Au début de 2004, les deux étudiants de l'École d'architecture avaient soumis ce projet à leur professeur France Laberge, pour un cours de deuxième session du baccalauréat. À l'instar de leurs jeunes condisciples, ils avaient à concevoir des appartements pour trois familles de «saltimbanques urbains». Le premier, au niveau supérieur, pour Amélie et son amoureux, en attente de leur second enfant; le deuxième, pour le père d'Amélie, horticulteur en herbe, remarié à une infirmière, elle-même maman d'un adolescent; et le dernier, au rez-de-chaussée, pour Louise, une célibataire toujours en voyage, à l'emploi d'une compagnie aérienne.

Au début de 2004, les deux étudiants de l'École d'architecture avaient soumis ce projet à leur professeur France Laberge, pour un cours de deuxième session du baccalauréat. À l'instar de leurs jeunes condisciples, ils avaient à concevoir des appartements pour trois familles de «saltimbanques urbains». Le premier, au niveau supérieur, pour Amélie et son amoureux, en attente de leur second enfant; le deuxième, pour le père d'Amélie, horticulteur en herbe, remarié à une infirmière, elle-même maman d'un adolescent; et le dernier, au rez-de-chaussée, pour Louise, une célibataire toujours en voyage, à l'emploi d'une compagnie aérienne.

Amélie et sa petite famille vivent au troisième niveau dans un appartement ouvert, généreusement éclairé, qui dispose de trois chambres à coucher.

Sébastien et Mathieu ont opté pour un terrain à l'intersection des rues Franklin et de l'Aqueduc. Situé en face de la quincaillerie Charles-N. Paquet, le lot de forme incongrue hébergeait un vieux garage qu'ils ont fait démolir. Dans le récit qu'a fait Sébastien au Soleil et dans les plans soumis au professeur, tout est fictif, rappelons-le. Mais leur démarche en a été une «de terrain». Les deux étudiants se sont donc vraiment rendus sur place, pour observer la course du soleil, pour visualiser le sens unique de la rue Franklin et pour évaluer l'espace disponible afin d'aménager trois stationnements, trois escaliers, trois balcons.

«On a tourné en rond durant des semaines, a raconté Sébastien. On était en retard. On était découragés.» Mais les deux compères ont finalement abouti à un immeuble sur trois niveaux, avec trois entrées distinctes donnant sur la rue de l'Aqueduc, des escaliers intérieurs («pas de déneigement durant l'hiver», insiste le futur architecte) et des balcons à l'abri des voisins, comportant chacun ses portions ensoleillées et ombragées.

L'extérieur est en brique rouge, «un matériau très courant dans Saint-Sauveur», fait remarquer le garçon. Mais la partie qui s'avance en porte-à-faux est en bois, de manière à alléger l'effet cubique. Et en tout respect du langage architectural du quartier, les étudiants ont installé des linteaux au-dessus des portes et des fenêtres. Mais alors que les linteaux servent à solidifier la maçonnerie au-dessus des ouvertures, les leurs sont en verre, donc purement décoratifs.

Les corniches imitent celles du voisinage. Trois marquises identifient les entrées. Et devant les fenêtres du rez-de-chaussée, des bacs à fleurs soustraient les locataires aux regards des marcheurs, nombreux sur les trottoirs de Saint-Sauveur.

Chez le père d'Amélie, entre le salon et le balcon, une verrière. Comme il a le pouce vert, il profitera sans doute de l'abondante lumière.

Amélie et sa petite famille vivent au troisième niveau, dans un appartement de trois chambres à coucher. Son père vit au-dessous, et il a sa verrière, entre le salon et le balcon. Louise semble heureuse, dans son rez-de-chaussée où elle ne fait que passer. Les chambres et les espaces de vie ont été superposés, pour faciliter les relations entre des locataires aux modes de vie si différents.

Sébastien Pinard et Mathieu Leclère se sont partagé une bourse de 500 $, que leur a remise l'APCHQ lors de sa soirée Nobilis. Le jury a souligné l'originalité de leur projet, en regard des multiples contraintes liées à la forme irrégulière et à la superficie réduite du terrain sis à une intersection. Il a aimé la fonctionnalité et le généreux éclairage naturel des appartements. Et il a été séduit par la «volumétrie dynamique des façades» qui donne de la légèreté et de la fraîcheur au bâtiment.

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L'automne dernier, l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ) remettait pour une deuxième année de suite, des bourses totalisant 1000 $ à des étudiants de l'École d'architecture de l'Université Laval. Ce geste vise à intéresser les futurs architectes au secteur résidentiel et à sensibiliser les entrepreneurs à leurs talents. Sébastien Pinard et Mathieu Leclère ont été récompensés pour un projet d'immeuble à logements. Le Soleil résume leurs travaux, qui ont été réalisés à l'intérieur du cours atelier d'habitation.