(Washington) L’élection présidentielle américaine est dans plus de 7 mois, mais le match retour entre Donald Trump et Joe Biden est déjà confirmé, sans qu’il ne suscite de grand enthousiasme – notamment en raison de l’âge des deux candidats.

Le duel entre ces deux hommes est parti pour être aussi long qu’acrimonieux – ponctué d’attaques sur la forme physique et les capacités cognitives des candidats.

Que Joe Biden, 81 ans ou Donald Trump, 77 ans, l’emporte le 5 novembre, l’un comme l’autre serait alors le président américain le plus âgé à prêter serment – une perspective qui ne réjouit pas les électeurs, selon les sondages.

Quel que soit le vainqueur, « l’issue sera assez chaotique », prédit Kadir Green, un électeur de 25 ans rencontré dans les rues de Washington.

Il évoque le sentiment d’être dans une « cocotte-minute » face à qui s’apparente selon lui à choisir entre « la peste ou le choléra ». En conséquence, il a décidé « pour le moment » de s’abstenir.

Biden et Trump « affaiblis »

La dernière fois qu’une campagne présidentielle américaine a été si longue remonte à l’an 2000, quand le duel entre George Bush fils et Al Gore fut confirmé 243 jours avant l’élection.

La campagne de 2024 devrait durer six jours de moins, mais met cette fois en scène un septuagénaire et un octogénaire, dont l’endurance sera scrutée de près.

Donald Trump n’a pas attendu que le remake de 2020 soit confirmé pour imiter son rival démocrate en train de bégayer, trébucher, ou se perdre sur scène – autant d’illustrations selon le républicain de l’incapacité de Joe Biden à gouverner.

« L’âge compte : M. Biden semble plus âgé en 2024 qu’en 2020, et il travaille dur pour combattre l’idée qu’il n’est plus dans la fleur de l’âge », estime Mike Cullinane, professeur d’histoire politique à la Dickinson State University.  

Mas si la forme du président démocrate est très commentée, celle de son tempétueux rival républicain, pas le dernier à confondre le nom de dirigeants, fait à son tour l’objet d’une attention accrue.

Chaque impair, chute, moment de confusion de l’un, est tout de suite monté en épingle par le camp de l’autre.

Et puis, il y a les ennuis judiciaires de Donald Trump.

La campagne de l’ancien président sera cette fois rythmée d’allées et venues entre les estrades de campagne et les tribunaux en raison de ses quatre inculpations pénales.

Son premier procès, dans l’affaire des paiements à une vedette de films X, débute le 25 mars, à New York.

« Cela va clairement être une élection différente […] ponctuée d’inconnues », analyse Joshua Darr, professeur de communication politique.

« Biden et Trump paraissent tous les deux affaiblis », assure-t-il.

Gros sous

Les élections présidentielles et législatives de 2024 sont aussi parties pour être les plus chères de l’histoire du pays – la barre des 10 milliards de dollars pourrait être dépassée.

Durant de longs mois, les Américains seront donc inondés de publicités électorales racontant tout et son contraire, dépeignant un pays à la fois inquiet par l’inflation et la montée de l’immigration clandestine, en colère contre la fragilisation du droit à l’avortement.  

Pour l’heure, Donald Trump est donné gagnant dans les États qui compteront le plus pour l’élection, ce que les Américains appellent les États clés (« swing states »).

Joe Biden s’acharne à dire que son rival est « déterminé à détruire » la démocratie américaine et qu’un second mandat de Donald Trump entraînerait le pays vers « le chaos, la division, et l’obscurantisme ».

Le républicain a déjà promis de libérer, s’il était réélu, certains de ses partisans qui avaient attaqué le siège du Congrès américain, le 6 janvier 2021 – une proposition qui n’a pour l’heure pas fait dégringoler ses intentions de vote.

Mais pour espérer être élu, Donald Trump devra selon toute vraisemblance séduire au-delà de sa base – la marée de casquettes rouges qui le suit de réunion en réunion – et convaincre les modérés qu’il n’est pas uniquement dans la course pour échapper à ses ennuis judiciaires.  

Le septuagénaire est accusé de paiements suspects à une ancienne actrice de films X, de pressions électorales lors de la présidentielle de 2020 ainsi que de gestion négligente de documents classifiés après son départ de la Maison-Blanche.

Il risque la prison dans toutes ces affaires.