Comme dans la comptine, les colchiques forment de belles taches lumineuses roses, lilas ou blanches dans le jardin déclinant en fin de saison. Contrairement aux autres bulbes à floraison automnale vendus au début de septembre, il fleurit presque aussitôt sorti de sa boîte. On dirait une fleur instantanée. Et la belle revient année après année.

Chez les diverses espèces de crocus d'automne, notamment Crocus sativus, celui qui produit le safran, ou encore le magnifique Crocus speciosus, il faut habituellement attendre un an avant de les voir s'épanouir. Bien qu'il y ait des exceptions, méfiez-vous des catalogues qui vous promettent une floraison après la plantation en octobre ou novembre.

À vrai dire, le seul bulbe qui remplit ses promesses dès sa mise en terre est le colchique. Le plaisir est immédiat. D'ailleurs, la hampe florale d'une quinzaine de centimètres de longueur est parfois bien présente dès la livraison chez le marchand. Vous n'avez qu'à planter le bulbe à environ 15 cm de profondeur et la floraison devrait survenir rapidement. Si vous le préférez, vous pouvez faire germer le bulbe dans un pot sans terreau. Vous n'aurez ensuite qu'à le mettre en terre dans un endroit mi-ombragé, sous des feuillus, et il embellira votre jardin chaque année.

Les plantes bulbeuses qui fleurissent l'automne ont un comportement particulier dont il faut ternir compte lors de la plantation. Le feuillage apparaît au printemps pour ensuite disparaître au moment où, après avoir fait le plein de réserves énergétiques, le bulbe tombe en dormance durant tout l'été. Puis, il se réveille l'automne, habituellement en septembre dans le cas des colchiques. Les fleurs poussent en étant complètement dépourvues de feuillage, ce qui les rend encore plus spectaculaires.

Le plant de colchique est dressé, ses feuilles allongées sont relativement denses et atteignent de 30 à 60 cm de hauteur. Au printemps, il n'a rien de décoratif. Aussi faut-il choisir un endroit adéquat où planter les bulbes pour bien voir les fleurs l'automne venu. Rustique en zone 4, la plante exige un sol bien drainé. Plusieurs variétés sont offertes sur le marché, habituellement dans des tons de rose, dont le superbe «Waterlily» à fleurs doubles. Malheureusement, il a tendance à se retrouver au sol après une pluie. Colchicum automnale «Album», rustique en zone 3, est de couleur blanche. Chez moi, il fleurit depuis une dizaine d'années.

Le retard des crocus

Les raisons expliquant la difficulté des crocus d'automne à fleurir immédiatement après la plantation ne sont pas très claires. Pourtant, il est fréquent que la hampe florale soit déjà formée dans les boîtes de livraison. Même dans ces circonstances, la floraison est presque toujours un échec, du moins si je me fie à mon expérience.

Mais ce n'est pas une raison pour ne pas en acheter. Au contraire, il suffit d'être patient. Car une fois plantés, les crocus d'automne poussent pendant des années sans entretien. Dans la région de Montréal, ils font leur apparition vers la mi-octobre et persistent durant le mois de novembre, parfois même plus tard, jusqu'à ce que plusieurs gels successifs mettent un terme à leur spectacle. Les fleurs résistent souvent même aux premières neiges de la saison.

L'espèce la plus facile à trouver et à cultiver est Crocus speciosus. D'un bleu délicat, il ajoute une touche de ciel dans le jardin au moment où celui-ci est bien terne. Je les plante en compagnie des crocus à floraison printanière, ce qui évite ainsi de confondre leur feuillage avec de la mauvaise herbe. Quant au crocus à safran (Crocus sativus), il est extrêmement capricieux, résiste mal à nos durs hivers et nos étés humides. Rares sont ceux qui l'ont conservé longtemps. Il exige un sol rocailleux, très bien drainé et de grandes chaleurs estivales, mais du temps sec. En culture commerciale, il pousse en milieu semi-aride.

Photo: Alain Roberge, La Presse

Le Crocus speciosus s'épanouit habituellement à partir de la fin d'octobre et parfois même jusqu'en décembre.

Photo: Kempei, Wikimedia Commons

Le crocus produisant le célèbre safran est difficile à cultiver au Québec.