Devant le mécontentement de ce nombre de résidants qui habitent autour du projet, le conseil d'arrondissement devra ouvrir un registre de signatures sur la question. La Ville annoncera le 4 avril combien de personnes doivent y inscrire leur nom pour forcer la tenue d'un référendum.

Devant le mécontentement de ce nombre de résidants qui habitent autour du projet, le conseil d'arrondissement devra ouvrir un registre de signatures sur la question. La Ville annoncera le 4 avril combien de personnes doivent y inscrire leur nom pour forcer la tenue d'un référendum.

Difficile d'imaginer que de grandes fenêtres se cachent sous ce revêtement d'aluminium.

Si ce nombre de signatures est atteint, la Ville devra faire un choix: organiser un référendum ou retirer son appui au projet pour éviter l'onéreuse consultation populaire.

«Nous restons assez confiants, affirme Jacques Vincent, coprésident du Groupe Prével. Notre projet est intéressant autant du point de vue patrimonial que social.»

La façade d'origine

Le promoteur propose d'abord de restaurer la façade de l'édifice principal, qui donne sur la rue Saint-Antoine. Impérial Tobacco a recouvert la presque totalité des grandes fenêtres d'un revêtement d'aluminium afin de préserver un haut niveau d'humidité à l'intérieur de l'usine.

«Sans vouloir insulter Impérial Tobacco, ce qu'ils ont fait de l'édifice n'est pas très joli, affirme Jacques Vincent. Derrière l'aluminium, la façade d'origine est intacte, avec de grandes fenêtres de 10 pieds. Nous allons restaurer tout cela.»

«Nous aurons aussi une approche environnementale, ajoute Guy Pelletier, urbaniste chargé du projet pour la firme Cardinal et Hardy Architectes. Le centre sportif inclus dans le complexe aura un toit vert, et nous réutiliserons des matériaux des bâtiments que nous démolirons dans la construction des nouveaux édifices.»

Le Groupe Prével propose ensuite d'inclure 78 logements sociaux au complexe. Ces appartements seraient construits dès la première phase du projet dans un nouvel édifice situé un peu en retrait, rue Bourget.

Enfin, le promoteur prévoit inclure aussi 170 logements abordables, admissibles notamment au programme d'accession à la propriété de la Ville de Montréal s'il est toujours en vigueur à la fin du chantier.

Le prix des logements

«Il est encore un peu tôt pour donner des prix exacts, mais ces logements pourraient coûter aussi peu que 120 000 $», affirme M. Vincent.

Un effort insuffisant aux yeux du groupe POPIR-Comité Logement (Projet d'organisation populaire d'information et de regroupement) et de la Table de concertation solidarité Saint-Henri. Ces organismes mènent une campagne pour inciter la Ville de Montréal à acquérir les édifices.

«Nous souhaitons que ces bâtiments-là aient une utilité sociale plus grande, affirme Louis Gaudreau, organisateur au sein du groupe. Nous voulons qu'il y ait davantage de logements sociaux, mais aussi des services communautaires comme une garderie, entre autres.»

Le POPIR-Comité Logement réclame l'intervention de Québec et d'Ottawa pour aider l'arrondissement à acheter les bâtiments. «Bien que ces appartements soient moins chers que dans la grande majorité des immeubles à Montréal, leur prix reste inaccessible à la majorité des résidants du quartier, ajoute M. Gaudreau. Nous craignons que cet embourgeoisement force encore plus de citoyens à l'exil.»

«Projet exemplaire»

Le conseil de l'arrondissement du Sud-Ouest a toutefois donné son appui au projet. D'après Sylvain Villeneuve, conseiller en aménagement, «il s'agit d'un projet exemplaire» qui combine la mixité sociale et le respect du patrimoine. «Nous ne voudrions pas créer un ghetto», ajoute-t-il.

Dans le cas où un nombre insuffisant de citoyens signerait le registre, la Ville pourrait octroyer le permis de construction au Groupe Prével. Le promoteur achèterait ensuite le terrain d'Impérial Tobacco et lancerait les travaux peu après.

Le recyclage des immeubles existants et la construction des nouveaux bâtiments s'échelonneraient ensuite de 2006 à 2012.