(Boston) Près de 200 manifestants propalestiniens ont été interpellés samedi sur trois campus américains lors de l’évacuation par la police de leurs campements, dernier épisode d’un mouvement étudiant qui s’élargit aux États-Unis.

Partie il y a dix jours de l’université Columbia à New York, cette nouvelle vague de soutien aux Palestiniens et contre la guerre que conduit Israël dans la bande de Gaza a gagné nombre d’établissements, de la Californie au nord-ouest des États-Unis, en passant par le centre et le sud.

Une centaine de manifestants propalestiniens ont été brièvement interpellés par des policiers antiémeute dans une université de Boston.

L’établissement, la Northeastern University, a annoncé sur X « l’interpellation d’environ 100 individus par la police », en précisant que « les étudiants qui ont présenté leurs cartes de Northeastern U ont été libérés […] Ceux qui ont refusé ont été arrêtés ».

Des « insultes antisémites violentes » comme « Tuez les Juifs » avaient été proférées sur le campus selon l’université, qui a annoncé un « retour à la normale » à la mi-journée.

Un campement « illégal » de quelques tentes y a été démantelé par des policiers de l’université et des forces de l’ordre locales en tenue antiémeute, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.

PHOTO JOHN TLUMACKI, ASSOCIATED PRESS

La police de l’Université Northeastern procède à des arrestations.

À l’autre bout du pays, les forces de l’ordre de l’université d’État d’Arizona (ASU) ont « arrêté 69 personnes samedi après l’installation d’un campement non autorisé », a indiqué l’établissement en accusant la « plupart de ne pas être étudiants ou membres du personnel de l’ASU ». Ces personnes seront « poursuivies pour intrusion illégale ».

Et dans le centre des États-Unis, 23 personnes ont été interpellées lorsque la police, munie d’équipements antiémeute, a évacué un campement installé à l’université de l’Indiana, a rapporté le journal Indiana Daily Student.

Village de tentes

La présidence de Columbia, épicentre new-yorkais de la mobilisation estudiantine, a de son côté renoncé à faire évacuer par la police un « village » de tentes de 200 personnes sur une pelouse de son campus.

Un dirigeant du mouvement y est toutefois interdit d’accès après avoir proféré des menaces antisionistes dans une vidéo datant de janvier. Le jeune homme a présenté par la suite ses « excuses », selon CNN, qui a décrit le campus comme « relativement calme » samedi.

La situation s’est en revanche tendue à l’université de Pennsylvanie (UPenn), dont la présidente avait démissionné cet hiver après des déclarations devant le Congrès à Washington jugées ambiguës sur la lutte contre l’antisémitisme. À la suite d’« informations crédibles de cas de harcèlement et d’intimidation », la présidence a ordonné le démantèlement immédiat d’un campement.  

En Californie, le campus de l’université polytechnique de Humboldt restera « fermé » pour le reste du semestre, et les cours auront lieu à distance, en raison de « l’occupation » de deux bâtiments, selon un communiqué.

Et au Canada voisin, un campement a été érigé pour la première fois à l’université McGill de Montréal où le mouvement dure depuis février. L’établissement s’inquiète d’« un risque d’escalade et de confrontation ».

Policiers antiémeute

Les images de policiers antiémeute interpellant des étudiants, à l’appel de dirigeants d’universités, ont fait le tour du monde.

Elles font écho au soulèvement de campus américains durant la guerre du Vietnam. Voire à un souvenir douloureux, celui de la Garde nationale de l’Ohio ouvrant le feu en mai 1970 à l’université d’État de Kent, tuant quatre étudiants qui manifestaient de manière pacifique.

Le mouvement de solidarité avec Gaza a pris une tournure politique à sept mois de l’élection présidentielle américaine, entre allégations d’antisionisme et d’antisémitisme et défense de la liberté d’expression, un droit constitutionnel aux États-Unis.

Le pays compte le plus grand nombre de juifs au monde derrière Israël (quelque six millions) et aussi des millions d’Américains arabo-musulmans.

Toute la semaine à travers les États-Unis, étudiants et activistes propalestiniens ont été interpellés et le plus souvent relâchés sans poursuites en justice.

PHOTO NICOLE CRAINE, THE NEW YORK TIMES

Manifestation propalestinienne à l’Université Emory, à Atlanta

Et dans ces rassemblements, des étudiants juifs de gauche et antisionistes soutiennent la cause palestinienne, keffieh sur les épaules, dénonçant même un « génocide » qui serait perpétré par Israël.  

Mais d’autres jeunes juifs américains expriment leur malaise et leur peur face à des slogans antisémites.

Skyler Sieradzky, 21 ans, de l’université George Washington de la capitale a affirmé cette semaine s’être fait cracher dessus en arrivant avec un drapeau israélien.

La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent du 7 octobre sur le sol israélien par des commandos du Hamas qui a entraîné la mort de 1170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.  

En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste, et sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a fait 34 388 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.