Mais il lui est arrivé de le faire.

Mais il lui est arrivé de le faire.

Cet homme est en quelque sorte «l'ombudsman des arbres» sur le territoire montréalais. Nous avons tendance à croire et à véhiculer l'idée que les arbres de grande taille peuvent endommager gravement la fondation des maisons si elles reposent sur des sols argileux. Or, Pierre-Émile Rocray soutient le contraire. En faisant ombrage au soleil, les arbres de grand port contribueraient à empêcher l'assèchement des sols argileux et leur tassement sous la semelle des fondations.

Tous ne partagent pas son point de vue. Dans une étude datée de 1967, signée par les chercheurs Legget et Crawford pour le compte du Conseil national de recherche du Canada, on établit que lors des canicules prolongées, les grands arbres cherchent à accroître leur réseau radiculaire autour des bâtisses pour étancher leur soif. Ainsi capteraient-ils plus d'eau, contribuant dès lors à l'assèchement des sols argileux et à la fissuration des immeubles. Cette recherche est aujourd'hui encore un point de référence dans les litiges légaux entre des municipalités canadiennes et leurs commettants. Le glas des grands arbres sonne alors. Or, plusieurs maisons montréalaises et une part de celles de la Rive-Sud sont effectivement construites sur de tels sols. Il y a de l'argile sur le Plateau Mont-Royal, de même que sur une large bande au sud et au nord de la rue Sherbrooke en allant vers l'extrême est de Montréal. Il y en aurait aussi à l'ouest du mont Royal, à Boucherville, Brossard, dans la vallée de l'Outaouais, de même qu'au Lac-Saint-Jean.

Lézardes dans la recherche

Selon Pierre-Émile Rocray, s'il y a des lézardes quelque part, c'est bien plus dans le fondement des recherches de Legget et Crawford. La preuve étant selon lui que des arbres privés d'eau, plutôt que d'accroître leur réseau radiculaire durant des sécheresses, fermeraient leurs stomates pour ménager leurs énergies. Il leur suffirait d'un printemps et d'un automne bien arrosés pour les revigorer.

Au Jardin botanique de Montréal, c'est le point de vue de M. Rocray qui prévaut. L'ingénieur Vincent Sylvestri de Polytechnique, qui a récemment effectué une étude en collaboration avec la Ville de Montréal, estime que les causes du tassement des fondations sur l'argile et des lézardes qui en résultent sont multiples. L'argile s'assèche en milieu urbain parce que les maisons sont entourées d'asphalte et de béton, que l'eau n'y pénètre pas, parce qu'on l'évacue vers la rue par des pentes, parce qu'on la draine sur le pourtour de la semelle et ainsi de suite. Fort peu en fait à cause des arbres. Vincent Sylvestri convient néanmoins que cela peut survenir.

Comment s'y retrouver si nous observons de tels dommages sur nos bâtisses? L'Association des consommateurs pour la qualité dans la construction (ACQC) vend 3 chacune, ou 5 ensemble, deux brochures intitulées Votre maison est fissurée vulgarisant ce phénomène. On nous indique comment le contrecarrer en arrosant soi-même, où, quand et comment. Certains comptoirs d'Accès Montréal distribueraient également ces brochures gratuitement, mais de manière inégale. En cas de doute, consultez un géotechnicien ou une firme spécialisée en analyse de sol. Les racines des grands arbres ne parviendraient pas à perforer des fondations ou des canalisations saines. Mais si elles se fissurent pour d'autres raisons, les racines peuvent en effet s'introduire dans les brèches et les élargir.

Les racines des grands arbres s'étendent souvent sous la fondation des immeubles. C'est dans une telle circonstance que l'érable à Giguère, de Pierre-Émile Rocray, aurait abîmé sa propre demeure. Assaillie à répétition par les vents, l'immense voilure a fait osciller le tronc maintes fois. En suivant le mouvement, les racines ont verticalement bougé soulevant la semelle de fondation. Il peut donc advenir que l'arbre soit en cause... si le vent s'en mêle.

Association des consommateurs pour la qualité dans la construction: (514) 384-2013. Commande directe de Votre maison est fissurée en cliquant «maisons lésardées»