Malgré ces difficultés, Mme Blouin semblait de bonne humeur à l’été 2022, lors d’un souper aux chandelles organisé par elle sur la terrasse de la villa La Dune.

Pendant que des traiteurs en livrée blanche servaient du loup de mer, Alex Levy, consultant en communication, discutait avec Mme Blouin de ses idées de livres. « Elle avait cinq idées, pas juste une », a déclaré M. Levy. Mme Blouin avait évoqué des titres possibles comme La France et l’art, Le monde n’est pas plat et L’intuition.

« Elle ne semblait jamais stressée », a déclaré son ami le peintre Bleckner, qui était parmi les convives ce soir-là.

Il y a des gens capables de vivre sans souci malgré des dettes écrasantes, parce que l’argent qu’ils continuent d’emprunter leur en fait gagner davantage. Mais en ce qui la concernait, ce n’était pas le cas.

Le peintre Ross Bleckner, ami de Louise Blouin

Un dimanche après-midi de janvier, quelques jours avant le dernier tour d’enchères chez Sotheby’s, les deux maisons de La Dune se profilaient sous un ciel d’un bleu éclatant, vues de la plage balayée par le vent.

L’intérieur de la villa faisait penser à un film de Nancy Meyers, avec ses meubles blancs et moelleux et ses vastes tapis en sisal. De vieux numéros du magazine Art+Auction – rebaptisé Blouin Art+Auction – reposaient sur une table basse couleur chocolat dans l’âtre du salon.

Haral Grant, agent immobilier, et Paulina Kimbel, vice-présidente de Sotheby’s Concierge Auctions, discutaient dans le hall d’entrée. Ils semblaient optimistes. À un moment donné, disait M. Grant, un acheteur potentiel avait fait miroiter une offre d’environ 90 millions. M. Grant estimait donc probable que les mises montent durant les enchères. Mais aucune autre offre n’est venue lors du dernier tour d’enchères chez Sotheby’s à Manhattan.

En fin d’après-midi, alors que l’enchère stagnait autour de 77 millions de dollars, le commissaire-priseur Frank Trunzo a annoncé une pause. Deux heures plus tard, la mise n’avait pas bougé. « On est à un chiffre où les prêteurs vont dire non », a opiné M. Grant. « Pour cette propriété, ça n’a pas de sens. »

Un peu après 21 h, M. Trunzo est revenu au podium et a adjugé La Dune à un acheteur anonyme pour 79 millions de dollars, plus des frais portant le total à environ 89 millions, sous réserve de l’approbation du tribunal de la faillite. Charles Andros, président et directeur des investissements de Bay Point Advisors, et son avocat, John Isbell, ont fait leur entrée dans la salle.

« C’est un prix équitable », a annoncé M. Andros.

Mais à ce prix, il reste un solde de plusieurs millions sur le prêt. Donc, Bay Point n’exclut pas la possibilité de poursuivre Mme Blouin. « C’est une option, a dit MIsbell. On verra. »

Lors d’entretiens téléphoniques avant et après l’audience sur la faillite, Mme Blouin a dit être victime d’un « prêt prédateur ». Elle a ajouté qu’elle envisageait d’intenter une action en justice contre Bay Point.

« Cette histoire doit être racontée, pas pour moi, mais pour d’autres, a-t-elle dit. C’est en train de devenir une sorte de sport, aux dépens de gens qui triment pour gagner de l’argent, au profit de gens qui travaillent moins fort et qui volent de l’argent. »

Selon elle, le FBI et « le procureur du district » se penchent sur son cas, une affirmation qui n’a pas pu être vérifiée. Quand on lui a demandé les noms des enquêteurs impliqués, elle a répondu : « Non, non. Pas encore. » Elle a ajouté qu’elle travaille sur un livre, dans lequel elle racontera sa vie et sa carrière et confondra ses critiques.

Le titre provisoire ? Obsédée.

L’hypothèque sur La Dune, la vente forcée aux enchères, l’audience au tribunal, rien de tout cela ne semblait l’abattre. « Je suis parmi les femmes qui ont le plus de succès au monde », a déclaré Mme Blouin.

Cet article a été publié dans le New York Times.

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