C'est le pari que fait Les Investissements Mirelis, promoteur du projet Les Ateliers 7030 Marconi, situé dans le quartier de la Petite-Italie, à Montréal.

C'est le pari que fait Les Investissements Mirelis, promoteur du projet Les Ateliers 7030 Marconi, situé dans le quartier de la Petite-Italie, à Montréal.

Jouxtant une voie ferrée et de vieux entrepôts, ce projet propose 24 authentiques lofts aménagés dans une ancienne usine de textile construite dans les années 40. La reconversion a presque tout préservé de l'aspect shop: les hauts plafonds en lattes de bois ont été sablés au jet, les poutres et les colonnes en acier sont apparentes, les gicleurs serpentent au plafond et les planchers sont couverts de dalles de béton. Bref, une ambiance digne du film Un zoo la nuit, avec toutefois une touche luxueuse.

Chaque appartement possède une fenestration généreuse et au moins une fenêtre de style «porte de garage», procurant beaucoup de lumière aux appartements-ateliers. Pour les artistes en art visuel, c'est un atout précieux.

Les concepteurs ont prévu une acoustique et une insonorisation supérieure afin de satisfaire les musiciens. Tout cela dans un projet situé à proximité du boulevard Saint-Laurent, du métro Parc et du marché Jean-Talon.

Selon Dorothy Karkoukly, représente des ventes, on vise à créer dans cette bâtisse une synergie entre les artistes venant de divers horizons. Peintres, photographes, sculpteurs et musiciens échangeront leurs idées dans les corridors et exposeront dans leurs lofts. «Le marché des ateliers d'artistes demeure inexploité à Montréal», affirme la représentante.

Reste à voir si les artistes montréalais possèdent le compte en banque nécessaire pour emménager dans de luxueux lofts. Les prix vont de 175 000$ à 240 000$ pour des logements sans cloison de 900 à 1300 pieds carrés. Le promoteur ne ferme donc pas la porte aux comptables et autres professionnels désireux d'y vivre.

Mais il y a un hic. Le 7030, Marconi est zoné «ateliers d'artistes et d'artisans», ce qui stipule que les deux tiers de la superficie du loft devraient être consacrés à l'atelier. En vendant des appartements à des gens qui ne sont pas artistes, le promoteur contrevient au règlement de zonage, affirme François Purcell, conseiller municipal du secteur et président du comité consultatif d'urbanisme de l'arrondissement de Rosemont-La-Petite-Patrie.

Dans la résolution du 7 juin 2004 du conseil d'arrondissement concernant la transformation de cet immeuble, il est spécifié que «les locataires ou les acheteurs éventuels devront obtenir un permis d'occupation de la Ville pour leur atelier et l'aménagement de celui-ci devra être conforme aux exigences réglementaires».

La Ville entend-elle s'assurer du respect de la réglementation? Probablement pas, avoue M. Purcell. «C'est une obligation qui n'a pas de muscles. De toute façon, le secteur est délabré et le bâtiment était vacant depuis des années. On ne pouvait se permettre de refuser cet investissement», admet-il.

Donc, on ferme les yeux dans l'espoir de revitaliser le secteur. Cependant, M. Purcell prévient les futurs acheteurs qu'en habitant dans un atelier d'artiste, ils payeront davantage de taxes municipales. De plus, s'ils ne sont pas artistes, les occupants s'exposent à des poursuites judiciaires qui pourraient les forcer à quitter leur logement. Un acheteur averti en vaut deux!