Que ce soit par souci environnemental et de santé, pour économiser ou par pur plaisir, les raisons ne manquent pas de vouloir s’affranchir des produits du commerce. Avec Remue-Ménage, les fondatrices des Mauvaises Herbes incitent à renouer avec des savoir-faire traditionnels pour gagner en autonomie.

En cette matinée de semaine, la sonnette d’entrée ne dérougit pas dans le repaire écolo de l’avenue Saint-Hubert. Pour les adeptes du fait maison, la boutique Les Mauvaises Herbes est une caverne d’Ali Baba. Argiles, beurres, huiles, herbes et ingrédients singuliers : on trouve ici le nécessaire pour fabriquer ses propres produits de soins pour le corps ou le logis.

En deux heures, on y verra un achalandage strictement féminin. La marque, révélée d’abord grâce à son blogue Les Trappeuses, souhaite d’ailleurs élargir son public avec ce nouvel ouvrage destiné à la confection de produits ménagers, trois ans après le succès de son premier livre, À fleur de pots, consacré aux cosmétiques maison.

« Le ménage, c’est l’affaire de tous », lance Marie Beaupré, l’une des trois mauvaises herbes à l’origine de ce projet qui a débuté de manière bénévole en 2014, avant que ses autrices – une biologiste et deux archéologues – choisissent d’en faire carrière pour répondre à la popularité croissante d’un mode de vie alternatif et aux demandes de la communauté qui s’est greffée à leur vision des choses. La marque compte maintenant une boutique en ligne en plus de son pignon sur rue.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Les anciennes Trappeuses (Audrey Woods, Marie Beaupré et Mariane Gaudreau), cofondatrices de la boutique Les Mauvaises Herbes.

Revenir à la base

« Notre approche est simple, non culpabilisante, et on a adopté un ton qui ne se prend pas au sérieux. Je crois que c’est ce qui plaît », juge Audrey Woods. C’est d’ailleurs avec cette formule éprouvée que les autrices ont abordé leur dernier ouvrage, sans chercher à javelliser le ton qui reste québécois dans ses expressions et ses références, malgré qu’il soit aussi destiné à l’étranger.

« Ce livre en est un de gros bon sens, décrit Marie Beaupré. On ne voulait pas d’une liste interminable d’ingrédients, mais on a souvent oublié cette simplicité sous le poids du marketing, dit-elle en précisant que la question est particulièrement délicate en temps de COVID-19. Si personne n’est malade à la maison et qu’on ne doit pas nettoyer une surface sur laquelle on a coupé de la viande, a-t-on vraiment besoin de désinfecter toutes les surfaces de la maison » ? L’eau et le savon permettent de faire l’essentiel du ménage de base, rappelle-t-elle.

Avec un savon, un aseptisant, un produit récurant, un acide pour le calcaire et un oxydant pour blanchir, tu peux te débrouiller avec pas mal tout dans la maison.

Marie Beaupré, cofondatrice des Mauvaises Herbes

« On aurait pu présenter nos indispensables et le livre se serait terminé là, ajoute-t-elle. Mais on a décidé de proposer un plus grand nombre de recettes en fonction des habitudes de ménage. Si t’aimes nettoyer tes meubles avec du Pledge, tu vas trouver de quoi te satisfaire. »

Les produits populaires du commerce trouvent en effet leurs équivalents écolos dans cet ouvrage généreux en recettes, parfois tellement qu’il est difficile de savoir à quel saint se vouer. Plusieurs compositions sont toutefois destinées à des tâches ponctuelles, comme le nettoyage du four ou des joints de carrelage, et se révéleront sûrement utiles au moment opportun.

« Pas qu’un livre de recettes »

Le lecteur pourrait être tenté de sauter les premiers chapitres pour aller directement aux recettes. Or, c’est dans cette section du livre qu’on apprend à maîtriser les principes chimiques qui expliquent l’action des ingrédients et les énergies nécessaires pour venir efficacement à bout de tous types de saletés. Ainsi, on comprend pourquoi, par exemple, le vinaigre additionné à l’eau savonnée finit par annuler le pouvoir détergeant du savon ou comment le bicarbonate de soude et le vinaigre interagissent pour produire une eau salée finalement peu efficace pour nettoyer la cuvette ou déboucher les tuyaux.

« Beaucoup de recettes circulent sur le web, mais plusieurs comportent des incohérences. Si ça fonctionne, c’est tout simplement que la personne frotte », observe Mme Woods. L’énergie mécanique est certes un facteur non négligeable pour déloger la saleté. Pour obtenir un maximum d’efficacité, ajoutez-y une énergie thermique — de la chaleur – et un ingrédient chimique.

