De nos jours, le tronçon compris entre la rue Sherbrooke et la rue Milton a subi des transformations importantes avec l'insertion ici et là d'immeubles d'appartements «modernes» de plusieurs étages qui en ont modifié le caractère, pour le pire la plupart du temps.

De nos jours, le tronçon compris entre la rue Sherbrooke et la rue Milton a subi des transformations importantes avec l'insertion ici et là d'immeubles d'appartements «modernes» de plusieurs étages qui en ont modifié le caractère, pour le pire la plupart du temps.

Heureusement, quelques trésors architecturaux de la fin du XIXe siècle témoignent du lustre passé de cette rue. C'est le cas de deux résidences en pierre, situées côte à côte aux 3473 et 3475, rue Aylmer.

Le propriétaire du 3473, Luc Jutras, vient d'obtenir le Prix émérite du patrimoine de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal pour avoir mené à terme une restauration parfaitement réussie.

Construite entre 1880 et 1885 par le bijoutier Birks pour des fins de location, la maison de ville se caractérise par sa façade en pierre finement décorée, sa fausse mansarde sous laquelle a été inséré un minibalcon décoratif, son avant-corps qui se prolonge jusqu'au toit formant une sorte de tour triangulaire inspirée des bâtiments que l'on retrouve dans les vieilles cités médiévales d'Europe et son toit d'ardoise.

Bien qu'étroite (23 pieds) la résidence a une bonne profondeur (44 pieds) et dispose de plafonds très hauts, soit d'une hauteur de 11,5 pieds.

M. Jutras, médecin de profession, a acquis la propriété en 1994. Les travaux de rénovation et de restauration ont été terminés cette année.

Maison de chambres

«Au début, je me suis attaqué à la décoration intérieure des pièces principales qui s'étaient détériorées au fil des ans et des résidants qui se succédaient. La propriété a été utilisée comme maison de chambres pendant plusieurs années. Il a fallu refaire le plâtre des murs et des plafonds, sabler les planchers en pin et remettre la cuisine au goût du jour», raconte-t-il. Une des quatre chambres a aussi été sacrifiée afin d'agrandir la salle de bains qui était très petite.

Heureusement, l'escalier monumental à l'entrée, les moulures en plâtre au plafond, les deux foyers et leur manteau de bois à colonnade avaient conservé leur aspect original.

Ces deux dernières années, le propriétaire a entrepris des travaux de restauration de la façade de la résidence. Il a fallu refaire les moulures décoratives, les joints des pierres, le faux balcon de la fausse mansarde qui avait disparu avec le temps, décaper l'ardoise du toit et recouvrir les arêtes du toit en cuivre étamé.

M. Jutras a aussi changé les fenêtres, mais ce ne fut pas une mince affaire car il a dû négocier âprement avec les responsables du Service des permis de l'arrondissement. «On voulait m'imposer des fenêtres à battant alors qu'il y a toujours eu des fenêtres à guillotine à l'avant. J'ai finalement gagné mon point. J'ai confié le remplacement des fenêtres cintrées à la société Marvin de Toronto qui possède une succursale à Montréal. À l'arrière, ce fut plus simple puisqu'elles sont de forme rectangulaire», dit le médecin.

Bien que très heureux d'être le récipiendaire du Prix émérite du patrimoine, M. Jutras n'en déplore pas moins les difficiles relations avec les responsables du Service des permis. «Nous voulons bien sûr être conseillés pour la restauration de nos résidences mais encore faudrait-il qu'ils nous fournissent une liste d'entrepreneurs spécialisés, ce qu'ils ne font pas malheureusement. Nous sommes obligés de nous débrouiller nous-mêmes pour en dénicher un qui réponde à leurs exigences.»