Diane Métayer et Marcel Héroux n’y connaissaient pratiquement rien en jardinage, en 1981, lorsqu’ils ont acheté leur duplex jumelé dans Ahuntsic, à Montréal. Guidés par leur amour des fleurs, ils ont utilisé tous les outils à leur disposition pour métamorphoser leur lopin de terre.
Ils ont appris par eux-mêmes. « Il n’y avait pas de plantes chez nos parents, explique Diane Métayer. Il y avait une cour, où les enfants jouaient, c’était à peu près tout. Mais nous, on avait le goût d’avoir des fleurs. On a acheté beaucoup de livres, parce que dans le temps, il n’y avait pas l’internet. J’ai suivi des cours au Jardin botanique de Montréal. Je voulais un potager, mais je ne savais pas comment faire. »
Seuls quelques arbres collés sur une clôture occupaient la cour gazonnée. Ils ont couché sur papier leurs aspirations. Outre un potager, Diane Métayer désirait une plate-bande fleurie. Marcel Héroux voulait une roseraie et un jour, un bassin.
Ils ont concrétisé un à un leurs projets. Quand est venu le temps d’aménager le bassin, en 1995, ils se sont presque découragés devant l’ampleur de la tâche.
Sous le gazon, il y avait environ 9 po de belle terre. Mais en dessous, c’était de la terre de remplissage. Il y avait des grosses roches, de la vaisselle et des matériaux de construction. Ce n’était vraiment pas joli.
Diane Métayer, propriétaire
« Marcel a commencé à creuser, mais il s’est tanné, ajoute-t-elle. Je ne voulais pas qu’il abandonne son rêve. Je me suis mise à creuser à la truelle pour enlever les roches une par une. Comme cela a finalement donné des résultats, on s’est acheté un pic, puis on a creusé au pic et à la pelle. On a beaucoup travaillé. Dans sa partie la plus creuse, le bassin a jusqu’à 4 pi de profondeur. »
Elle ne se souvient pas à quel moment des poissons sont apparus. Peut-être que leurs deux filles en voulaient. Au fil des ans, ils ont hérité des poissons de deux voisins. Bon an, mal an, entre 30 et 40 poissons évoluent dans l’étendue d’eau artificielle animée par une chute.
En constante évolution
Au cours des 40 dernières années, le jardin a évolué au même rythme que la famille. À un certain moment, une piscine hors terre a été installée au fond de la cour. Elle a promptement disparu quand les enfants ont cessé de se baigner et que les parents en ont eu assez de l’entretenir. Marcel Héroux en a profité pour aménager un petit ruisseau.
« On a fait beaucoup d’essais et d’erreurs parce que, d’une part, on ne connaissait pas ça et, d’autre part, la nature a changé, révèle Mme Métayer. Les arbres chez les voisins ont grandi, faisant de l’ombre à des plantes qui n’étaient plus heureuses où elles étaient. On en a souvent transplanté, suivant les conseils d’une voisine, qui était slovaque et centenaire. Elle nous disait : “Si elle n’aime pas ça, ta plante, tu la déménages.” C’est ce qu’on a fait régulièrement. »
Certains secteurs sont plus ombragés que d’autres. Le couple s’installe à différents endroits au gré des saisons. « À certains moments, on va plus dans des coins ensoleillés, comme sur le banc qui est près de l’eau, précise Mme Métayer. Quand il fait très chaud, on va dans des coins plus retirés.
J’ai fait mon doctorat en bioéthique dans le fond de ma cour parce que c’était à l’ombre. J’apportais mon portable et j’étais isolée. C’était tranquille.
Diane Métayer, propriétaire
« J’étais dans la nature, avec juste les oiseaux autour de moi, ajoute-t-elle. C’était plus agréable que de travailler dans le sous-sol. »
Des passionnés
La psychoéducatrice était déjà à la retraite quand elle a obtenu son doctorat. Elle a de nouveau trouvé son inspiration dans le jardin lorsqu’elle a contribué à la rédaction d’un livre avec des collègues. « C’est un milieu très calme, précise-t-elle. On entend davantage le bruit de l’eau derrière que celui d’un autobus, en avant. »
Diane Métayer et Marcel Héroux sont aussi des collectionneurs. En témoigne leur assortiment de champignons et de grenouilles, que leurs proches ont contribué à enrichir. Au gré de leurs voyages, ils ont aussi rapporté des objets (comme cette jolie table bistro rapportée de l’île d’Orléans) et beaucoup d’idées. Ils ont ainsi découvert l’existence du patron des jardiniers, saint Fiacre, lors de la visite d’un magnifique jardin à Saint-Hilarion, dans Charlevoix. Ils ont décidé de lui réserver une place de choix au sein de leur propre jardin.
Plutôt que de se battre avec les guêpes et les moustiques, les propriétaires ont agrandi leur maison et ont aménagé au rez-de-chaussée une salle à manger dotée de grandes fenêtres afin d’avoir l’impression de prendre leurs repas à l’extérieur à longueur d’année. Dès qu’il fait beau, ils mangent tout de même dehors sur leur terrasse. La roseraie et les vivaces, fleurissant les unes après les autres, leur offrent un spectacle dont ils ne se lassent jamais.