Malgré un modeste volume, cette habitation suscite de plus en plus d'intérêt. Mine de rien, il y aurait quelques centaines de maisons de paille au Québec, disséminées un peu partout en zones rurales et urbaines. Pour le moment, une seule d'entre elles a levé de terre à Montréal, en 1999, dans le quartier Centre-Sud.

Malgré un modeste volume, cette habitation suscite de plus en plus d'intérêt. Mine de rien, il y aurait quelques centaines de maisons de paille au Québec, disséminées un peu partout en zones rurales et urbaines. Pour le moment, une seule d'entre elles a levé de terre à Montréal, en 1999, dans le quartier Centre-Sud.

«Nous avons surmonté plusieurs contraintes administratives avant de débuter les travaux. Nous avons dû obtenir certaines dérogations aux règlements d'urbanisme», dit Julia Bourke, heureuse propriétaire de la maison et professeure d'architecture à l'Université McGill. Parmi les difficultés rencontrées, soulignons que Montréal interdit les toits en pente, pas plus qu'elle ne permet l'utilisation de crépis dans les quartiers centraux. Les parements doivent obligatoirement être de brique ou de pierre.

Pourtant, l'engouement pour ce nouveau type de construction est bien présent. Selon Mme Bourke, l'industrie de la construction est cloisonnée dans ses pratiques et elle n'arrive pas à s'ajuster aux préoccupations environnementales grandissantes.

«Afin d'avoir une meilleure emprise sur la préservation de l'environnement, de contrôler la qualité de l'air et d'obtenir de meilleurs rendements énergétiques pour réduire les émissions de CO2, les gens se tournent alors vers des techniques de construction alternatives», dit-elle.

En effet, l'habitation écologique n'est plus le fait de quelques marginaux. À en juger, les cours offerts par le groupe Archibio, organisme voué à la promotion de l'habitat écologique, attirent des clientèles de plus en plus variées. Deux fois par année, une quarantaine de personnes s'inscrivent aux stages d'initiation à cette approche écologique.

«La clientèle a évolué au fil des ans. Nous voyons même des spécialistes de la construction participer à nos formations», affirme Pascal Morel, porte-parole d'Archibio. Les intervenants du milieu s'entendent toutefois pour dire que les entrepreneurs offrant ce service se comptent hélas sur les doigts d'une seule main.

Si l'existence d'Archibio s'est d'abord imposée pour répondre aux besoins en autoconstruction, le profil du consommateur évolue aujourd'hui vers la construction assistée. L'organisme répond annuellement à pas moins de 1000 personnes attirées par l'habitat alternatif.

À sa création en 1991, Archibio ne comptait que des autoconstructeurs parmi ses membres. Ce n'est plus le cas. Aujourd'hui, on veut bien habiter une maison écologique répondant à ses besoins, sans pour autant se lancer tous azimuts dans des travaux exigeants en temps et en compétence.

«C'est une approche nouvelle où le propriétaire conserve la maîtrise d'oeuvre tout en confiant les travaux à des sous-traitants, un procédé qui demande un changement d'attitude chez l'entrepreneur», avance Pascal Morel.

Selon les matériaux et la finition choisis, les coûts de construction d'une maison de paille s'apparentent à ceux d'une maison conventionnelle. Il est suggéré de monter soi-même la structure de ballots de paille - en invitant parents et amis à participer à une expérience inoubliable et, pourquoi pas, festive. C'est l'étape la plus longue et celle qui ne demande pas de main-d'oeuvre spécialisée.

Une technique éprouvée

Il y a différentes méthodes pour construire sa maison de paille et l'une de ces techniques, mise au point dans les années 90 par le Groupe de recherches écologiques de la batture (GREB) à La Baie, a la cote chez les connaisseurs. Depuis l'année 2000, le GREB est aussi et surtout un «éco-hameau» comptant six maisons, dont cinq de paille.

Cette technique connaît d'ailleurs une carrière outre-atlantique et elle est décrite dans un livre paru l'an dernier en France sous le titre Construire son habitation en paille selon la technique du GREB.

Brièvement, elle consiste à construire une double ossature légère en bois, fixée à une dalle conventionnelle, pour y installer les ballots de paille enrobés d'un mortier léger coulé.

On peut rapidement monter la charpente de bois et dès lors fixer le toit, la meilleure façon pour se mettre à l'abri de la pluie et continuer à monter ses ballots de paille au sec.

La composition des enduits a également progressé au cours des cinq dernières années. D'essai en essai, l'utilisation d'enduits d'argile et de chaux est désormais privilégiée, au lieu des enduits de ciment, de sable et d'argile.

L'imperméabilité de la chaux à l'eau de pluie et sa perméabilité à la vapeur d'eau favorisent les échanges thermiques tout en protégeant l'argile. «Largement utilisés partout dans le monde sauf au Québec, la chaux et l'argile sont des matériaux fiables qui ont fait leur preuve depuis toujours», rappelle Pascal Morel.

La vigilance est de rigueur

Pionnier de la construction écologique depuis les années 70 au Québec, l'architecte Michel Bergeron donne toutefois un avertissement:une maison de paille pourrait échouer à des tests «d'infiltrométrie» si la pose des fenêtres et des portes est déficiente. Ce n'est pas tant les rendements thermiques des murs ou de l'isolant qui priment comme tels, mais bien l'efficacité et la qualité de la mise en oeuvre.

«En matière d'efficacité, nous avons fait un bond ces 20 dernières années. Le marché offre des matériaux énergétiquement performants. C'est le travail humain, les installations impropres et expéditives qui altèrent l'efficacité des matériaux, si performants soient-ils», précise Michel Bergeron.

Qu'on se le dise, la vigilance dans le suivi des installations et dans la confection des joints est de mise.

________________

Pour en savoir plus:

www.archibio.qc.ca

https://approchepaille.free.fr