Gisèle Beaudry vient d'avoir 76 ans. Après la mort de son mari, elle a gardé la maison, pendant cinq ans. Puis, elle est allée vivre avec son fils. Pour mille et une raisons, elle a préféré partir. Un petit encadré dans le journal allait la lancer dans une belle aventure: la maison partagée.

Gisèle Beaudry vient d'avoir 76 ans. Après la mort de son mari, elle a gardé la maison, pendant cinq ans. Puis, elle est allée vivre avec son fils. Pour mille et une raisons, elle a préféré partir. Un petit encadré dans le journal allait la lancer dans une belle aventure: la maison partagée.

C'est grâce au Centre d'assistance et de référence à la cohabitation de Montréal (CARC) que Mme Beaudry a rencontré Alice Overy. La dame de 50 ans cherchait une colocataire pour partager cette maison qu'elle a tant désirée, mais qu'elle ne pourrait entretenir avec son seul salaire.

Germain Leblanc explique que les participants, qu'ils offrent un logis où en cherchent un, doivent remplir un questionnaire pour définir leurs besoins. Un exercice nécessaire qu'on oublie souvent de faire. «Il ne faut pas avoir peur de poser des conditions», constate Mme Ovary.

Le Centre essaie ensuite de jumeler des gens qui ont des atomes crochus. Entre mesdames Beaudry et Ovary, ce fut le match parfait.

Bien qu'il serve toutes les clientèles, le Centre cible les personnes âgées, qui sont souvent plus craintives, et plus vulnérables. «C'est un bon coup de pouce, ça enlève beaucoup de stress», fait remarquer Mme Overy.

Par ailleurs, Germain Leblanc voudrait voir le concept évoluer. Prochain projet: mettre sur pied un complexe de 22 unités résidentielles.

Québec orpheline

Des centres de jumelage, il en existe aussi au Saguenay, à Granby et en Outaouais. Québec a aussi eu son programme pendant quelques années, parrainé par la Maison de Lauberivière. Les Habitations partagées de Québec ont dû cesser leurs activités en janvier, faute de financement.

Éric Boulay occupait la présidence. «Quelle belle approche novatrice», s'exclame le coordonnateur de Lauberivière, en déplorant du même souffle qu'il semble qu'il n'y ait pas de place pour ce genre d'initiative à Québec. Depuis deux ans, le projet était sur le respirateur artificiel.

Pourtant, le jumelage répond à une demande dans la capitale. M. Boulay reçoit régulièrement des appels, même si le service est interrompu. «Que ce soit le vieillissement de la population ou la cellule familiale qui a changé, il y a un mouvement dans notre société qui fait qu'il y a de plus en plus de gens seuls.»

Pour M. Boulay, la crise du logement sévit encore, de manière hypocrite. «Il y a plus de logements disponibles, sauf qu'ils sont beaucoup plus chers (qu'avant). Les gens doivent payer une plus grosse part de leur revenu pour le logement.»

Retraite dorée?

D'ailleurs, pour la majorité des aînés, la retraite dorée tient plus du mythe que de la réalité. Près de 45 % d'entre eux vivent avec moins de 15 000 $ par année. Le revenu moyen avoisine 21 000 $ (en moyenne 26 500 $ pour les hommes, 16 000 $ pour les femmes).

Le jumelage est une option économique pour la société, note François Renaud, de la Société d'habitation du Québec (SHQ). Plus de 50 % des participants sont des personnes à faible revenu. Si ces gens devaient réclamer un logement social, il en coûterait beaucoup plus cher, fait-il valoir. De plus, maximiser les ressources existantes s'avère plus avantageux que de construire de nouveaux logements.

Mais plus que le simple partage des coûts, il y a un «aspect social qui se dégage» de cette démarche, souligne-t-il. On cherche à briser la solitude, à s'échanger des services. La SHQ rendra d'ailleurs public à l'automne son rapport sur «Les pratiques organisées d'habitation partagée au Québec».

Choix marginal

Mais la cohabitation demeure un choix marginal pour les personnes âgées, croit Karine Genest, conseillère pour la FADOQ-Mouvement des aînés du Québec. Ce sont plutôt les grands complexes d'une centaine de logements qui ont la cote chez les «nouvelles générations d'aînés», pour qui le logement revêt une grande importance. Mais de plus en plus de solutions alternatives se développent.

Mme Genest pense d'ailleurs que la notion d'entraide gagnera du terrain dans les années à venir. Mais est-ce qu'elle prendra la forme de la colocation? Ça reste à voir.

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Numéros utiles:

> CARC: 514-381-7795

> Outaouais: 819-771-6576

> Jonquière: 418-695-5949

> Granby: 450-372-3038