(Washington) Plus besoin d’ordonnance pour acheter une pilule contraceptive : aux États-Unis, dans quelques semaines, l’un de ces contraceptifs sera vendu librement en pharmacie, dans certains commerces et sur l’internet, une première dans ce pays au moment où le droit à l’avortement, lui, ne cesse de reculer.

« Opill, la toute première pilule contraceptive quotidienne disponible sans ordonnance aux États-Unis, sera disponible en magasin et en ligne chez les détaillants du pays dans les semaines à venir », a annoncé lundi son fabricant, le laboratoire pharmaceutique américano-irlandais Perrigo Company, dans un communiqué.

L’autorisation de vente libre avait été donnée en juillet par l’Agence américaine des médicaments (FDA), qui espère ainsi faciliter son accès notamment pour les jeunes filles.

Près de la moitié des 6,1 millions de grossesses annuelles aux États-Unis ne sont pas désirées, selon les autorités sanitaires.  

« La disponibilité d’un contraceptif oral sans ordonnance constitue une étape véritablement révolutionnaire en matière de santé reproductive », a déclaré Melissa Kottke, obstétricienne-gynécologue à Atlanta, citée dans le communiqué.

En effet, le fait de devoir consulter un médecin afin d’obtenir une ordonnance « crée des obstacles inutiles pour beaucoup de personnes », a-t-elle ajouté.

Programme d’aide financière

La pilule Opill a commencé à être « expédiée aux principaux détaillants et pharmacies », a précisé Perrigo Company.

Déjà autorisée aux États-Unis sur ordonnance depuis plusieurs décennies, elle sera commercialisée en boîtes d’une ou trois plaquettes, pour un ou trois mois donc, aux coûts de 19,99 dollars et 49,99 dollars respectivement.

« Un programme d’aide financière sera également disponible dans les semaines à venir pour aider les personnes à faible revenu et ne disposant pas d’une assurance maladie à obtenir Opill à faible coût ou gratuitement », a souligné Sara Young, vice-présidente et responsable commerciale de Perrigo, citée dans le communiqué.

Cette pilule à progestatif seul (sans œstrogène) ne doit cependant pas être prise par des femmes ayant déjà eu un cancer du sein.  

Dans le monde, plus d’une centaine de pays autorisent la vente libre de pilules contraceptives, selon la coalition d’organisations Free the Pill, dont une grande partie en Asie, Afrique et Amérique latine.

C’est aussi le cas au Royaume-Uni, mais des prescriptions sont toujours nécessaires dans une grande partie de l’Europe, notamment en France, Allemagne, Espagne et Italie.

Avortement interdit ou restreint

De nombreux militants de défense des droits de l’homme réclament depuis longtemps un accès sans ordonnance à la pilule, afin de la rendre plus accessible aux personnes qui ont des difficultés à accéder aux soins de santé, notamment les minorités ethniques, les jeunes, les immigrants ou les personnes vivant dans les communautés rurales.

La pilule Opill arrive en vente libre dans les magasins américains au moment où le droit à l’avortement, lui, fait l’objet d’assauts renouvelés de la part des conservateurs aux États-Unis.

L’avortement est désormais interdit ou restreint dans 21 États du pays, après la décision de la Cour suprême, en juin 2022, de mettre fin à la garantie constitutionnelle du droit à l’avortement, en renversant l’arrêt Roe c. Wade.

Le sujet de l’avortement est devenu un enjeu crucial de l’élection présidentielle de novembre. Le président démocrate Joe Biden défend ce droit, et accuse son rival républicain Donald Trump, et ses partisans, de vouloir « à tout prix » restreindre encore l’accès aux avortements.

Le mois dernier, la très conservatrice Cour suprême de l’Alabama a créé la surprise, en assimilant les embryons congelés à des enfants. Les élus de cet État ont cependant immédiatement adopté un texte de loi pour protéger les fécondations in vitro (FIV).

Les républicains au Congrès avaient aussi bloqué une législation soutenue par les démocrates visant à protéger l’accès à la contraception.