(New York) L’ancien patron de la National Rifle Association (NRA) Wayne LaPierre, qui avait démissionné en janvier de ce très influent lobby des armes sur le système politique américain, a été jugé vendredi par la justice civile de New York coupable de mauvaise gestion et de corruption.

Ce verdict d’un jury d’un tribunal civil new-yorkais, révélé par la presse judiciaire américaine et confirmé par la procureure générale de l’État de New York, Letitia James, s’accompagne pour M. LaPierre d’une réparation financière de plus de 4,3 millions de dollars.

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La procureure générale de l’État de New York, Letitia James

Au total, « Wayne LaPierre et un cadre supérieur de la NRA doivent payer 6,35 millions de dollars pour avoir abusé du système et violé nos lois », a tonné sur X (ex Twitter) Mme James, plus haute magistrate de l’État de New York et également sorte de ministre locale de la Justice.

« C’est une victoire majeure », s’est félicitée la procureure qui vient de faire condamner le 16 février, par un tribunal civil à New York, l’ancien président Donald Trump à une amende d’au moins 355 millions de dollars avant intérêts pour fraudes financières au sein de son empire immobilier Trump Organization.

D’après la télévision ABC, le jury du procès de la NRA a déterminé que M. LaPierre – son ancien dirigeant historique – avait coûté par sa mauvaise gestion quelque 5,4 millions de dollars à son organisation.  

Mais qu’il en a déjà remboursé un million.

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Wayne LaPierre

« Puissant et influent »

« À New York, on ne peut pas s’en tirer avec la corruption et l’appât du gain même si on pense se sentir puissant et influent. Tout le monde, même la NRA et Wayne LaPierre doivent jouer selon les mêmes règles », a martelé Mme James, magistrate afro-américaine élue du Parti démocrate qui traque la corruption d’élus et d’entreprises dans son État de 20 millions d’habitants, dont près de neuf millions pour la mégapole de New York.  

Elle avait lancé une action au civil en août 2020 et enquêté pendant près d’un an et demi.

LaPierre était poursuivi pour des dépenses personnelles somptuaires réglées par la NRA, et autres abus de biens sociaux, notamment des voyages en avion et des séjours sur des yachts.

M. LaPierre et la NRA ont nié toutes les accusations.

Trois jours avant son procès début janvier, ce dirigeant de 74 ans avait annoncé sa démission de la tête de la NRA au 31 janvier, après trois décennies comme chef d’une organisation de cinq millions de membres, avec une très forte influence sur des élus du Congrès et sur la politique américaine.

L’association vieille de 150 ans, censée être sans but lucratif, est enregistrée à New York et s’était déclarée en faillite en 2021. Mais cette procédure avait échoué.

C’est sous la houlette de M. LaPierre que le lobby est devenu extrêmement actif auprès de responsables politiques qu’il finance ou note défavorablement, parvenant à bloquer au Congrès les propositions de loi considérées comme limitant le droit constitutionnel de posséder et de porter une arme à feu.

La NRA a par exemple versé des dizaines de millions de dollars pour la campagne victorieuse de Donald Trump en 2016.

Les États-Unis comptent davantage d’armes individuelles que d’habitants : un adulte sur trois possède au moins une arme et près d’un adulte sur deux vit dans un foyer où se trouve une arme.

La conséquence de cette prolifération est le taux très élevé de décès par arme à feu aux États-Unis, sans comparaison avec celui des autres pays développés.

Environ 49 000 personnes sont mortes par balle en 2021, contre 45 000 en 2020, qui était déjà une année record.  

Cela représente plus de 130 décès par jour, dont plus de la moitié sont des suicides.