«Avec les trois TV, les deux DVD et les deux téléphones, on a l'impression de louer un condo plutôt qu'un chalet.» Dans les Laurentides comme dans les destinations les plus prestigieuses des Cantons-de-l'Est, la flambée des prix de l'immobilier a transformé le marché des chalets.

«Avec les trois TV, les deux DVD et les deux téléphones, on a l'impression de louer un condo plutôt qu'un chalet.» Dans les Laurentides comme dans les destinations les plus prestigieuses des Cantons-de-l'Est, la flambée des prix de l'immobilier a transformé le marché des chalets.

Intérieur chaleureux d'un chalet dans les Laurentides. (Photo Rémi Lemée, La Presse)

«Au cours des trois derniers mois, on a assisté à une hausse du prix des propriétés de 3%, confirme Gilles Corbeil, président de la Chambre immobilière des Laurentides. En dix ans, les prix ont tout bonnement triplé. Il faut monter pas mal au nord de Mont-Tremblant pour obtenir une propriété ou un chalet pas trop cher.» Car les coûts de location, évidemment, ont suivi. Beaucoup ont donc migré vers la Conception, l'Ascension ou se sont déplacés légèrement vers l'est, comme M. Desroches. «Dans Lanaudière, c'est moins cher et encore un peu sauvage.»

Avec le temps et la pression des touristes étrangers plus exigeants, les chalets ont pris du galon. Exit les petits chalets chambranlants, voici les chalets-maisons entièrement équipés, lave-vaisselle, DVD et parfois même cinéma maison inclus.

En 1996 encore, le marché des chalets québécois était étiqueté comme du bas de gamme par les touristes étrangers. Ce n'est plus le cas, explique Simon Brouard, directeur de la qualité des produits et services touristiques au ministère du Tourisme du Québec. Aujourd'hui, tout propriétaire qui loue un chalet pour moins de 31 jours doit obligatoirement obtenir une attestation de classification du Ministère avec une cote progressive de 0 à 4 qu'on devra afficher bien à la vue.

«Le p'tit shack sur le bord de la track, ça n'existe plus», dit fièrement M. Brouard. Le Québec regroupe maintenant 1618 exploitants de chalets de courte durée (950 n'ont qu'un seul chalet à offrir). Plus de la moitié (858) obtiennent trois ou quatre étoiles contre 423 qui méritent deux étoiles, 79, une étoile et seulement huit sans étoile. Ils offrent au total quelque 7622 unités. Le coût: entre 75$ et 1000$ par jour. «Il y a des produits pour tous les goûts... mais peut-être pas pour toutes les bourses», admet M. Brouard.

«Les petits chalets bas de gamme ont quasiment disparu, et beaucoup de gens choisissent de ne pas louer parce qu'ils voudraient le faire plus spontanément, sans cadre et sans supervision», explique Jocelyne Labelle, éducatrice de garderie qui gère le site des chalets branchés, créé il y a six ans alors qu'elle était elle-même à la recherche d'un endroit de rêve. Nouvellement arrivé sur le Web, le site Locations vacances, a été créé par Gilles Thibault et présente 300 chalets regroupés selon des thèmes (la forêt, la mer...).

Vue extérieure d'un chalet au Lac Croche. (Photo Pierre McCann, La Presse)

Si l'on excepte le marché noir que le Ministère tente de réduire à sa plus simple expression, certains chalets loués pour de courtes périodes échappent tout de même au contrôle gouvernemental. Mais eux aussi ont dû suivre le mouvement de la valeur ajoutée. La SEPAQ offre toujours quelque 550 chalets dont les plus prisés sont tirés au sort (par exemple, un forfait familial quatre jours/quatre nuits à 368$).

Le réseau des pourvoiries y a aussi vu un moyen de faire des affaires hors des saisons traditionnelles de chasse et de pêche. À Saint-Zénon, la pourvoirie Trudeau, propriété des frères Auger, propose un forfait-famille du dimanche au vendredi à un coût variant entre 519,95$ et 739,95$, incluant pédalo, kayak, chaloupe et accès aux lacs du territoire. Pour séduire enfants et parents, on a même lâché des lapins, poules et canards aux alentours des chalets. Et gare à celui qui sortirait alors une 22...