Rodolphe Tourville qui possédait un moulin à bois à Louiseville et qui fut l'un des principaux actionnaires d'une compagnie immobilière très active dans la construction de la ville de Maisonneuve, se fit construire en 1914 l'une des plus imposantes résidences d'Outremont, située au 22, avenue Ainslie, dont les plans furent confiés aux architectes Turner et Carless.

Rodolphe Tourville qui possédait un moulin à bois à Louiseville et qui fut l'un des principaux actionnaires d'une compagnie immobilière très active dans la construction de la ville de Maisonneuve, se fit construire en 1914 l'une des plus imposantes résidences d'Outremont, située au 22, avenue Ainslie, dont les plans furent confiés aux architectes Turner et Carless.

Avec son toit en ardoise et son revêtement en brique picotée à l'oxyde de fer et en pierre calcaire, son style est éclaté puisqu'il emprunte aussi bien à celui de la Renaissance anglaise qu'à ceux des styles Tudor et Édouardien avec une touche Arts & Crafts. Les spécialistes de l'architecture le qualifient de Free Style.

Comptant 20 pièces, ainsi qu'une dépendance détachée où sont logés un garage et un appartement de deux pièces et demi, l'intérieur a été conçu pour assurer le confort de son propriétaire, les pièces de la façade et du côté gauche étant réservées à la famille tandis que la partie ouest était à l'usage des domestiques.

À l'entrée, le visiteur se retrouve dans un très grand hall divisé en deux par une triple arche en chêne foncé de style Tudor. Un foyer a été inséré dans le mur au-delà de l'arche. L'escalier monumental menant à l'étage supérieur est aussi en chêne et du même style. Une verrière où l'on aperçoit des écussons commémorant le quatrième centenaire de la découverte du Canada par Jacques-Cartier (1534-1934) disperse une lumière feutrée.

Un couloir mène à la salle à manger et au salon principal. La salle à manger est magnifique avec ses lambris en acajou, son plafond à caissons incrusté de motifs en plâtre et sa porte à glissière avec verre biseauté qui donne sur une pièce de séjour, anciennement le solarium. Le tapis d'époque (1930) a été conservé.

Le salon de style georgien avec de somptueux lambris de chêne compte un foyer alimenté au gaz entouré par des fenêtres décorées de vitraux à écussons, une immense rosace au plafond et un petit coin où l'on retrouve une banquette avec des coins sculptés en bois (cosy corner) qui fait le plus bel effet.

Un autre salon plus petit de style français avec son faux foyer électrique et son magnifique plafond de plâtre décoré était anciennement réservé aux dames.

À l'arrière, l'ancien solarium a fait place à un vivoir mais on a conservé le foyer, les murs lambrissés et les vitraux d'origine.

À l'étage, cinq chambres de bonne dimension donnent sur un hall où l'on retrouve une magnifique table sculptée dont les pieds représentent des personnages. Cette table avait été laissée par le propriétaire d'origine. Au sous-sol, on retrouve une grande salle de séjour, une salle de billard, la salle de lavage et la chaufferie.

Mme Claude Brien et son conjoint ont acquis la propriété en 2000 et ont consacré deux années à la faire restaurer. «Nous avons changé le système de chauffage, le système électrique, la plomberie et nous avons fait restaurer les boiseries dont une partie avait été conservée au grenier. L'artisan Yves Gravel de Saint-Jean-Baptiste de Rouville a restauré les boiseries et un autre artisan, Luc Bachand, de Waterloo s'est occupé des fenêtres et des vitraux. Ma famille et moi avons dû vivre dans la dépendance pendant six mois avant de pouvoir occuper la maison», confie-t-elle.

Sous la supervision de l'architecte Marie-Claire Laliberté, bien d'autres améliorations ont été apportées, tels l'ajout d'une entrée vitrée à l'arrière qui a la forme d'un gazebo, la réfection de la cuisine pour la rendre conforme aux exigences modernes, la construction d'une piscine extérieure à droite de la résidence, l'aménagement d'une nouvelle entrée menant au garage et la transformation de l'ancien mur extérieur du solarium converti en vivoir.

Après des investissements de plusieurs dizaines de milliers de dollars, la maison Tourville a ainsi retrouvé son lustre d'origine. La Ville de Montréal a tenu à couronner les efforts de ses propriétaires en lui remettant le Prix émérite du patrimoine de l'arrondissement d'Outremont. La résidence s'est également classée dans les cinq finalistes du concours La maison coup de coeur dont le gagnant sera connu en novembre.

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Dans le cadre de l'Opération patrimoine architectural de Montréal, qui célèbre cette année son 15e anniversaire, La Presse vous présente chaque semaine une des résidences sélectionnées dans les 23 arrondissements participants.