Les plantes apportent beaucoup de bienfaits aux gens. Encore davantage avec la pandémie. C’est même considéré comme un produit essentiel en cette période de reconfinement. C’est par ailleurs avec le mot « folie » que certains marchands décrivent l’engouement actuel pour les plantes.

« T’as viré folle, toi aussi ? »

Vous avez développé une passion pour les plantes depuis le début de la pandémie ? Vous n’êtes pas seuls. Or, un grand intérêt pour les plantes est relatif quand on parle à Julie Beaulieu.

En juillet 2019, la photographe montréalaise avait trois plantes. Aujourd’hui, elle en compte près de 300. Et elle en prend grand soin.

Tout a commencé après un réaménagement de son appartement. Son amoureux et elle voulaient plus de plantes. « Ma mère a toujours eu le pouce vert, mais pas moi. Même que cela me stressait », raconte Julie Beaulieu.

Elle a donc fait appel aux services de Sarah Nagué, de la boutique en ligne Miss Boon. Cette dernière lui a conseillé quelques plantes.

Quand Julie Beaulieu amorce quelque chose, elle ne le fait pas à moitié. Elle trouvait ça « plate » de s’occuper de seulement quelques spécimens, donc elle a commencé à les accumuler.

Photographe de mariage, Julie Beaulieu aime être entourée de gens. Elle est aussi immunosupprimée, de sorte que la pandémie l’a forcée à réduire au maximum ses contacts humains.

Les plantes ne parlent pas, mais sont une présence. Quand Julie Beaulieu en prend soin (deux heures par jour), c’est de la « méditation ». Mais c’est aussi très « valorisant ». Il y a toujours quelque chose à apprendre avec les plantes, souligne-t-elle. « C’est apaisant, poursuit-elle. Quand t’en réchappes une, c’est la gloire. Quand ta plante princesse calathea fait une feuille, tu es fière. »

Julie Beaulieu a développé un rapport maternel avec ses plantes. Elle est particulièrement fière de son Alocasia Frydek et de sa Calathea Triostar. « Quand ta plante va bien, c’est comme si elle te dit “je t’aime”. C’est comme un enfant… qui ne pleure jamais », ajoute-t-elle en riant.

« C’est fou »

« C’est fou ! Surtout avec la pandémie », lance William Plamondon-Huard, cofondateur de la boutique de plantes en ligne Plantzy.

Lors d’une conversation avant Noël, il était en « rush de cadeaux corpos ».

Une plante est un cadeau idéal de pandémie et de télétravail. Des études montrent que d’avoir des plantes dans son environnement augmente la productivité, l’efficacité et l’attachement au lieu.

William Plamondon-Huard

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

William Plamondon-Huard, cofondateur de la boutique de plantes en ligne Plantzy

Les plantes apportent de grands bienfaits. Même de la gratification, affirme le fils d’une fleuriste. « Des plantes, c’est rassurant. On a un certain contrôle sur la plante. On la voit grandir. »

Dominic Raîche et William Plamondon-Huard ont cofondé Plantzy, il y a six ans. C’était l’une des premières boutiques en ligne de plantes très active sur les réseaux sociaux.

Le public cible visé ? Les urbains de 18 à 34 ans, qui veulent « des plantes et qui ne savent pas comment » et qui cherchent une expérience d’achat différente de celle d’un fleuriste traditionnel ou d’un magasin de grande surface.

« Le temps nous a donné raison, lance William Plamondon-Huard. Aujourd’hui, les boutiques de plantes en ligne se sont multipliées. »

Citons Alma Plantes, Dimanche cool et Rolling pop-up. Sans compter les boutiques bien établies qui font aussi de la vente en ligne, dont Le Jardin de Mathilde et Binette et Filles.

Une serre dans son appartement

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Sarah Nagué, de la boutique en ligne Miss Boon

Sarah Nagué a fondé la boutique en ligne Miss Boon en 2018, alors qu’elle était en congé de maternité. Elle a commencé à vendre des boutures sur Marketplace pour tester le marché, pour ensuite vendre des plantes depuis son appartement de Villeray. « Habituellement, l’été est ma saison basse. Mais l’été dernier, mes ventes ont triplé. »

Elle le dit elle aussi : « C’est la folie ! » « C’est même devenu difficile de commander des plantes », note-t-elle.

