La thermopompe est un climatiseur, d'abord. Un appareil de chauffage, ensuite. Pour le confort, elle est géniale. Quant aux économies de chauffage auxquelles elle donne lieu, elles ne sont pas toujours convaincantes.

La thermopompe est un climatiseur, d'abord. Un appareil de chauffage, ensuite. Pour le confort, elle est géniale. Quant aux économies de chauffage auxquelles elle donne lieu, elles ne sont pas toujours convaincantes.

 Pierre Robert est professeur en technologie du bâtiment au Cégep de Jonquière. Il s'y entend en thermopompe. De même qu'en robotique. Il fait la supposition que voici: vous habitez un bungalow dont les coûts en électricité de chauffage sont normalement de 1400 $ par an.

Votre thermopompe et sa mise en place vous coûtent 12 000 $, continue-t-il. Elle réduit de 40 % votre facture de chauffage. L'économie est donc de 560 $ annuellement.

Ce qui signifie que pour amortir le coût de l'appareil, il vous faudra 21 ans, alors que son «espérance de durée» est de 15 ans.

Entre-temps, il vous aura fallu remplacer le compresseur et la carte électronique; le premier étant, de tous les composants, le plus vulnérable parce que le plus sollicité. Sans compter, un déboursé d'au moins 70 $ par année pour la vérification complète du système. Et les intérêts sur le prêt que vous aurez contracté pour le payer.

Mais, selon des observateurs, 40 % est un idéal. Impossible ou presque à atteindre, cependant. Pour l'instant, en tout cas. Si un vendeur ou une vendeuse vous présente un tel argument pour vous persuader d'acheter, soyez sur vos gardes. Ne gobez pas ça. En fait, 25 % à 30 % serait plus proche de la vérité. Et encore.

Mais dans un contexte où des hausses des tarifs d'électricité sont appréhendées, lorgner la thermopompe est tentant. Pourvu qu'on y réfléchisse bien.

Plafonnier

Puis, si votre thermopompe est du type plafonnier (chaleur descendante), à défaut d'être jouxtée à un appareil de chauffage central (chaleur montante), l'économie est moindre.

Le plafonnier est particulier aux résidences chauffées par plinthes électriques. Les équipements moteurs sont mis en place dans l'entretoit avec des diffuseurs qui descendent dans chaque pièce. L'installation, estime-t-on, coûte entre 8000 $ et 10 000 $.

 Joint à un système de chauffage central, le prix serait au minimum de 4500 $, au maximum de 8000 $. Taxes exclues. Puisque, dans ce cas, la thermopompe s'accorde au ventilateur et aux conduits existants.

Gratuit

«Pour un appareil d'entretoit, votre facture annuelle d'énergie ne diminue pas, mais la climatisation que vous n'aviez pas avant est gratuite», explique, de son côté, le copropriétaire et chef des opérations chez Filtre-Plus de Québec, Carl Bolduc. Puisque l'économie de chauffage couvre la dépense d'énergie de climatisation.

Cependant, si chez vous celle-ci ne vous semble pas indispensable et que vous ne vous en serviez pas, l'économie est nette. Sans généralement dépasser 200 $.

Évident

Quant au confort, reprend Pierre Robert, il est évident. La température est constante. La chaleur, non stratifiée. Entre les pieds et la tête, pas de différence. Ou si peu. Car l'air est pulsé.

Bien sûr, on n'invite pas ses amis à venir voir sa thermopompe. Il est vrai qu'elle peut peser assez fort sur le budget de dépenses, mais elle améliore le bien-être. À la condition qu'elle soit de qualité, de puissance adéquate puis installée avec précision et dextérité.

Mais inutile d'investir dans un appareil de chauffage pareil «si votre maison perd de la chaleur en raison d'une mauvaise isolation des murs, des plafonds, des fenêtres et des portes ou parce que des ouvertures ou des fissures laissent passer de l'air», met en garde l'Office de l'efficacité énergétique, organisme qui relève de Ressources naturelles Canada.

Avant la thermopompe donc, isolez et colmatez! Autrement, vos économies d'énergie ne vaudront pas cher.

En fait, une thermopompe ne crée pas de chaleur. Elle la prend dans l'air. À l'extérieur, lorsqu'elle s'emploie à chauffer la maison. À l'intérieur, lorsqu'elle la climatise.

Un gaz circulant dans un serpentin (c'est l'évaporateur) la capte, est acheminé vers le compresseur qui le presse tout en élevant sa température jusqu'à ce qu'il se liquéfie. Il atteint enfin un autre serpentin (le condenseur) qui libère dans la maison la chaleur absorbée au début du cycle. Le liquide revient, est distendu (détendeur) jusqu'à ce qu'il se gazéifie et redevienne «calocapteur». Et ça recommence.

L'été, la thermopompe fait de même, mais par inversion. Cette fois, la chaleur est chassée dehors. Comme c'est le cas pour votre frigo qui est, à sa façon, une thermopompe... en mode refroidissement.

 Plus il fait froid dehors, plus il est difficile à la thermopompe de capter de la chaleur. Le nombre de kWh qu'elle génère décroît pour chaque kWh dont elle a besoin pour fonctionner.

À 10 °C, d'après l'Office de l'efficacité énergétique, le coefficient est normalement de 3. Soit trois kWh transférés pour chaque kWh fourni. À - 8,3 °C, il est de 2. Mais à - 20 °C, voire - 15, selon le type de thermopompe, n'en parlons plus. Le système de chauffage principal de la maison (mazout, gaz ou plinthes électriques) doit prendre le relais. C'est obligé. La thermopompe capitule, elle n'en peut plus.

Aussi, pouvons-nous généralement dire qu'une thermopompe ne permet des économies de chauffage que lorsque la température extérieure est au-dessus de «- 15 °C». À Fermont, par exemple, elle ne ferait pas le travail.

Comme acquéreur, il faut également prendre en compte le rendement énergétique saisonnier (c'est le RES, communément appelé SEER par les marchands). Il est peu efficace à 9, mais largement à 16. Voyez l'étiquette EnerGuide ou la fiche signalétique de l'équipement.

Un modèle qui marque 15,7, note Carl Bolduc, peut s'accommoder d'une température allant jusqu'à - 20 C. Un RES de 10 doit céder la place au système central à - 15 °C, parfois à - 12 °C. Plus le RES est haut, plus la thermopompe peut fonctionner par temps très froid et donner matière potentiellement à plus d'économies de chauffage.