« L’objectif est que les lecteurs comprennent l’utilité des ingrédients et qu’ils arrivent à les substituer les uns aux autres pour éventuellement faire leurs propres compositions en fonction de leurs besoins et de leurs goûts », résume Mariane Gaudreau. On développe ainsi une autonomie en fonction de ses besoins de nettoyage ou de son milieu de vie.

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Remue-Ménage, produits ménagers maison, par Marie Beaupré, Mariane Gaudreau et Audrey Woods, Les éditions de l’Homme, 2021.

Notre avis

La plupart des formules proposées dans Remue-Ménage ne contiennent pas plus de cinq ingrédients et sont aussi faciles à réaliser qu’une recette pour débutant. L’huile d’olive et le vinaigre blanc permettent à eux seuls de faire reluire l’inox. Le peroxyde détache les textiles blancs plus efficacement que les produits spécialisés du commerce, constate-t-on.

Le plus long sera probablement de se procurer tous les ingrédients nécessaires pour la confection de certaines formules. Une visite dans une boutique spécialisée en produits naturels sera nécessaire pour mettre la main sur du percarbonate de soude, du sodium cocoyl isethionate (SCI) ou sodium coco sulfate (SCS), pour nommer les plus complexes. Une fois équipé des ingrédients de base, on pourra cependant réaliser la majorité des recettes présentées dans le livre.

  • Plusieurs formules sont aussi faciles à réaliser qu’une recette pour débutant.

    PHOTO JACINTHE MORIN

    Plusieurs formules sont aussi faciles à réaliser qu’une recette pour débutant.

  • « Prendre soin de son logis, c’est aussi une façon de prendre soin de soi, » mentionne Marie Beaupré.

    PHOTO JACINTHE MORIN

    « Prendre soin de son logis, c’est aussi une façon de prendre soin de soi, » mentionne Marie Beaupré.

  • Aux recettes de produits ménagers s’ajoutent des mélanges contribuant au bien-être chez soi, comme des brumes apaisantes ou des chandelles parfumées.

    PHOTO JACINTHE MORIN

    Aux recettes de produits ménagers s’ajoutent des mélanges contribuant au bien-être chez soi, comme des brumes apaisantes ou des chandelles parfumées.

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Nous avons testé cinq d’entre elles, identifiées comme incontournables. Aucune n’a à envier les produits du commerce en matière d’efficacité. Le Nettoyant à vitres et à miroirs fait le travail aussi bien qu’un certain agent bleu. C’est le cas également du Nettoyant tout usage qu’on a bonifié d’huiles essentielles d’agrume et de menthe. La Poudre miracle aux trois soudes se révèle ultra-performante dans la cuvette et pour décoller les fonds de casseroles. Quant au Cake à vaisselle, il produit une mousse généreuse et rend agréable une tâche autrement rébarbative. Seule la Crème à récurer polyvalente, présentée comme solution de rechange à une populaire formule du commerce, mérite un bémol, ayant donné une pâte plutôt qu’une crème.

On se prend déjà à vouloir faire d’autres mélanges, malgré une volonté de simplifier sa routine. Il y a une réelle satisfaction à faire les choses soi-même et à gagner en autonomie, assurent Les Mauvaises Herbes, qui nous en convainquent sans grande peine.

6260, rue Saint-Hubert, Montréal

Consultez le site des Mauvaises Herbes

Recette de nettoyant à vitres et à miroirs

PHOTO JACINTHE MORIN, FOURNIE PAR LES ÉDITIONS DE L’HOMME

Pour nettoyer miroirs et vitres, un savant mélange d’alcool, de vinaigre et d’un ingrédient magique : la fécule d’arrow-root.

L’ajout d’alcool et de fécule d’arrow-root au vinaigre et à l’eau permet à ce nettoyant d’éliminer les traces de gras sur les miroirs, les écrans, la vitrocéramique et l’inox, et de les lustrer aussi efficacement que son équivalent du commerce, à une fraction du prix.

Donne environ 500 ml

Ingrédients

  • 190 ml (¾ de tasse) ou 150 g d’alcool isopropylique à 70 % pur
  • 125 ml (½ tasse) ou 122 g de vinaigre pur
  • 15 ml (1 c. à soupe) ou 9 g de fécule d’arrow-root
  • 190 ml (¾ de tasse) ou 190 g d’eau bouillie et tiédie
  • Une bouteille à vaporisateur stérile de 500 ml

Préparation

Verser tous les ingrédients dans la bouteille à vaporisateur. Fermer et secouer pour bien disperser la fécule.

Agiter vigoureusement avant chaque utilisation. Si la surface à nettoyer est très sale, passer une guenille imbibée d’eau chaude en premier pour retirer le plus gros de la saleté. Vaporiser le nettoyant, frotter et essuyer avec un chiffon propre.