«Il ne pouvait en être autrement», commente Jules Hurtubise, auteur de l'étude Bilan et perspectives d'absorption des nouveaux projets de construction de copropriétés.

«Il ne pouvait en être autrement», commente Jules Hurtubise, auteur de l'étude Bilan et perspectives d'absorption des nouveaux projets de construction de copropriétés.

Commandée par la direction de la garantie des maisons neuves de l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ), la nouvelle étude a de quoi inquiéter.

Depuis 2002, le nombre de mises en chantier a atteint des proportions records. De 28 % en 2001-2002 à 32 % en 2003, la part de marché des copropriétés s'est élevée à 37 % en 2004. En effet, le nombre de mises en chantier d'appartements en copropriété, dans la région métropolitaine, est passé de 3763 en 2001, à 5687 en 2002, pour atteindre 7893 en 2003. Et en 2004, il s'en est construit 9500! Les secteurs les plus touchés par cette hausse sont le centre-ville, l'Île-des-Soeurs et Anjou.

Un rapport commun de Statistique Canada et de la SCHL, révèle que les prix des habitations ont monté plus vite de 1996 à 2003 que dans la première moitié des années 90. Le rythme de la construction résidentielle s'est activé grâce à l'amélioration des conditions économiques des acheteurs. La croissance accélérée des revenus y est pour beaucoup. Mais les faibles taux hypothécaires ont aussi contribué à cette hausse. Dans la plupart des régions métropolitaines au pays, dans la seconde moitié des années 90, l'offre s'est resserrée.

À Montréal cependant, l'accroissement démographique de 1996 à 2003 a été de 40 % inférieur à la tendance des grandes régions urbaines canadiennes. Une donnée dont les constructeurs n'ont pas suffisamment tenu compte.

Appartements moins spacieux

Pour réussir à vendre leurs appartements, certains constructeurs ont diminué la superficie de leurs appartements de façon à en baisser les prix. Le coût au pied carré demeure cependant inchangé.

En 2003, la superficie moyenne d'un appartement était de 1200 pieds carrés. En 2004, cette moyenne s'approchait davantage de 800 pieds carrés. Selon l'étude, en 2005, 80 % des appartements en chantier ont une superficie de 800 pieds carrés et moins. Or, entre 1991 et 2001, le nombre de personnes seules a augmenté de 28,8 % dans les régions métropolitaines canadiennes, d'où la demande pour des superficies réduites. «Un retour vers des superficies plus grandes est envisageable, mais il faudra être patient», selon l'étude.

Ce bouleversement n'est pas unique au Canada. Il touche l'ensemble de l'Amérique du Nord. La popularité des appartements en copropriété a augmenté en flèche depuis la fin des années 90 dans le centre des grandes villes.

Se voulant rassurant, Jules Hurtubise explique que c'est une pause, pas un effondrement. «Cela n'a rien à voir avec l'état du marché de 1992», explique-t-il.

N'empêche que l'enjeu est de taille pour les appartements dont la construction se termine et ceux qui seront mis en vente au printemps.

Le secteur le plus durement touché est celui des appartements vendus à 300 $ le pied carré. Conséquence directe de ce phénomène, la revente des copropriétés de luxe est lente. Pour les appartements de prix moyen, la tendance est aussi à la baisse. «Cela devrait durer au moins six mois, commente M. Hurtubise. Nous sommes dans un entonnoir. C'est un marché d'acheteurs.»