Les résidants de l'île Jésus ont un taux d'appartenance moyen se situant à 44 %, comparativement à 55 % pour les Montréalais et 53 % pour les résidants de la région de la capitale nationale.

Les résidants de l'île Jésus ont un taux d'appartenance moyen se situant à 44 %, comparativement à 55 % pour les Montréalais et 53 % pour les résidants de la région de la capitale nationale.

Cette étude, réalisée entre janvier et juin 2005 dans le cadre de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, évalue le degré d'appartenance à la communauté dans 119 régions sociosanitaires au Canada. Le but est d'examiner le lien entre la santé physique et mentale des Canadiens et leurs relations sociales.

La question suivante a été posée à un échantillon de 67 741 Canadiens: «Comment décririez-vous votre sentiment d'appartenance à votre communauté locale? Diriez-vous qu'il est: très fort? plutôt fort? plutôt faible? très faible?»

Les résultats varient grandement d'une région à l'autre. C'est au Québec que l'on retrouve le plus faible sentiment d'appartenance au pays, avec un taux de 54 %, tandis que le plus élevé est dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador, avec 79 %. Des taux relativement élevés ont été aussi enregistrés en Saskatchewan (73 %) et en Colombie-Britannique (69 %). La moyenne nationale est de 64 %.

Sans surprise, les régions rurales (77 %) affichent un taux d'appartenance plus prononcé que les régions urbaines (63 %). À Toronto et Vancouver, les taux sont respectivement de 59 % et 64 %. Au Québec, la Côte-Nord obtient le taux le plus élevé (74 %) et, dans tout le Canada, c'est la région de Labrador Grenfell (89 %) qui arrive en tête.

Laval, ville moderne

Les autorités lavalloises mettent en doute les résultats de l'étude. «Les Lavallois sont davantage attachés à leur quartier, comme Sainte-Rose ou Chomedey, qu'à leur ville», nuance Jean-Claude Beaudry, responsable des communications à la Ville.

Pour Pierre Hamel, professeur de sociologie à l'Université de Montréal, plusieurs facteurs pourraient expliquer le faible degré d'appartenance des Lavallois. «Laval est un vaste territoire fragmenté qui ne possède pas de véritable centre-ville et dont la fusion, survenue dans les années 60, est encore relativement récente.»

Ce qui caractérise principalement la ville du Cosmodôme, c'est la mobilité de ses résidants. «Les gens travaillent, se divertissent et magasinent dans plusieurs villes. Le faible sentiment d'appartenance est justement la conséquence de cette grande mobilité. Les Lavallois possèdent des appartenances multiples», croit-il.

Ville moderne par excellence

Autrement dit, Laval serait la ville moderne par excellence- au sens nord-américain-, caractérisée par ses autoroutes et ses boulevards. «Le sentiment d'appartenance n'est peut-être plus une idée très moderne. D'ailleurs, un faible degré d'appartenance n'est pas nécessairement une chose négative», ajoute Annick Germain, professeure à l'INRS-Urbanisation. Malgré tout, entre 2001 et 2005, l'appartenance à la communauté a augmenté de 58 à 64 % dans l'ensemble du pays.

Quant à la différence marquée entre les Québécois et les citoyens des autres provinces, elle pourrait s'expliquer par le fractionnement des identités, dû à la question nationale, suggère M. Hamel. Mme Germain pense également que le terme «local community» en anglais à une forte connotation positive, alors qu'en français, il a un sens imprécis. Ce qui pourrait expliquer cet écart.

SENTIMENT D'APPARTENANCE À LA COMMUNAUTÉ

Laval: 44%

Laurentides: 49%

Capitale-Nationale: 53%

Montréal: 55%

Saguenay-Lac-Saint-Jean: 59 %

Côte-Nord: 74%

Toronto: 59%

Calgary: 61%

Vancouver: 64%

Source: Statistique Canada