimat, je devrais les vendre plus cher afin de payer le surcoût de construction. Pendant ce temps, mon compétiteur va continuer à vendre des maisons ordinaires, à meilleur prix, en prétendant aux consommateurs qu'elles sont d'aussi bonne qualité que les miennes», déplore M. Voyer.

Comme argument de vente, l'aspect vert ne pèse pas lourd dans la balance, surtout chez les baby-boomers, constate Hugo Leblanc, directeur général des condominiums Saint-Bruno-sur-le-lac, un projet qui intègre malgré tout plusieurs composantes écologiques. «Les baby-boomers recherchent le luxe, le confort, l'apparence, le prestige. Ils veulent des choses visibles pour épater la galerie», dit-il. Convaincre un baby-boomer d'acheter vert n'est pas facile, mais ce n'est pas une tâche impossible. La Corporation Proment, important promoteur immobilier de Montréal, vient tout juste de lancer Le Vistal, qui pourrait devenir le premier immeuble résidentiel à Montréal à obtenir une certification LEED (Leader in Energy and Environmental Design). La tour du Vistal, qui comptera 155 appartements de luxe sur 25 étages, vise justement les boomers. «À l'avenir, tout bâtiment devra se faire dans le respect du développement durable. Alors, pourquoi ne pas le faire tout de suite», explique Samuel Gewurz, président de Proment. La certification LEED servira-t-elle à promouvoir les ventes? M. Gewurz n'y croit pas beaucoup. «C'est surtout nos magnifiques vues sur le fleuve que les gens achètent», fait-il remarquer. Une chose semble certaine, si les acheteurs de bungalow ont fait la Révolution tranquille, ce sont les jeunes qui feront la révolution verte.