Sarah Nagué propose également des services d’entretien et de design végétal pour les entreprises, ainsi que des consultations à domicile.

Pour l’approvisionnement des plantes populaires et tendance, elle fait affaire avec des grossistes canadiens. Quant à celles qu’elle importe, elle a des fournisseurs étrangers, notamment asiatiques. Il faut d’ailleurs un permis fédéral pour ces dernières. « Quand j’importe des plantes, il faut que je les plante et que je les acclimate. Quand je les reçois, les racines sont à nu. Les plantes ne peuvent pas être en terre. »

L’effet Instagram

  • Un exemple d’aménagement dans une chambre

    PHOTO DJUBOX IMAGE & CRÉATION

    Un exemple d’aménagement dans une chambre

  • Un espace de travail plus chaleureux

    PHOTO DJUBOX IMAGE & CRÉATION

    Un espace de travail plus chaleureux

  • Un assortiment qui embellit le salon

    PHOTO DJUBOX IMAGE & CRÉATION

    Un assortiment qui embellit le salon

  • Presque une jungle

    PHOTO DJUBOX IMAGE & CRÉATION

    Presque une jungle

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Instagram a nourri l’engouement pour les plantes d’intérieur, estime Sarah Nagué. « Il y a carrément des influenceurs de plantes. »

« Nos clientes arrivent prêtes. Elles veulent une plante précise », confirme Isabelle Côté, de la boutique Il était une fleur, à Trois-Rivières.

Parmi les plantes à la mode, notons le monstera (avec ses feuilles trouées), le philodendron Birkin, les oiseaux du paradis et les plantes ZZ (très faciles d’entretien).

Il était une fleur est généralement très populaire lors des salons Etsy, qui n’ont pas eu lieu l’an dernier. Reste que le téléphone ne dérougit pas. « Avec la pandémie, les gens ont le temps. Et une plante, cela fait du bien et c’est sain, dit Isabelle Côté. Les gens veulent se sentir bien. Il y a une sorte de retour à la terre. Moi, quand j’ai des plantes à rempoter, je me sens zen. »

L’autrice-compositrice-interprète Safia Nolin fait partie des gens qui se sont entourés de végétaux depuis le début de la pandémie. « Je suis tombée dans une spirale de photosynthèse pendant le confinement, nous a-t-elle écrit. J’ai passé des nuits entières à googler des sortes de plantes, à échanger sur des forums, à rejoindre des groupes Facebook et à acheter des plantes. Je les aime d’amour. Je n’étais vraiment pas bonne avec les plantes et maintenant, je pense que je peux dire que mes bébés sont splendides ! »

Un produit essentiel

PHOTO DJUBOX IMAGE & CREATION

Malgré le reconfinement, les plantes sont considérées comme un produit essentiel, si bien que de nombreuses boutiques sont ouvertes, souvent sur rendez-vous, toutefois. Or, les stocks sont faibles.

Chaque jour, des gens demandent où acheter des plantes sur le groupe Facebook La passion des plantes d’intérieur du Québec — qui a doublé le nombre de ses membres en moins d’un an pour en atteindre 26 000.

William Plamondon-Huard se réjouit de voir que beaucoup de gens ne considèrent plus les plantes comme un simple objet décoratif. « Les gens veulent voir leurs plantes grandir. Ils veulent faire des boutures. Surtout avec la pandémie. Ils ne se disent plus : ‟bien, au pire, je vais en acheter une autre ». »

L’entrepreneur croit que les entreprises comme la sienne devront revoir leur plan d’affaires. Quand les gens veulent acheter une plante de base comme un pothos, le prix le plus bas fait loi. « Des plantes, on en vend partout maintenant. » Des pothos, on peut en effet en acheter chez IKEA, chez RONA, même au dépanneur du coin et sur Marketplace, Etsy et eBay.

Plantzy met par ailleurs en place un système de pastilles, un peu comme la Société des alcools. Les gens pourront choisir leurs plantes en fonction de la lumière, de la toxicité pour les animaux ou de la facilité d’entretien. « L’industrie est en consolidation. Il faut aller dans l’expérience », avance William Plamondon-Huard.

> Consultez le site de Miss Boon

> Consultez le site de Plantzy

> Consultez la page Facebook La passion des plantes d’intérieur du Québec

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> Les plantes : des soins et du réseautage

> Des plantes plutôt que des spectacles