À la fête de la Saint-Jean, les amateurs de jardinage célèbrent aussi la beauté de l'iris. Tout simplement parce qu'à cette époque de l'année, la majorité de ces plantes, dont notre emblème floral bleu violacé panaché de jaune et de blanc, se donnent en spectacle.

En 1999, l'iris versicolore est devenu l'emblème floral du Québec.

Il en aura fallu, des années, pour que justice soit rendue alors que nous étions la seule province du Canada à avoir comme emblème une plante non indigène, soit le lis de la Madone. D'origine européenne, cette espèce semblable à notre lis de Pâques est ironiquement peu ou pas rustique au Québec.

Fête nationale rime aussi avec fleurdelisé, drapeau aux quatre fleurs de lys. En réalité, il s'agit de la fleur adoptée au XIIe siècle par Louis VII dans le but de représenter la France et la chrétienté. Or, avec le temps, il semble que la fleur de Louis soit devenue fleur de lys. À l'origine, la fleur du roi était un... iris des marais, tout de jaune vêtu, souvent vendu ici sous son nom scientifique d'Iris pseudacorus. La plante s'est évadée de culture, et s'est mise à pousser en nature un peu partout dans le monde, même au Québec sur le bord de l'eau, et elle est habituellement en fleur... à la Saint-Jean-Baptiste.

Depuis quelques années, il y a même un nouveau venu dans le groupe: Iris hollandica, celui que vous achetez chez le fleuriste. Jusqu'à tout récemment, ces hybrides originaires des Pays-Bas et vendus habituellement sous le nom d'iris hollandais n'étaient pas considérés comme rustiques chez nous. Or le réchauffement climatique a parfois des effets positifs: les bulbes (ce sont des iris bulbeux par rapport aux iris à rhizomes comme I. versicolor) des iris hollandais résistent maintenant à notre hiver dans plusieurs jardins de la région métropolitaine (zone 5). Chez moi, plusieurs refleurissent sans problème depuis huit ou neuf ans, sans montrer de signe de dégénérescence ou de fatigue, comme chez plusieurs tulipes, par exemple. Les fleurs aux coloris multiples sont relativement grosses et apparaissent habituellement à la mi-juin, un peu plus tard pour les spécimens poussant en milieu légèrement ombragé. La floraison est toutefois relativement courte, rarement plus d'une semaine, surtout pendant de grandes chaleurs. Ils se vendent l'automne en même temps que les bulbes à floraison printanière. Évidemment, si vous ne les avez pas plantés l'an dernier, il est trop tard pour qu'ils se joignent à notre fête de l'iris. Mais plusieurs autres sont aussi au rendez-vous.

Plusieurs iris hollandais comme «Apollo» peuvent être rustiques en zone 5.

Iris hollandais «Professor Blaauw». Notre iris national

La floraison de l'iris versicolore a lieu de mai à août selon la région. En plein soleil, dans la zone 5, elle débute en juin pour se terminer à la fin du mois. Mais si vous disposez certains de vos plants à la mi-ombre, ils fleuriront une ou deux semaines plus tard. Je me souviens d'avoir vu, dans la réserve faunique Rouge-Mattawin, dans les Laurentides, une touffe d'iris qui fleurissait à la mi-août parce qu'elle était à l'ombre. La plante est rustique dans la plus grande partie du Québec, même en zone 2.

Il existe aujourd'hui plusieurs hybrides d'iris versicolore, habituellement plus jolis que la plante mère et offerts un peu partout. Au jardin, l'iris, qui atteint de 60 à 90 cm, se contente d'un terreau ordinaire, mais préférera un sol riche retenant l'humidité.

Photo Pierre Gingras

Les iris de Sibérie

Les iris de Sibérie figurent parmi mes préférés. J'aime la délicatesse de leurs fleurs, la diversité de leurs coloris, leurs feuilles élancées et très étroites qui restent d'un beau vert foncé toute la saison. Faciles d'entretien, ils prennent de l'ampleur avec les années. Comme c'est le cas de la plupart des iris, on les divise quand le centre du plant commence à se dégarnir, une situation attribuable au manque de lumière.

Les iris de Sibérie se cultivent au soleil, mais fleuriront aussi abondamment sous une ombre légère. La hampe florale donne de trois à cinq fleurs et la floraison s'étale sur trois semaines. Les variétés tardives sont encore en fleurs à la fin du mois de juin si la chaleur n'est pas trop intense. Cet iris indigène dans plusieurs pays d'Europe est rustique chez nous en zone 3. Il est aussi peu attaqué par le perceur de l'iris qui a décimé plus d'une colonie d'iris de jardin (ou iris barbus) que je ne cultive plus depuis des années, exception faite de ceux qui ont résisté à l'insecte.

Photo Pierre Gingras

Iris du Japon

Les iris du Japon ou Iris ensata, de leur nom scientifique, s'épanouissent à partir de la Saint-Jean pour deux bonnes semaines et souvent trois. Les fleurs sont très grandes, parfois 15 cm de diamètre, surtout dans les fleurs doubles. La gamme de coloris est inimaginable puisque les hybrides se comptent par centaines. Ils atteignent de 80 à 90 cm. On les cultive dans un sol ordinaire, même lourd, et on les arrose en période de sécheresse durant la floraison. Il faut amender le terreau de temps à autre avec un compost. Sensible aux excès d'humidité hivernale, l'iris du Japon doit être placé dans un endroit où l'eau s'égoutte facilement. Il est rustique sans protection hivernale dans la zone 4.

Photo fournie par Jardins Osiris

Iris de Louisiane

Regroupant plusieurs espèces distinctes, les iris de Louisiane restent peu connus chez nous et peuvent être difficiles à trouver même s'ils figurent au catalogue de quelques grossistes. Rustiques en zone 4, ces iris ont une floraison qui débute habituellement vers la fin du mois de juin. Le nombre d'hybrides est restreint sur le marché québécois et le plus répandu, semble-t-il, est le «Black Gamecock», une splendeur. Iris louisiana a une double personnalité. Il peut pousser dans un sol ordinaire, mais qui conserve bien l'humidité, comme c'est le cas chez moi, même à la mi-ombre, ou encore, les pieds dans l'eau, à 10 ou 15 cm de profondeur. Dans ce cas, il peut fleurir durant cinq à six semaines, deux fois plus longtemps que dans une platebande.