Le cas de la coccinelle asiatique est particulièrement intéressant. Il semble que les gens se soient adaptés à sa présence. En octobre dernier, par exemple, le ministère québécois de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation recevait une quinzaine d'appels téléphoniques au sujet de cette jolie bestiole. Or, il y a trois ou quatre ans, au cours de la même période, les fonctionnaires devaient parfois répondre à une centaine d'appels de personnes effrayées par

Le cas de la coccinelle asiatique est particulièrement intéressant. Il semble que les gens se soient adaptés à sa présence. En octobre dernier, par exemple, le ministère québécois de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation recevait une quinzaine d'appels téléphoniques au sujet de cette jolie bestiole. Or, il y a trois ou quatre ans, au cours de la même période, les fonctionnaires devaient parfois répondre à une centaine d'appels de personnes effrayées par

l'apparition massive de l'insecte sur les murs de leur maison. Pourtant, rien n'indique que la population de coccinelles ait diminué. Ces dernières seraient encore extrêmement nombreuses, d'autant plus qu'elles profitent de la présence massive du puceron du soya, une calamité entomologique qui affecte cette culture

depuis peu.

Originaire d'Asie (Chine, Japon, Corée), la coccinelle asiatique a été importée il y a plusieurs décennies dans le sud des États-Unis pour contrôler les pucerons dans les grandes cultures. Progressivement, la bête a migré vers le nord pour finalement traverser la frontière québécoise en 1994. La coccinelle asiatique ne peut résister à nos hivers. Il lui faut donc un abri pour pouvoir survivre durant cette longue période. Quoi de mieux que de cohabiter avec nous?

Si bien qu'à l'automne, habituellement en octobre, des centaines de milliers de coccinelles se donnent parfois rendez-vous sur le mur de nos maisons pour y entrer. Un spectacle peu apprécié, même si l'insecte ne présente aucun danger. La situation devient beaucoup plus désagréable quand la coccinelle réussit à s'introduire à l'intérieur.

Vous devez alors vous résoudre à vivre avec la bestiole tout l'hiver. Une ou deux, ça va toujours. Mais quand on les compte par centaines ou par milliers, le charme est rompu. Dans certains cas, le liquide émis par les coccinelles lorsqu'on les manipule provoque des allergies, en plus d'être malodorant. L'invasion se produit surtout en milieu rural, notamment parce que les maisons y

sont moins nombreuses.

Quant à l'impact biologique, le bilan semble positif, indique le chercheur Éric Lucas, de l'UQAM, expert de l'écologie des insectes prédateurs utilisés pour la lutte biologique. «Certaines espèces locales de coccinelles pourraient voir leurs populations affectées à cause de la compétition avec la nouvelle venue, mais pour l'instant, nous n'avons pas remarqué de perturbations en ce qui concerne l'équilibre proies prédateurs», dit-il.

Si l'introduction d'une nouvelle espèce dans l'environnement n'est pas souhaitable, selon le scientifique, la coccinelles asiatique est chez nous pour rester. Jusqu'à maintenant, il a été démontré qu'en plus de dévorer des pucerons, le nouvel arrivan bouffait aussi des oeufs et des larves de papillons et de coléoptères en plus de manger des acariens de toute sortes. D'un point de vue biologique le contrôle des insectes considéré comme nuisibles est donc semblable sinon meilleur, depuis l'arrivée de la coccinelle, même dans notre jardin souligne M. Lucas. Mal-aimée dans nos maisons, la coccinelle s'avérerait tout de même utile.