Le «délirium» du 1er juillet est dans la continuité des choses. C'est le jour D, comme dans déménagement. Il est énergique, inéluctable et paraît coulé dans l'inconscient collectif.

Le «délirium» du 1er juillet est dans la continuité des choses. C'est le jour D, comme dans déménagement. Il est énergique, inéluctable et paraît coulé dans l'inconscient collectif.

Arthur Buies, ainsi que le soutient un dirigeant de la Commission de la capitale nationale, a contribué à écrire l'histoire du Québec et de Québec telle qu'en action. Il s'est aperçu que, chez nous, on ne tenait plus en place après les longs hivers. Déménager était une hantise, un sport national peut-être.

Curieuse manie

Si l'explication nette de ce curieux «délire» paraît toujours échapper aux sociologues, psychologues et historiens actuels, l'ardent courriériste, qui au reste a signé plusieurs textes dans Le Soleil, avait sa petite idée là-dessus. Voici ce qu'il écrivait au printemps de 1872 à ce sujet.

«D'où vient donc cet usage immémorial et universel des déménagements? D'où vient cette tentation irrésistible de casser ses meubles, régulièrement une fois par année, et de payer deux fois le prix de son loyer en réparations, en blanchissage à la chaux, en nettoyage, en papier-tenture, etc. D'où vient cette manie qui s'empare de tout le monde, riches et pauvres?»

«Le déménagement est une fureur, une frénésie, une des formes de ce besoin insatiable de renouvellement, de déplacement et de mouvement qu'éprouvent au printemps tous les êtres animés.»

«On quitte sa demeure comme l'oiseau quitte son vieux nid, comme on jette de côté ses fourrures, ses mocassins, ses gros châles. En outre, il est des attachements qui ne peuvent jamais se former, même par les meilleurs rapports, comme ceux entre propriétaires et locataires.»

Assez près du compte

Admettons, enfin, que Arthur Buies était assez près du compte quant au prix d'un déménagement, soit «deux fois et demie le prix de son loyer.»

On s'entend d'ordinaire pour dire que déménager, actuellement, coûte au bas mot 800 $. Et même quelques milliers de dollars si l'on compte le transport, la rupture et le renouvellement des services (téléphone, électricité, câble, etc.), l'achat de meubles, d'accessoires, de rideaux. Sans compter les dépenses festives entourant la pendaison de la crémaillère.

Arthur Buies constatait aussi l'état lamentable de certains logis. Il trouvait que les propriétaires n'avaient pas d'opinion arrêtée sur l'hygiène.

«Ils se contentent d'admettre en principe général que plus un loyer est élevé, plus une maison est saine», écrivait-il.