Il faut le répéter, les arbres n'ont jamais l'attention qu'ils méritent et rares sont ceux qui pensent à les fertiliser de temps à autre. Pourtant, on devrait leur servir une bonne bouffe au printemps et à l'automne, quand leurs feuilles commencent à tomber ou un peu plus tard, lorsqu'ils sont entièrement dénudés.

Il faut le répéter, les arbres n'ont jamais l'attention qu'ils méritent et rares sont ceux qui pensent à les fertiliser de temps à autre. Pourtant, on devrait leur servir une bonne bouffe au printemps et à l'automne, quand leurs feuilles commencent à tomber ou un peu plus tard, lorsqu'ils sont entièrement dénudés.

Conseillée par les agronomes et les arboriculteurs, la fertilisation à l'automne, ou fertilisation dormante, favorise la croissance du système racinaire des feuillus et des conifères, ce qui permet à l'arbre de mieux passer l'hiver en plus de favoriser la pousse du printemps. Les arbres ont deux périodes d'activité intense au cours de l'année, explique Claude Gélinas, agronome-conseil (www.phyto.qc.ca). Au printemps, quand le sol se réchauffe, les racines produisent de nouveaux poils absorbants, un processus qui s'étale sur quelques semaines, jusqu'à la fin de juin, et qui est simultané à la croissance des feuilles. L'automne, quand les feuilles disparaissent, tous ces petits filaments nourriciers sont remplacés à nouveau.

Présents sur toutes les jeunes racines des plantes, dotés d'une vie relativement courte, quelques jours à quelques semaines seulement, ces poils puisent dans le sol l'eau et les sels minéraux. Ils sont minuscules -moins d'un centimètre de longueur- mais innombrables. On parle d'une densité de l'ordre de 500 par centimètre carré. Chez les graminées, ce nombre atteint 2000. Dans son ouvrage La botanique redécouverte, Aline Raynal Roques indique qu'on peut en compter 14 milliards sur un seul plant de seigle. C'est dire leur importance.

On a donc constaté que, une fois délesté de ses feuilles, l'arbre se met à produire une profusion de poils absorbants et qu'une bonne ration de fertilisant azoté stimule considérablement cette croissance aussi longtemps que le sol ne gèle pas. C'est la même chose pour les conifères et les arbustes. Claude Gélinas explique qu'au cours d'une expérience menée en pépinière avec de jeunes épinettes, on a ainsi doublé la masse racinaire des arbres. «Non seulement le taux de survie de nos plants a-t-il été plus élevé, dit-il, mais ils ont été moins sujets aux maladies. Et au printemps, leurs nouvelles tiges étaient bien garnies et plus solides. Si la fertilisation a lieu au printemps seulement, la production des feuilles entre en compétition avec la formation des nouveaux poils absorbants en ce qui a trait à l'apport en sels minéraux, si bien que les nouvelles tiges sont moins fortes. Il va sans dire que la fertilisation dormante est aussi recommandée pour les conifères et les arbustes.»

Quand faut-il fertiliser? Dès que l'arbre commence à perdre ses feuilles et tant que le sol n'est pas gelé, soit jusqu'à la mi-décembre et parfois plus tard, dans la grande région métropolitaine. On peut utiliser un engrais granulaire à dégagement lent. Ce type de fertilisant est habituellement identifié par l'acronyme SCU ou SIBDU. Quelle formule faut-il utiliser? On conseille un engrais dont la composition compte trois parties d'azote, pour une partie de phosphore et une partie de potassium, mais plusieurs fertilisants à gazon conviennent, notamment les formules 21-7-7, 9-2-4, 21-5-10, 8-3-3 ou un engrais pour arbres et arbustes comme le 20-4-7.

Si je me fie à quelques visites en pépinière ou dans les grandes surfaces, ces engrais peuvent être difficiles à trouver ces temps-ci, mais un fertilisant dont les proportions sont semblables conviendra très bien. Pour ma part, je me suis servi d'un engrais granulaire à gazon 28-3-6 qui contient une bonne dose d'azote en plus d'une concentration suffisante des autres éléments de base. Attention! plusieurs engrais d'automne ont une composition plus forte en potassium qu'en azote ou en phosphore. Cette formule est dépassée, insiste Claude Gélinas, parce que l'apport en potassium à cette période de l'année est beaucoup moins important qu'on ne le croyait.

Des conifères assoiffés

Contrairement aux feuillus, la plupart des conifères conservent leurs aiguilles (qui sont en réalité des feuilles) à l'automne. Le métabolisme de la feuille se déclenche dès qu'elle est exposée à une certaine chaleur, ce qui peut théoriquement survenir même quand la température est sous zéro, la couleur verte des feuilles absorbant beaucoup la chaleur du soleil. Et même si ces aiguilles sont équipées pour limiter les pertes d'eau par transpiration, le processus est continu durant tout l'hiver. L'arbre n'a d'autre choix que de stocker de l'eau dans ses feuilles. S'il souffre de la soif au cours de l'automne, le stockage ne sera pas suffisant et les feuilles se déshydrateront progressivement, même s'il est protégé par des toiles.

Dans le pire des cas, l'arbre en mourra. Même si les dommages sont moins graves, son apparence peut être affectée et il faudra l'abattre, à moins d'attendre quelques années pour qu'il ne reprenne du poil de la bête.

Solution: arrosez, arrosez, jusqu'à ce que le sol soit détrempé. N'hésitez pas à répéter l'opération à quelques reprises au cours de l'automne, tant que le sol reste perméable.

Une bonne idée de récupération est d'utiliser l'eau des piscines lors de la vidange de fin de saison alors que le chlore est disparu depuis un bon moment. Dans mon cas, je fais appel à deux voisins qui déversent l'eau de leurs piscines dans ma longue haie.

Par ailleurs, il se vend aussi un produit qui limite la dessiccation des feuilles, Wilt Proof, que l'on pulvérise sur les conifères. Considéré comme très efficace, notamment sur les petits arbres exposés aux grands vents, ce composé liquide existe depuis une cinquantaine d'années. Il est parfois utilisé au printemps par les pépiniéristes qui doivent transporter des feuillus ou des conifères sur de longues distances, ou encore à la suite d'une transplantation et même pour prolonger la vie de l'arbre de Noël. Ce n'est pas donné, autour de 20 $ le demi-litre, ce qui donnera une solution d'un litre quand on y aura ajouté de l'eau, une quantité suffisante, du moins théoriquement, pour deux ou trois petits thuyas. Wilt Proof est offert dans les pépinières et probablement dans les grandes surfaces.

Efficace durant trois mois, on s'en sert vers la fin de novembre jusqu'à la mi-décembre. Ne jamais appliquer en plein soleil.