Voilà bien des années que l'industrie horticole tente d'obtenir une réponse à cette question plus pertinente que jamais. Déjà chez nos voisins américains, le jardinage, au sens large du terme, est en perte de vitesse.

Voilà bien des années que l'industrie horticole tente d'obtenir une réponse à cette question plus pertinente que jamais. Déjà chez nos voisins américains, le jardinage, au sens large du terme, est en perte de vitesse.

La population vieillit et les jeunes ne sont pas très excités par la bêche et le râteau. La croissance extraordinaire de l'horticulture ornementale au cours de la dernière décennie devrait donc s'estomper progressivement, bien que dans ce domaine, le Québec semble avoir le vent dans les voiles encore pour un petit moment. Il n'en reste pas moins que les principaux artisans de l'horticulture devront éventuellement faire des efforts importants pour séduire les amateurs de jardinage.

Et pour que la séduction donne des résultats, il vaut mieux connaître la personne visée. L'enjeu est de taille, faut-il le rappeler. Au Québec, ce domaine représente des ventes annuelles de 1,5 milliard (au détail), et fait vivre 6000 entreprises qui procurent du travail à 40 000 personnes. La Fédération interdisciplinaire de l'horticulture ornementale, un organisme particulière dynamique mieux connu sous son acronyme de FIOHQ (elle regroupe notamment les jardineries, les pépinières, les paysagistes, les pourvoyeurs de services, etc.), a commandé ces derniers mois un sondage afin de découvrir qui nous sommes, portrait incomplet il va sans dire mais parfois étonnant.

Les jardiniers forment donc un groupe très important puisque 89 % des consommateurs du Québec disent s'adonner à cette activité. La moitié d'entre eux vit dans la grande région métropolitaine, les autres étant disséminés un peu partout en province. L'amateur d'horticulture est propriétaire d'une résidence, surtout unifamiliale, il est âgé de plus de 35 ans, sa famille compte souvent plus de trois personnes, sa scolarité est plus grande que celui qui ne jardine pas et son revenu familial est beaucoup plus élevé.

Près de la moitié d'entre eux affichent un revenu familial annuel de plus de 50 000 $. Soulignons que dans ce domaine, le féminin l'emporte la plupart du temps sur le masculin, puisque ce sont surtout des femmes qui travaillent au jardin. On jardine d'abord pour améliorer l'aspect de son terrain, mais la moitié des amateurs s'adonnent à la culture des plantes parce qu'il s'agit d'un passe-temps agréable ou d'un excellent moyen de détente.

Près de 10 % tiennent aussi à consommer des légumes frais ou biologiques. Une donnée qui surprend un peu puisque les ventes de graines de plantes potagères étaient en baisse il y a quelques années à peine. Les produits horticoles les plus en demande sont dans l'ordre : la terre et le compost, les annuelles et les vivaces. Mais en valeur absolue, c'est le gazon (plaques ou semis), les éléments décoratifs, les arbres (et arbustes), les vivaces et les fleurs coupées qui représentent les plus grandes dépenses.

À ce chapitre, les annuelles et la terre (en incluant compost et paillis) arrivent respectivement au 6e et 7e rang. Au cours de la dernière année, les jardiniers ont dépensé 313 $ en produits et 113 $ en frais de service, en grande partie pour l'entretien de la pelouse. Le sondage nous apprend en outre qu'une majorité des consommateurs-jardiniers (60 %) ne planifie pas ses achats, ce qui est considérable, et que le choix se fait en magasin.

Un jardiner sur cinq reconnaît acheter uniquement de façon impulsive. Par ailleurs, ce sont les revues spécialisées qui arrivent loin en tête parmi les sources d'information consultées avant de procéder à un achat. Une donnée pour le moins surprenante quand on sait que le nombre de magazines québécois consacrés à l'horticulture se limite à deux ou trois. Par contre, leur lectorat est considérable puisqu'il se situe autour de 600 000.

Les autres sources consultées sont les parents et les amis, les émissions de télé, les spécialistes en horticulture et les chroniques spécialisées publiées dans les journaux. La situation semble paradoxale. Alors qu'aux États-Unis, l'horticulture affiche une baisse, le sondage de la FIOHQ semble indiquer qu'au Québec, les affaires seront encore plus prospères, du moins au cours des trois prochaines années. En dépit du printemps et de nos week-ends d'été pluvieux, le chiffre d'affaires des centres de jardin a augmenté de 2 à 3 % cette année.

Près du quart des jardiniers ayant répondu au sondage indiquent qu'ils ont l'intention d'acheter encore davantage de produits horticoles dans un proche avenir, alors que 65 % disent qu'il maintiendront le rythme de leurs achats. Une faible proportion seulement, dont plusieurs personnes de 65 ans et plus, prévoit réduire leurs dépenses horticoles. Vivaces, terre, compost, annuelles, objets ornementaux sont parmi les produits susceptibles de susciter encore plus d'enthousiasme. S'ajoutent aussi à cette liste les plantes potagères et les fines herbes.

C'est dans les centres de jardin que l'on achète la plupart de nos plantes et le gazon en plaques, mais ce sont les grande surfaces qui sont privilégiées pour les pesticides, terreaux, objets décoratifs et plantes d'intérieur. Quant aux services horticoles qui pourraient gagner en popularité, du moins à court terme, c'est l'entretien du gazon qui domine et de loin: plus de la moitié des services retenus. La civilisation du gazon n'a pas dit son dernier mot!

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Ce sondage a été mené par la firme Marcom-DDM auprès de 1200 personnes. La marge d'erreur est de 3,6 %, 19 fois sur 20.