Pour plusieurs, il s'agit alors d'un cauchemar qui commence. «Ce n'est pas banal», décrit la psychologue Johanne Langlois, de la Clinique de contrôle du stress à Sainte-Foy. À son avis, il ne faut pas négliger la détresse vécue, même si elle est tout à fait normale.

Pour plusieurs, il s'agit alors d'un cauchemar qui commence. «Ce n'est pas banal», décrit la psychologue Johanne Langlois, de la Clinique de contrôle du stress à Sainte-Foy. À son avis, il ne faut pas négliger la détresse vécue, même si elle est tout à fait normale.

«On revoit la scène quand on entre et que tout est en désordre, illustre la spécialiste en situations de crise. Certaines personnes ont ce souvenir à répétition par la suite!» Car l'événement est suffisant pour créer un traumatisme. À la suite de ce véritable choc, une panoplie de symptômes peut apparaître, explique la psychologue. Sommeil perturbé, insécurité, «froideur» avec l'entourage, perte d'intérêt généralisé, hésitation à sortir ou encore une forme d'hypervigilance sont notamment des signes auxquels il faut s'attarder. «Habituellement, les symptômes du stress aigu peuvent se faire sentir de deux jours jusqu'à quatre semaines. Quand ça persiste plus d'un mois, ça peut être bien de consulter», suggère la professionnelle.

De tous les événements traumatisants, elle fait remarquer cette douloureuse particularité des vols dans les résidences. «La maison, qui est normalement perçue comme l'ultime refuge ne l'est plus, momentanément!» Et ici, impossible d'échapper à cette crainte. «On n'a pas le choix de l'affronter!» Car après quelques nuits passées sur le canapé d'un ami, il faudra rentrer. Savoir bien s'entourer pour se rassurer est alors primordial, juge-t-elle, en particulier pour les gens qui habitent seuls.

Cambrioleur parfumé

Alors en appartement à Limoilou avec sa copine, Olivier Lapointe est passé par là il y a deux ans. «En entrant chez moi, je pensais que mes chats s'étaient énervés un peu trop fort!» Quand il les a vus revenir de l'extérieur par la porte laissée ouverte et qu'il a constaté la fenêtre fracassée à l'arrière du logement, il a compris. «J'ai réalisé ce qui venait de se passer et ç'a déboulé.»

Disques compacts, lecteur DVD, caméra numérique, matériel de plein air et vêtements étaient envolés. À défaut d'un cambrioleur gentilhomme, M. Lapointe a sûrement reçu la visite d'un individu coquet puisqu'il a également emporté... du parfum et deux applicateurs de déodorant signé! Allez comprendre!

«Après, tu as l'impression de ne plus être chez vous. Il a vraiment tout fouillé!» Parmi les objets subtilisés, la caméra numérique a été une perte douloureuse. Pas autant pour sa valeur (il était assuré), que pour les souvenirs qu'elle contenait, se remémore le jeune homme.

Heureusement, la vie a vite repris son cours après quelques nuits hors de l'appartement et la pose de grillages aux fenêtres. Néanmoins, la visite a laissé des traces. «J'ai toujours été prudent pour le vol, mais là, je suis toujours un peu plus inquiet», admet Olivier. Heureusement, le cambrioleur parfumé n'est jamais réapparu chez les Lapointe.

Infraction courante

Malgré la légère baisse du taux de criminalité au pays au fil des ans, il reste que la situation est loin d'être réglée dans les chaumières. À preuve, selon les données présentées par le Centre canadien de la statistique juridique, l'entrée par effraction était le crime le plus répandu, avec 274 874 cas rapportés en 2002. Au Québec, les statistiques sur la criminalité en 2003 plaçaient ce type de délit au deuxième rang des crimes les plus signalés (17 %), derrière les vols de 5000 $ ou moins (28 %) et ce, malgré une baisse de 5 % dans les introductions, cette année-là. Pour ce qui est de la ville de Québec, il y a eu tout près de 3000 «intros» dans les résidences privées l'an passé. Un chiffre qui fluctue en dents de scie d'année en année et qui ne semble pas indiquer la fin des vols dans les résidences. Encore moins du travail des policiers!

Le constable Hugues Lavoie, du service des communications à la police de Québec est à même de constater. «On en voit de toutes les sortes!» Il raconte ces histoires qui vont du simple larcin commis à la hâte, au vol d'importance où l'on vide la maison au grand complet, tels des déménageurs. Comme ce cas à Val-Bélair, durant lequel les cambrioleurs ont poussé l'audace jusqu'à stationner leur Caravan directement dans la cour de la maison visée! «Une situation plus rare», admet cependant le constable Lavoie.

Même chose du côté du vandalisme. Le cauchemar des maisons sauvagement saccagées du sous-sol au grenier demeurerait heureusement une exception. Mais, comme le fait remarquer l'agent Lavoie, vitesse oblige, les voleurs font rarement dans la dentelle. C'est donc sans surprise qu'il y a souvent des dommages à la propriété. «Ils ne veulent pas s'éterniser dans la maison!»

Réagir

Quoi faire lorsque le pire se produit? «On touche à rien», avise l'agent Lavoie. Des indices pourraient toujours être accessibles. Puis, il y a l'évidence : appeler les forces de l'ordre et s'assurer que les cambrioleurs ont bien quitté!

«Dès que les policiers seront passés pour faire leur rapport, il sera possible de faire le ménage», précise Andrée Cadieux, directrice des services aux membres et aux consommateurs au Bureau d'assurance du Canada (BAC). Elle regrette que peu de gens tiennent une liste de leurs biens, au cas où ils recevraient une de ces visites non désirées. Consciente que l'exercice est fastidieux, Mme Cadieux propose au moins de noter les objets les plus attirants pour les voleurs : tout ce qui se revend bien et est facilement transportable comme les appareils électroniques, les CD, les DVD ou encore les bijoux. Cet inventaire trop souvent négligé facilite le processus de réclamation et diminue les oublis, vous permettant ainsi de vous remettre de vos émotions l'esprit plus tranquille.

Et pour cause, «après un stress aigu, il faut se voir comme en convalescence, résume Johanne Langlois. Il faut se changer les idées, se dorloter». Car comme l'explique la psychologue, il faut trouver la façon d'intégrer cet événement désagréable dans notre vie. Il finira par prendre moins d'importance, certes, mais on ne l'oubliera pas, prévient la spécialiste.

À lire

- Brochure du Bureau d'assurance du Canada intitulée Prévenir le vol et l'incendie. Information : 1 800 361-5131 ou www.ibc.ca.

- Revivre après un choc, d'Aurore Sabouraud-Séguin, aux éditions Odile Jacob (2001).